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jeudi 1 février 2018

Jonathann Daval, son avocat plaide déjà

Lu dans le DL du 1.02.2018

LE BILLET PAR GILLES DEBERNARDI

 Jonathann Daval, son avocat plaide déjà

Plus encore que de son crime, Jonathann Daval devra répondre d’une cruelle duplicité.
 Pendant trois mois, après la disparition de son épouse, il a trompé la France entière. 
Et d’abord ses beaux-parents, qui le soutenaient avec grande ferveur. 
Son chant de l’innocence sonnait si juste.
 Il fallait le voir, au cours des recherches, veuf éploré en première ligne du chagrin national.
 Il fallait l’entendre, ensuite, rendre hommage à sa chère Alexia et réclamer l’arrestation du coupable.
 C’est fait. Le gendre idéal avoue le meurtre en garde à vue. Aussitôt, devant les caméras et sans attendre les Assises, le défenseur commence sa plaidoirie : « Il s’agit d’un accident ».
 La victime aurait donc été étranglée par inadvertance ?
 Presque, le mari a juste cédé « à quatre secondes de violence ».
 Un peu plus, tout de même, s’agissant de transporter le cadavre dans les bois…
 N’empêche, Me Schwerdorffer trouve au jeune homme un tas d’excuses.
 Sa femme lui menait la vie dure, le rabaissant à loisir.
 D’un côté le gentil Jonathann, « un type formidable », de l’autre une méchante blonde qui « l’écrasait » au sein du couple.
 L’analyse psychologique, ici, atteint des sommets.
 L’as du barreau livre son scénario tout ficelé, France 3 n’a plus qu’à le reprendre pour ses téléfilms du samedi soir.
 On l’admire d’avoir instantanément compris une affaire aussi complexe. 
Tout comme Marlène Schiappa, d’ailleurs, qui pointe déjà « le sexisme » en arrière-plan de l’assassinat.
 Allant plus vite que la justice, l’avocat et la ministre se montrent bien cavaliers.
 Décortiquer les faits et suivre les méandres de l’âme humaine, nécessite un temps plus long.
 Voici pourquoi, en État de droit, on prévoit une instruction avant de prétendre proclamer la vérité.

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