Translate

jeudi 3 mai 2018

L'accord sur le nucléaire iranien en grand péril .....


3 mai 2018

L'accord sur le nucléaire iranien en grand péril

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, a mis en scène lundi 30 avril " cent mille dossiers " qui prouvent, selon lui, que Téhéran a menti
Ces éléments, connus par les experts européens, n'ont en réalité pas apporté d'éléments nouveaux et visent à  influencer la position américaine
Donald Trump devrait décider avant le 12 mai si les Etats-Unis se retirent de l'accord sur le nucléaire iranien, qu'il a toujours jugé " désastreux "
 Israël est soupçonné d'être à l'origine des frappes en Syrie d'une puissance inédite qui auraient fait 26 victimes le 29 avril, en majorité des Iraniens
 Emmanuel Macron tente de sauver l'accord en l'élargissant, mais devra au préalable convaincre la Russie et l'Iran
Pages 2-3
© Le Monde




3 mai 2018

Nétanyahou veut torpiller l'accord nucléaire iranien

Dans une conférence de presse spectaculaire, le premier ministre israélien a accusé Téhéran de mentir afin d'influencer la décision à venir de Donald Trump

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
LE CONTEXTE
censure
La justice iranienne a ordonné aux fournisseurs d'accès à Internet et aux opérateurs -téléphoniques de bloquer la messagerie instantanée -Telegram, -utilisée par 40 millions -d'Iraniens, a rapporté mardi 1er mai la télévision d'Etat.
L'appareil -sécuritaire demandait cette -censure depuis les -manifestations du tournant de l'année, qui avaient touché des dizaines de villes et fait 25 morts. Depuis, le gouvernement tentait de l'empêcher, la jugeant inutile et nuisible pour l'économie. L'application fonctionnait encore lundi soir et devrait demeurer -accessible par des réseaux privés virtuels (VPN), illégaux et payants.
Aujourd'hui, nous allons vous montrer ce que le monde n'a encore jamais vu. " Benyamin Nétanyahou a le goût des formules d'estrade et de la mise en scène. Lundi 30  avril, tandis qu'il parlait en direct, des documents en farsi défilaient sur un écran. Dans son dos, d'abord dissimulés par une couverture noire, des dossiers et une armoire à CD. Le premier ministre israélien avait convoqué la presse pour une présentation : celle d'un succès imposant de ses services de renseignement au sujet du programme nucléaire iranien.
A treize jours de la décision des Etats-Unis quant à leur éventuel retrait de l'accord sur le nucléaire iranien de juillet  2015 – le JCPOA – entre Téhéran et les " 5 + 1 " (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne), Israël a choisi de révéler sa prise, résumée ainsi par M. Nétanyahou : " Cent mille dossiers qui prouvent qu'ils ont menti " sur leur volonté d'acquérir l'arme nucléaire.
Une opération de communication destinée d'abord au président américain, Donald Trump, qui ne cache pas son hostilité à cet " accord désastreux ". C'est aussi une réponse au chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, et à la chancelière allemande, Angela Merkel, qui ont successivement plaidé à la Maison Blanche pour le sauvetage du JCPOA, tout en reconnaissant ses lacunes et la nécessité d'y remédier.
Ces dossiers (55 000 pages et 183  CD), qu'Israël aurait obtenus " il y a quelques semaines ", étaient dans un entrepôt secret à Téhéran, selon le premier ministre,qui a dit qu'ils avaient été portés à la connaissance des Etats-Unis. L'Etat hébreu se dit prêt à transmettre l'ensemble à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et à d'autres pays. Des équipes seront prochainement envoyées en Allemagne et en France pour faire une présentation plus exhaustive.
L'essentiel de l'exposé a porté sur le projet AMAD, un plan secret de Téhéran pour obtenir l'arme atomique à la fin des années 1990, jusqu'à son abandon, en  2003. Son objectif était de concevoir et de produire cinq têtes nucléaires, chacune de 10 kilotonnes, qui devaient être ensuite placées sur des missiles de type Shahab 3.
Après avoir renoncé au projet AMAD, a expliqué M. Nétanyahou, l'Iran aurait poursuivi ses recherches sous différentes couvertures. Rien de cela ne constitue une véritable nouveauté. Le rapport publié en décembre  2015 par l'AIEA, le document le plus complet et à jour de l'agence de Vienne sur la question des menées nucléaires passées de l'Iran, évoquait déjà la quasi-totalité de ce qu'a annoncé le premier ministre israélien.
Aucune donnée crédibleLa principale faiblesse de la dramaturgie de Benyamin Nétanyahou réside dans l'absence de preuves claires d'une violation par l'Iran du JCPOA. " Même après l'accord, l'Iran a continué à préserver et à étendre son savoir-faire nucléaire pour utilisation future ", a affirmé le premier ministre israélien. Pourtant, dans un entretien au quotidien Haaretz, fin mars, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Gadi Eizenkot, jugeait que " l'accord, malgré tous ses défauts, fonctionne et reporte la réalisation de la vision nucléaire iranienne de dix à quinze ans ".
