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samedi 12 mai 2018

Les premiers pas feutrés d'Olivier Faure au PS.......


12 mai 2018

Les premiers pas feutrés d'Olivier Faure au PS

Peu connu, le premier secrétaire du PS, élu en avril, tente de remettre un parti moribond sur les rails

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La tâche est rude pour Olivier Faure. Encore méconnu du grand public, le nouveau premier secrétaire du Parti socialiste doit redresser une formation en ruines et tenter de faire entendre sa voix. Installé depuis un peu plus d'un mois dans ses nouvelles fonctions, le successeur de Jean-Christophe Cambadélis n'entend rien précipiter. " Nous ne sommes pas à l'aube de l'élection présidentielle. Nous avons le temps et nous allons le prendre. " Pourtant, au sein de l'aile gauche du parti, comme ailleurs, on s'impatiente. " Il faut produire, mener des campagnes… Nous avons besoin d'une feuille de route précise ", réclame la -sénatrice de Paris, Marie-Noëlle Lienemann, qui se désole d'une période sans " dynamisme ".
Depuis le congrès du PS, les 7 et 8  avril à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), M.  Faure s'est d'abord occupé de trouver un nouveau siège pour remplacer celui de la rue de Solférino, vendu par la direction collégiale en décembre  2017. Le député de Seine-et-Marne a également installé une nouvelle direction, rajeunie et renouvelée. L'inventaire du quinquennat, en revanche, n'a pas encore été mis à l'ordre du jour. Les chantiers thématiques n'ont pas été commencés non plus, excepté celui sur l'Europe, " priorité "du chef de parti, et qui sera lancé le 15  mai lors du prochain bureau national du PS.
" Il faudrait un commando "M.  Faure s'était par ailleurs engagé à faire participer les militants sur toutes les décisions du parti, grâce à une " plate-forme numérique ", pierre angulaire de son programme, mais celle-ci ne verra pas le jour avant septembre. " C'est long à mettre en place ", justifie l'entourage du patron du PS.
Au-delà des questions d'organisation, le premier secrétaire doit tenter de rendre audible dans le débat public ce parti qui a fait 6  % seulement à la dernière prési-dentielle. " Olivier Faure a plein de qualités, mais ce n'est pas quelqu'un de percutant, je l'ai dit pendant le congrès ", rappelle sèchement l'ancien ministre Stéphane Le Foll, qui comptait sur sa propre notoriété pour remporter la campagne interne. " Il faut que la forme rejoigne le fond ", avance le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner, qui soutenait Stéphane Le Foll pendant le congrès. " Nous n'avons pas encore vu de débats contradictoires avec une Marine Le Pen ou un Laurent Wauquiez. Il faut s'y préparer, car derrière tout cela, il y a des échéances ", prévient l'élu du Nord.
" Avant d'être connu, on est inconnu, c'est mon cas ", rétorque sans ciller Olivier Faure, qui assume un style différent. " Il y a pléthore de gens qui s'imposent par leur tonitruance et leur verticalité. Moi, je serai dans la proposition et dans l'opposition ", promet-il. Depuis une semaine, le premier secrétaire multiplie pourtant les interventions dans les médias pour tenter d'incarner " une opposition crédible ". Le 6  mai, sur France Inter, il estime qu'Emmanuel Macron doit répondre " directement " à Donald Trump après ses " propos indignes " sur l'attentat du Bataclan. Le message est audible, mais c'est… François Hollande qu'on entend. Ce week-end-là, l'ancien premier secrétaire dénonce les " propos insupportables " du président américain, et c'est lui qui est repris sur les chaînes d'information en continu.
Depuis la sortie de son livre, Les leçons du pouvoir (Stock, 288 p., 22  €), l'ancien président de la République abreuve les médias et fait de l'ombre à l'un de ses successeurs. " Le fait qu'on soit audible ou pas n'est pas seulement imputable à Olivier Faure. Il faut que d'autres socialistes prennent la parole ", -encourage l'ex-coordinateur du parti, Rachid Temal, aujourd'hui membre de la direction.
Mais pour le moment, le reste des troupes se fait discret. Depuis leur nomination comme porte-parole du PS le 15  avril, Boris Vallaud et Gabrielle Siry interviennent peu dans les médias. Et les " têtes d'affiche " sont quasiment invisibles, quand elles ne critiquent pas ouvertement l'action du premier secrétaire. " Boris Vallaud et Matthias Fekl - ancien ministre et secrétaire national du PS - se cachent ", regrette un membre du bureau national, pourtant soutien du nouveau patron du PS.
D'autres mettent en avant la responsabilité de l'entourage d'Olivier Faure, qui n'aurait pas su -protéger ce dernier, hué à la manifestation du 22 mars, alors qu'il s'agissait de sa première apparition publique post-élection. " Ce sont des branquignolles alors qu'il faudrait un commando ", regrette un membre du conseil national, pour qui " 90 % des jeunes ambitieux sont soit chez Macron, soit dans la nature "" Il y a une ambiance de travail que je n'ai pas vue depuis très longtemps, tempère une secrétaire nationale qui connaît bien le PS.  Nous sommes des survivants : ceux qui sont là veulent vraiment que cela change. "
" Chacun a une responsabilité "Tirant les leçons de la manifestation de mars, le 1er  mai, le PS s'est rendu dans le cortège parisien sans banderole et sans prévenir la presse, contrairement à toutes les autres formations de gauche. " On est mieux sans caméras ", assume M. Faure, qui entend reconquérir, dans l'ombre, le mouvement syndical en prenant des rendez-vous avec tous ses représentants.
" Le premier secrétaire a dit dans sa campagne qu'il ne parlerait ni des alliances ni de rien, mais à quel moment on en parle ? ", presse le député du Val-de-Marne Luc Carvounas, qui espère " plus de politique " dans les semaines à venir. " Quelles que soient les injonctions, on n'interviendra pas sur tout par principe. Il faut être modeste ", martèle le premier secrétaire, qui entend " travailler sur le fond, même si cela prend deux -années pour certains chantiers ".
Reste que la question de la ligne politique va se poser avec une acuité particulière dans la perspective des élections européennes en mai  2019. Le PS devra trouver un équilibre entre la vision du commissaire européen Pierre Moscovici et celle du député européen Emmanuel Maurel, qui -s'oppose au " libéralisme " de la Commission européenne.
En attendant et malgré les critiques, Olivier Faure qui se définit comme " le fils unique de François Hollande et Martine Aubry " applique sa méthode, lentement mais sûrement. " Je suis optimiste. Nous devons créer une alternative entre la droite incarnée par Emmanuel Macron, et Jean-Luc Mélenchon qui n'est une alternative crédible aux yeux de personne ", conclut l'ancien conseiller de Jean-Marc Ayrault, qui tente de hausser le ton contre ses anciens adversaires au congrès. " Certains se comportent encore comme si on avait fait 52 %, sauf qu'on a fait 6 %. Il faut que chacun comprenne qu'il a une responsabilité ", a-t-il récemment déclaré au média en ligne Explicite, comme s'il tentait de mêler l'héritage de ses deux parents en politiques : l'art de la synthèse et celui de l'autorité.
Astrid de Villaines
© Le Monde


