Trois mois après s'être indigné de la couverture médiatique de ses comptes de campagne lors de la présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchon doit affronter le sujet sur le front judiciaire. Comme l'a révélé L'Express, mardi 29 mai, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur ces comptes pour " procéder à des vérifications sur une éventuelle violation " des règles et lois sur le financement des campagnes électorales, confirme une source judiciaire.
Cette enquête, confiée en avril à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, suit un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) daté du 16 mars. Dans une décision publiée au
Journal officiel du 13 février, cette autorité de contrôle avait pourtant validé le budget du chef de file de La France insoumise (LFI). Mais, s'il avait été approuvé, le compte de M. Mélenchon avait subi d'importantes
" réformations " – des rectifications – pour un montant de 434 939 euros de dépenses litigieuses, sur les 10,7 millions d'euros dépensés. Finalement, la campagne du candidat, arrivé en quatrième position, avait été remboursée à hauteur de 6,03 millions d'euros.
Comme
Le Monde l'avait souligné dès le 13 février, plusieurs points saillants avaient interpellé les rapporteurs de la CNCCFP, au point de provoquer la démission de l'un d'eux, Jean-Guy de Chalvron, fin 2017. M. de Chalvron, selon qui les dépenses litigieuses du candidat Mélenchon atteignaient 1,5 million d'euros, avait fustigé le
" laxisme " de la commission.
Parmi les dossiers auxquels la justice va s'intéresser figurent ceux de deux prestataires de campagne onéreux, dont l'association L'Ere du peuple, qui a facturé 440 027 euros de
" prestations intellectuelles " et
" matérielles " au candidat, sans s'acquitter de la TVA. Ainsi que Mediascop, chargée de la communication du leader de LFI, pour un coût de 1,161 million d'euros. Ces deux entités, gérées par des proches de M. Mélenchon, avaient été épinglées par la CNCCFP, qui estimait leurs marges trop importantes.
" Je garantis que je n'ai jamais agi autrement qu'honnêtement et scrupuleusement dans la conduite financière de ma campagne ", a assuré M. Mélenchon mardi, dénonçant une
" intention de nuire ".
Yann Bouchez et Anne Michel
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