L'AIEA, à laquelle l'accord a conféré des moyens étendus pour évaluer les activités nucléaires de l'Iran, certifie quant à elle avec régularité que Téhéran se plie bien à ses obligations. Elle assure par ailleurs ne disposer d'aucune donnée crédible permettant d'attester la poursuite d'un programme nucléaire militaire après 2009. " Comme c'est pratique. Timing parfait : le garçon qui crie au loup fait des pseudo-révélations sur la base de renseignements à quelques jours de la date du 12  mai ", a réagi le ministre des affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, sur Twitter.
Donald Trump n'a pas pu assister à la prestation télévisée du premier ministre israélien. Il recevait au même moment, et pour la première fois à la Maison Blanche, un responsable africain, le président du Nigeria, Muhammadu Buhari. Au cours de leur conférence de presse commune, le président des Etats-Unis a cependant montré qu'il avait été informé en amont du contenu de l'intervention de M. Nétanyahou. " Dans sept ans, cet accord aura expiré et l'Iran pourra développer des armes nucléaires ; ce n'est pas acceptable, sept ans, c'est demain ", a-t-il insisté.
Le républicain avait promis pendant sa campagne présidentielle de " déchirer " cet accord qu'il juge " horrible ". Il a tiré un premier coup de semonce en octobre 2017 en refusant de certifier, comme une loi américaine l'y invite, qu'il est conforme aux " intérêts de sécurité nationale " des Etats-Unis. Début janvier, il a fixé au 12  mai la date limite pour obtenir des améliorations, qui semblent pour l'instant hors d'atteinte.
Ligne de fermetéTout en affichant leur inquiétude quant à des dossiers non nucléaires, comme le programme balistique iranien et l'influence jugée déstabilisatrice de Téhéran au Proche-Orient, notamment au Yémen, en Syrie et au Liban, les trois pays européens signataires (France, Allemagne et Royaume-Uni) campent sur une ligne de grande fermeté à propos du texte de 2015. Les accusations du premier ministre israélien les confortent. " Les recherches passées de l'Iran en matière d'armes nucléaires montrent ce pourquoi nous avons besoin de l'accord ", note le ministre britannique des affaires étrangères, Boris Johnson, alors que le Quai d'Orsay souligne que " ces informations présentées par Israël pourraient également confirmer la nécessité d'assurance de plus long terme sur le programme iranien ".
C'est le pari d'Emmanuel Macron qui, lors de sa conférence de presse, le 24  avril, à Washington, a évoqué un " nouvel accord nucléaire " dont l'idée centrale est de maintenir le JCPOA en l'état tout en le complétant par trois autres piliers : l'un sur la prolongation des clauses arrivant à échéance en  2025, un second pour encadrer le programme balistique iranien et un troisième sur les crises régionales. Le chef de l'Etat s'est entretenu, les 28 et 29  avril, avec la première ministre britannique, Theresa May, et la chancelière allemande, Angela Merkel, convenant de la " nécessité de répondre à ces éléments importants non couverts par l'accord ", tout en le préservant.
Arriver à convaincre les Russes" Personne ne serait surpris que Trump annonce son retrait, mais il faut tout essayer pour garder à bord les Etats-Unis, en tenant compte ainsi de ces préoccupations, aussi partagées par les Européens ", relève-t-on à l'Elysée. Toute la question, maintenant, est d'arriver à convaincre les Russes, alliés de Téhéran, et surtout les Iraniens, ouvertement hostiles à toute renégociation du texte de 2015.
En partant pour l'Australie, lundi 30  avril, Emmanuel Macron s'est entretenu au téléphone avec le président russe, Vladimir Poutine, afin de lui expliquer le sens de la proposition française. La veille, il avait parlé plus d'une heure avec le président iranien, Hassan Rohani. " L'accord nucléaire n'est en aucune manière négociable ", a affirmé M. Rohani selon le communiqué de Téhéran, mais d'après l'Elysée, il y a eu une véritable discussion et, outre leur entente pour travailler en commun afin de préserver l'accord de 2015, les deux présidents sont convenu aussi d'évoquer la situation au Yémen et en Syrie. Le canal reste donc ouvert, même s'il n'y a guère de résultat à attendre avant le 12  mai.
La constitution d'une équipe de " faucons " autour du président américain, après l'entrée en fonctions de John Bolton, son nouveau conseiller à la sécurité nationale, et la confirmation de Mike Pompeo au poste de secrétaire d'Etat, plaide en faveur d'une sortie américaine de l'accord. Mais l'un comme l'autre ont rappelé que le président Trump n'avait pas encore pris sa décision.
S'exprimant devant une commission du Sénat le 26  avril, le secrétaire à la défense, James Mattis, a insisté sur les vertus du compromis, même s'il s'est pourtant abstenu de répéter, comme il le faisait auparavant, que l'accord de juillet  2015 est " dans l'intérêt des Etats-Unis ". Il y a un peu plus d'un an, le même homme avait jugé que " quand l'Amérique donne sa parole, - elle doit - la respecter ".
Lundi 30 avril, M.  Trump a trouvé, au contraire, une vertu à un renoncement unilatéral des Etats-Unis : celle d'envoyer " un bon signal " à la Corée du Nord, à la veille d'un sommet avec Kim Jong-un, qui devrait être essentiellement consacré au programme nucléaire de Pyongyang. Une manière d'afficher son refus de tout accord bancal à ses yeux, comme celui passé par son prédécesseur avec l'Iran.
Gilles Paris, Piotr Smolar, et Marc Semo (à paris)
© Le Monde