12 mai 2018

Les socialistes pourraient installer leur siège dans un bastion communiste

Ivry-sur-Seine, où le PS investirait une manufacture, est dirigée par le PCF depuis 1925

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Ils ont choisi le seul département communiste de France. Le Parti socialiste, qui prépare activement le départ de la rue de Solférino, dans le 7e arrondissement de Paris, devrait s'implanter à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Dans cette ville dirigée par le Parti communiste depuis 1925, une ancienne manufacture a " la préférence " du premier secrétaire, Olivier Faure, pour les nouveaux locaux, parmi d'autres propositions parisiennes. Déjà échaudés à l'idée de quitter la capitale pour la banlieue, les cadres du parti rient désormais jaune à l'idée d'installer leurs bureaux nationauxdans le bastion historique de Maurice Thorez, au cœur du département fief de Georges Marchais, encore tenu par la députée de La France insoumise, Mathilde Panot.
" Une ville communiste, le gag ! ", se désespérait ainsi l'ancien ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, il y a quelques semaines. " Je n'ai rien contre l'union de la gauche, mais nous aurions pu aller à Sarcelles, au moins nous aurions été chez nous ", abonde le président du groupe socialiste du Sénat, Patrick Kanner. Le maire actuel d'Ivry-sur-Seine, Philippe Bouyssou (PCF), se félicite de " l'attractivité de - s - on territoire ", mais s'amuse aussi de la situation. " Je suis étonné que les socialistes n'aient pas trouvé une ville plus emblématique de la gestion locale du PS. Cela montre que ce que nous faisons n'est pas si mal ", ironise l'édile, alors que le PS local se trouve dans l'opposition.
" Je l'ai dit à Olivier Faure, c'est une très mauvaise idée d'aller dans une ville communiste où le PS siège dans l'opposition et refuse toute union de la gauche. Qu'on fasse un peu de politique quand même ! ", s'agace le député du département Luc Carvounas, ex- candidat au poste de premier secrétaire qui défendait des alliances " arc-en-ciel " avec l'ensemble des formations de gauche pendant la campagne.
Localement, le PS pourrait même s'allier avec La République en marche lors des prochaines élections municipales en 2020. Un mauvais signal alors que le nouveau premier secrétaire n'a de cesse d'inscrire son parti dans l'opposition. " Nous avons des contraintes de temps et de budget. Nous n'avons pas le luxe d'avoir des considérations politiques ", réplique la numéro deux du parti, Corinne Narassiguin. Voilà les prochains défis du PS : définir une ligne claire, et des alliances potentielles, lors des prochaines échéances électorales.
A. d. V.
© Le Monde

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