3 mai 2018

AMAD, un programme militaire clandestin démantelé en 2003

Pour le chercheur Benjamin Hautecouverture, les accusations d'Israël relèvent d'une " opération de communication "

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
Spécialiste des questions de sécurité internationale, notamment de la prolifération des armes de destruction massive, dont le nucléaire, et maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, Benjamin Hautecouverture estime que le premier ministre israélien n'a apporté aucun nouvel élément sur une éventuelle duplicité iranienne.


M. Nétanyahou apporte-t-il des révélations sur un programme nucléaire iranien caché ?

Si l'on regarde en détail le rapport publié en décembre  2015 par l'Agence internationale pour l'énergie atomique - AIEA - , le "  Final Assessment on Past and Present Outstanding Issues Regarding Iran's Nuclear Programme  " - le document le plus complet et le plus à jour de l'agence de Vienne sur la question des menées nucléaires passées de l'Iran - , on se rend compte que cette organisation, chargée de vérifier l'application par Téhéran de l'accord du 14  juillet 2015 - JCPOA ; Joint Comprehensive Plan of Action - entre les "  5 + 1  " - les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, plus l'Allemagne - et l'Iran, évoquait déjà la quasi-totalité de ce qu'a annoncé le premier ministre israélien, lundi 30  avril.
Il s'agit donc, avant tout, d'une opération de communication politique sur la base d'informations connues, même si le premier ministre israélien monte en épingle quelques réelles zones d'ombre, afin de dire que l'Iran a menti en premier lieu à propos de ce programme militaire nucléaire, AMAD. Un projet structuré sous le contrôle du bureau "  Orchid  " - du nom de la rue Orchid, à Téhéran, où était située cette organisation -gestionnaire du projet jusqu'à la fin 2003 - , sous la responsabilité effective du Dr. Mohsen Fakhrizadeh, l'un des pères du programme nucléaire iranien au cours des années 1990 et 2000.


Qu'est-ce exactement que le programme AMAD  ?

AMAD est un acronyme qui, traduit en français, donne à peu près   "  organisation pour la planification et les fournitures spéciales  ". Les Iraniens n'ont pas reconnu l'existence de ce projet, démantelé fin 2003, mais ils ont fini par reconnaître du bout des lèvres l'existence d'une organisation relativement structurée, sans la nommer, dont la vocation était de conduire un programme nucléaire militaire clandestin afin d'obtenir l'arme nucléaire. En revanche, les Iraniens nient avoir continué leurs recherches nucléaires -militaires après cette date. L'AIEA, dans son document d'évaluation de décembre  2015, rapporte que ce programme et la structure qui l'encadrait ont été démantelés à cette date, mais admet que le programme pourrait avoir perduré de façon déstructurée.
Par la suite, la République islamique a créé le SPND, acronyme persan pour "  organisation pour la recherche et l'innovation de défense  ", dont la vocation nucléaire est niée par l'Iran. Or, il se trouve que l'on y retrouve, notamment, Mohsen Fakhrizadeh. Cela étant, l'AIEA affirme aussi qu'il n'y a pas "  d'indications crédibles  " selon lesquelles l'Iran aurait cherché à développer des engins explosifs nucléaires après 2009. Et l'agence n'a pas non plus "  d'indication crédible  " de diversion de matière nucléaire vers un programme militaire. Ce sont les deux conclusions du rapport de décembre  2015, qui contient -certaines zones d'ombre quand on s'y intéresse dans le détail.


Les accusations israéliennes sont donc infondées  ?

La démonstration de M. Nétanyahou se fonde d'abord sur un raisonnement par analogie, mais corrélation n'est pas raison. L'Iran, selon le premier ministre israélien, a menti en  2003 et a encore menti en  2015, même après l'entrée en vigueur du -JCPOA. Le pays aurait continué de développer ses connaissances et son savoir-faire en matière nucléaire, au moins ses connaissances duales – c'est-à-dire civiles, mais qui peuvent aussi un jour servir le militaire – pour une reprise future de son programme militaire. D'après -Israël, l'accord de juillet  2015 est donc fondé sur le mensonge.
propos recueillis par Marc Semo
© Le Monde

3 mai 2018

Israël décidé à contrer seul la présence iranienne en Syrie

Des sources américaines attribuent à l'aviation israélienne un raid contre des bases militaires accueillant des soldats iraniens le 29 avril

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
RABAT ROMPT SES RELATIONS AVEC TÉHÉRAN
Le Maroc a annoncé, mardi 1er mai, la rupture de ses relations -diplomatiques avec l'Iran, l'accusant d'avoir facilité une livraison d'armes au Front Polisario, mouvement indépendantiste au -Sahara occidental, par l'intermédiaire de son allié libanais du -Hezbollah. Le mouvement chiite, qui a rejeté les accusations de Rabat, a imputé la décision marocaine à des " pressions " étrangères. Le Maroc avait déjà rompu ses relations avec l'Iran début 2009, pour protester contre " l'activisme " religieux de Téhéran dans le royaume. Les relations avaient été rétablies en 2014. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 27 avril une résolution appelant les  parties en conflit au Sahara occidental – le Front Polisario et le Maroc – à des " négociations sans préconditions ".
Israël contre l'Iran : l'affrontement est lancé sur deux fronts. Le premier, déjà ancien, concerne les ambitions nucléaires de Téhéran, que Benyamin Nétanyahou a dénoncées de façon théâtrale lundi 30 avril au soir. Sur le deuxième front, en revanche, l'Etat hébreu demeure discret : il s'agit de contrecarrer l'implantation militaire iranienne en Syrie. La veille, le 29, des frappes importantes ont eu lieu dans les régions d'Alep et d'Hama. L'une des cibles a été la 47e Brigade, une base militaire dans la province d'Hama. L'explosion d'un entrepôt de missiles y a été mesurée à 2,6 sur l'échelle de Richter.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, au moins vingt-six personnes auraient été tuées, dont une majorité de conseillers militaires iraniens. Le nombre de victimes ainsi que la cible souterraine confèrent à cette opération une importance inédite. Les regards se tournent vers Israël, dont les attaques en Syrie se font de plus en plus audacieuses au fil des mois. Citant trois officiels anonymes, la chaîne américaine NBC a affirmé, mardi 1er  mai, qu'un avion F-15 israélien aurait visé la base d'Hama, après la livraison par l'Iran de missiles sol-air. Mais le gouvernement israélien s'est gardé de revendiquer toute responsabilité.
Selon Amos Yadlin, ancien chef du renseignement militaire israélien et directeur de l'Institut pour les études de sécurité nationale, il ne fait pas de doute que ces frappes réclamaient des capacités étatiques. L'ampleur de l'explosion, à Hama, serait due non pas à la nature des moyens utilisés, mais à la cibleécrit-il sur Twitter. " Trois possibles explications sur les cibles : une concentration de capacités de missiles balistiques iraniens avancés en Syrie, empêcher des représailles iraniennes contre Israël après la frappe T4, ou les deux combinés ", note Amos Yadlin. La base T4, près d'Homs, avait été visée par un raid israélien le 9  avril.
Partie diplomatique complexeDepuis l'attaque contre cette base, au cours de laquelle quatorze personnes avaient été tuées, dont plusieurs militaires iraniens, Israël s'attend à une réplique de Téhéran : soit de façon directe, en provenance de Syrie, soit par le biais de l'un de ses protégés, en particulier le Hezbollah libanais. La première hypothèse est plus délicate à envisager, en raison des réactions en chaîne qu'elle pourrait entraîner et des intérêts croisés en jeu. La Russie, notamment, ne veut pas que la consolidation du régime de Damas soit mise en danger par l'affrontement entre Israël et l'Iran. Quant à la deuxième hypothèse, celle du Hezbollah, elle pourrait être retardée par la perspective des élections législatives au Liban, le 6  mai.
L'opération du 29 avril intervient aussi à l'approche du 12 mai, date à laquelle Donald Trump pourrait annoncer le retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien. Une partie diplomatique complexe est engagée entre tous les acteurs, les Européens cherchant à éviter une telle sortie. De son côté, Washington appelle les pays du Golfe à surmonter la crise avec le Qatar et à se concentrer sur le défi commun que représente l'Iran.
C'est dans ce contexte tendu qu'intervient l'opération du 29  avril. Selon un article du journaliste Avi Issacharoff, expert militaire, dans le Times of Israel : " Tout cela commence à ressembler plutôt à une opération israélo-américaine coordonnée pour limiter les activités militaires iraniennes en Syrie, tout en transmettant le message à Moscou que le feu vert russe à l'Iran pour s'établir militairement en Syrie est inacceptable pour Jérusalem et Washington. "
En réalité, Israël éprouve des sentiments mêlés au sujet de la politique des Etats-Unis, selon qu'elle concerne le nucléaire iranien ou la situation sur le terrain, en Syrie. Le 29 avril, le nouveau secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, a été reçu par Benyamin Nétanyahou. Le responsable américain a mentionné la menace des missiles iraniens, le soutien de Téhéran au Hezbollah libanais, les milliers de combattants chiites en Syrie. Mais il a aussi confirmé que la première des priorités de l'administration Trump dans ce pays consistait à vaincre l'organisation Etat islamique.
Il n'a cependant pas évoqué la présence de bases militaires iraniennes en Syrie. Pour les responsables israéliens, Washington commet une erreur grave en prétendant se retirer de Syrie, comme le souhaite Donald Trump, et en sous-estimant le danger représenté par les aspirations militaires de Téhéran. Depuis plusieurs mois, l'état-major israélien est convaincu que l'armée n'a d'autre choix que d'agir seule pour prévenir toute menace plus grave et un enkystement de l'autre côté de la frontière. Israël a trois problèmes, a déclaré, dimanche, le ministre de la défense, Avigdor Lieberman : " L'Iran, l'Iran et l'Iran. "
P. Sm.
© Le Monde

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire