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mercredi 1 novembre 2017

Les Crises.fr - La fin de l’Union européenne, de Coralie Delaume et David Cayla

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                                  Les Crises - Des images pour comprendre
1
Nov
2017

La fin de l’Union européenne, de Coralie Delaume et David Cayla

Je vous propose aujourd’hui le livre du mois : La fin de l’Union européenne, de Coralie Delaume et David Cayla.
Un livre passionnant, écrit par deux personnes que j’apprécie beaucoup : Coralie Delaume – qui publie régulièrement des pépites sur son blog L’arène nue, et David Cayla, un brillant économiste, atterré, qui publie des travaux souvent très intéressants – Lire ici son analyse sur le revenu universel – ou icisa très récente interview sur le dangereux CETA.
Source : Le blog Mediapart, Rochet Claude, 30-08-2017
L’Union européenne va-t-elle survivre, ou est-elle condamnée, comme l’URSS, à l’implosion par incohérence interne de ses politiques et de son fonctionnement ? Deux auteurs de la nouvelle génération, la talentueuse polémiste à la plume acérée Coralie Delaume et David Cayla, qui assure la relève d’une génération d’économistes, nous livrent un ouvrage aussi complet que pertinent.

Le livre de Coralie Delaume et de David Cayla mérite d’être lu. Non seulement parce qu’il annonce une bonne nouvelle – la fin de l’Union européenne – mais aussi et surtout parce qu’il est bien écrit, ce qui mérite d’être souligné pour un ouvrage traitant d’un sujet aussi ennuyeux et aussi soumis aux poncifs que sont les questions européennes.
On saluera le travail des deux auteurs qui sont magnifiquement parvenus à une unité de plume. Les approches de Coralie Delaume, dont on connait la plume acérée, et de l’économiste David Cayla sont parfaitement intégrées. Tout juste reconnaît on le talent pour les formules assassines de Coralie Delaume dans cette description de François Hollande « l’homme qui a élevé la vacuité consensuelle au rang de discipline olympique ».
L’ouvrage traite des questions politiques et économiques : il commence par la description de la palinodie des référendums européens où l’on doit revoter jusqu’à ce qu’on vote oui, et où les électeurs, selon l’injonction de Jean-Claude Juncker – l’homme qui parle avec les dirigeants d’autres planètes-, se doivent de voter oui indépendamment de la question posée. Il se termine par l’impossibilité de la démocratie européenne et les possibilités de construire une coopération entre pays d’Europe une fois que le Leviathan aura rendu l’âme.
Mais la force et l’intérêt de cet ouvrage est qu’il n’est pas un ouvrage d’économie ni encore moins de bavarde science politique. C’est un livre d’histoire. Une histoire contemporaine, celle que nous vivons qui est racontée comme un témoignage pour l’avenir. Le mérite de ce livre c’est qu’on le lira avec profit dans quelques décennies comme on lit les ouvrages sur l’implosion de l’URSS. Pas de théories alambiquées, mais le récit de l’enchainement des faits, de nombreuses études de cas sur la Grèce, la Finlande et l’Irlande, avec une part de lion naturellement réservée à l’Allemagne. Les manipulations statistiques et financières qui font du Luxembourg (qui n’a plus d’usines) une puissance industrielle alors qu’il n’est qu’une lessiveuse à blanchiment fiscal, ou qui font de l’Irlande une grande puissance exportatrice avec une croissance extraordinaire du PIB avec des marchandises qui ne circulent que sur le papier et un niveau de vie qui stagne désespérément, sont clairement exposées et démontées.
Un livre d’histoire qui nous renvoie à l’histoire de l’économie et du développement des pays d’Europe. Le chapitre sur la polarisation du développement créé par l’industrialisation en régime de libre-échange, qui fait référence à l’industrialisation de l’Angleterre au XVIII° siècle puis au rattrapage par l’Allemagne au XIX°, puis de la France, se réfère aux travaux de Paul Bairoch et bien sûr de Friedrich List et nous rappelle cette dynamique du développement : l’industrialisation appelle l’industrialisation. C’est ce qu’on appelle la synergies entre activités qui créent les rendements croissants – laissant les régions périphériques dans un moindre développement, voire un sous-développement quand les activités périphériques sont aspirées par le pôle central, entrainant la désertification des pays. Tout cela avait été théorisé et exposé par L. Von Thünen au début du XIX°.
On sait aujourd’hui le modéliser quand on étudie le développement urbain avec les lois de Tobler (« ce qui est plus proche se connecte plus avec ce qui est plus proche ») et de Zipf (« les grandes villes mangent les petites »). Ce qui permet aux auteurs de nous rappeler que la crise des pays périphériques de l’Europe, élégamment appelés PIGS par les eurocrates (Portugal, Italie, Grèce, Espagne) n’est pas liée à une quelconque tare anthropologique et raciale, mais à une poursuite de l’effet de polarisation qui trouve sa source dans le développement de l’Europe depuis le XVI° siècle, et que le libre-échange, comme l’avait clairement expliqué Friedrich List dans son irremplaçable « Système National d’Economie Politique » de 1841, combiné à la funeste et impérialiste Théorie de avantages comparatifs de Ricardo, ne fait qu’accroitre. On renverra à l’indispensable ouvrage de Erik Reinert « Comment les pays riches sont devenus riches et pourquoi les pays pauvres restent pauvres ».
Nos anciens, pour définir les politiques de développement qui ont fait la prospérité de l’Europe, ne se référaient pas à une « théorie économique » mais à l’histoire, ce que j’ai exposé dans mon Histoire de l’Etat stratège. La funeste science économique ne naît que dans la première moitié du XIX° siècle en Angleterre et surtout en France avec sa rencontre avec le positivisme, qui va vouloir en faire une science exacte devant s’imposer à la politique, celle-ci se résumant, comme l’avait écrit Auguste Comte « il faut considérer la marche de la civilisation comme assujettie à une loi invariable fondée sur la nature des choses[1] » : la politique se résumait à l’application de supposée lois de l’économie. Cahuc et Zylberbergne disent pas autre chose aujourd’hui en appelant à la répression en vers ceux qui refusent que l’économie soit une science exacte à laquelle le politique doit se plier.
Un livre bien écrit, qui se lit facilement, comme un livre d’histoire, bien référencé, qui gagnera à être relu au fil des évenements pour comprendre comment nous en sommes arrivés là.
[1] Auguste Comte, Opuscule de philosophie sociale, 1819-1826, p. 111
Source : Le blog Mediapart, Rochet Claude, 30-08-2017
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David Cayla et Coralie Delaume : « L’Europe de l’économie et du droit, ça ne marche pas »

Par KÉVIN BOUCAUD-VICTOIRE, Le comptoir, Le 27 janvier 2017
Blogueuse et essayiste, Coralie Delaume est taulière de L’Arène nue et auteur de « Europe, les États désunis » (Michalon, 2014). Maître de conférence à Angers, David Cayla est membre desÉconomistes atterrés, collectif hostile à la doctrine néolibérale et à la toute-puissance des marchés financiers. Ils viennent de publier « La fin de l’Union européenne » chez Michalon. Nous leur avons posé quelques questions sur ce très bon ouvrage, qui met en évidence les lacunes de la construction européenne.

Le Comptoir : Selon vous, la fin de l’Union européenne est proche. Sur quoi repose votre diagnostic ?

David Cayla & Coralie Delaume : Il faut d’emblée préciser que l’Union européenne n’est pas l’Europe. L’Europe est un continent, un ensemble de pays. L’Union européenne c’est d’abord un écheveau de règles qui encadrent l’action de ses États membres. Elle n’existe donc que si ces règles sont respectées. Or, on constate, d’une part, qu’elles sont de plus en plus nombreuses et contraignantes ; d’autre part, qu’elles sont inadaptées aux situations spécifiques des différents pays.
Ainsi, de nombreux pays – parce qu’ils y sont poussés par les circonstances et non par “populisme”, par quelques viles passions “anti-européennes” ou par volonté de “repli national” – transgressent ces règles ou les contournent. L’Irlande et le Luxembourg transgressent les règles de la concurrence non faussée en pratiquant de longue date un dumping fiscal agressif ; les pays d’Europe du Sud, victimes de la crise et d’une désindustrialisation accélérée, transgressent les règles du Pacte budgétaire ; l’Allemagne, qui doit faire face au défi du vieillissement de sa population, dégage une épargne incompatible avec les équilibres macroéconomiques de la zone euro et fait fi du ratio maximal d’excédent courant autorisé par Bruxelles. Enfin, les pays d’Europe centrale, qui ont dû faire face à l’afflux de centaines de milliers de migrants en 2015, ont également transgressé de nombreuses règles sur la libre circulation des personnes et l’accueil des réfugiés dans l’espace Schengen.
Du coup, si plus personne ne respecte les règles européennes, que reste-t-il de l’Union ? Tout cela ne se résume pas à une simple question institutionnelle qu’on pourrait régler via une nouvelle réforme du fonctionnement de l’UE, en ajoutant des procédures aux procédures et en empilant de nouvelles institutions sur celles qui existent déjà (en créant un Parlement de la zone euro par exemple, ou en augmentant le budget propre de l’Union).
Si nous nous autorisons à parler de “la fin de l’Union européenne”, c’est d’abord parce que nous constatons l’essoufflement d’un projet, l’épuisement d’une dynamique. Et nos analyses nous contraignent à établir un constat d’échec. Trente ans après la mise en place du Marché unique, quinze ans après l’instauration de l’euro, les performances économiques n’ont jamais été aussi faibles. Depuis les années 1980, l’écart de développement entre le continent européen et l’Amérique du Nord, qui n’avait cessé de se réduire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a recommencé à augmenter. Dans son dernier livre[1], le prix Nobel Joseph Stiglitz l’explique fort bien : l’Union européenne et la zone euro en particulier sont des échecs économiques. La promesse de prospérité n’a été tenue pour aucun pays, pas même l’Allemagne dont l’industrie est florissante mais où le nombre de pauvres explose, et où les infrastructures publiques sont en déshérence, faute de dépenses publiques pour les entretenir.
« Après près de quarante ans de libéralisme à outrance, le sentiment de perte de souveraineté économique est loin d’être illégitime ! »
Cet échec économique a bien entendu des conséquences sociales et politiques. Aujourd’hui, plus aucun pays ne coopère. On l’a vu au sommet post-Brexit de Bratislava, en septembre 2016. Les pays européens sont incapables de gérer ensemble les crises qui les concernent, et au lieu de répondre de manière coordonnée aux crises économiques et migratoires, chacun mène sa stratégie nationale sans s’occuper le moins du monde des conséquences que cela peut avoir pour les autres pays.
S’il n’y a plus le moindre esprit de solidarité en Europe, c’est que le projet européen d’unir le continent sous les auspices du marché, de la monnaie et de la jurisprudence de la Cour de Luxembourg, a échoué. L’Europe de l’économie et du droit, ça ne marche pas.

Alors que la question européenne a une importance capitale, elle est presque absente des débats présidentiels. À quoi est dû cet aveuglement de nos politiques ?

Au fait que toute la classe politique française s’est fourvoyée dans le processus européen. Or, à l’heure des bilans, les promesses qu’on nous a serinées pendant des années se révèlent fausses. Maastricht et la monnaie unique n’ont pas produit la prospérité annoncée et des traités organisant implicitement la compétition de tous contre tous n’ont pas permis – oh surprise ! – de rapprocher les peuples. Quant aux promesses de mettre en place “l’Europe sociale”, elles ne savent que faire rire désormais.
En réalité, beaucoup de candidats à l’élection présidentielle assument une part de ce qui s’avère d’ores et déjà un formidable échec collectif. Et ils ne peuvent évidemment pas le dire. Beaucoup d’entre eux ont très peur d’avoir à expliquer que si leur programme économique est si peu alléchant, c’est parce qu’on est ficelé dans un carcan qui ne laisse aucune marge de manœuvre dans ce domaine. Ce serait admettre qu’ils sont candidats à une élection pour partie vide d’enjeux, dans le but d’occuper une fonction qui, sous certains aspects au moins, n’est plus qu’honorifique. On comprend que cela soit compliqué.
« Il est faux de dire que l’euro a résolu les problèmes du Système monétaire européen. Il en a changé la nature. On est passé d’un système où la finance était insécurisée à un système où c’est l’économie réelle dans son ensemble qui est insécurisée. »

Selon vous, les politiques utilisent les thèmes identitaires comme « palliatif […] à l’effacement de la souveraineté ». Vous ajoutez qu’en dépossédant les États de leur souveraineté, l’UE « confisque tout ce qui détermine politiquement l’identité des pays », au point qu’il ne leur reste que « des souvenirs propres à nourrir la nostalgie » et des « mœurs » au « contour vague ». Le retour de la souveraineté permettra-t-il de sortir de l’emballement identitaire actuel ? Dans ce cas, comment expliquer qu’un pays comme les États-Unis, pourtant parfaitement souverain, connaisse les mêmes problèmes ?

Par ailleurs il ne faut pas oublier que les Américains ont mené les mêmes politiques économiques qu’en Europe : un mélange de libre-échangisme commercial, de dérégulation financière et d’absence d’intervention de l’État dans l’économie. Les conséquences de ces politiques ont été particulièrement dures pour l’économie américaine. L’Alena (Accord de libre-échange nord-américain) a accéléré la désindustrialisation du pays et les capitaux asiatiques se sont approprié une partie massive du patrimoine économique et culturel des États-Unis, y compris la dette publique américaine, largement rachetée par la Chine. En outre, le peuple américain n’est sans doute pas indifférent au fait que Sony, entreprise japonaise, ait racheté les plus grands studios du cinéma américain et dispose des droits sur la musique de Michael Jackson. Après près de quarante ans de libéralisme à outrance, le sentiment de perte de souveraineté économique est loin d’être illégitime !

Selon vous, la signature de l’Acte unique – « traité préféré » de Jacques Delors –, qui augmente drastiquement l’intégration européenne et prépare d’une certaine façon l’euro, le 17 février 1986, marque « l’abandon définitif de l’Europe aux injonctions du marché et la mise en route vers l’échec inéluctable ». L’Europe du Système monétaire européen (SME)[2] – responsable du “tournant de la rigueur” de 1983 de François Mitterrand – et du marché commun aurait-elle pu être viable à terme ? Le ver n’était-il pas déjà dans le fruit ?

Le “tournant de la rigueur” est un choix politique, le choix que fait Mitterrand d’arrimer le franc au Deutsche Mark. Ce choix est évidemment critiquable, mais c’était un choix. L’autre logique aurait été de dévaluer le franc et de poursuivre la politique de relance conformément aux engagements pris en 1981. Le problème est que, dans la situation actuelle, il n’y a plus de choix possible. L’euro, c’est l’impossibilité de dévaluer et donc de faire autre chose qu’une austérité perpétuelle et un arrimage éternel de l’économie française à celle de l’Allemagne.
Le SME, certes, était loin d’être parfait. Mais il ne figeait pas les politiques économiques pour l’éternité. Un pays pouvait sortir temporairement du SME et y revenir plus tard. Les désordres monétaires que les pays européens devaient subir et qui étaient la conséquence de cette flexibilité avaient des conséquences négatives pour la finance. Ils empêchaient les flux financiers de circuler facilement d’un pays à l’autre. Il y avait toujours le risque qu’une monnaie décroche et qu’un investisseur étranger y laisse des plumes. Aujourd’hui, les flux financiers sont parfaitement sécurisés dans la zone euro. Les investisseurs ne risquent plus de subir des pertes de change. Mais le prix à payer c’est l’austérité, la désindustrialisation des régions périphériques et le chômage. Y avons-nous vraiment gagné ?
Il est faux de dire que l’euro a résolu les problèmes du SME. Il en a changé la nature. On est passé d’un système où la finance était insécurisée à un système où c’est l’économie réelle dans son ensemble qui est insécurisée. Pour reprendre votre métaphore, il y avait certainement un ver dans le fruit du SME. Aujourd’hui, il n’y a plus de ver, mais il n’y a plus de fruit non plus.
« Mais avant de discuter des remèdes, il faut d’abord mener la bataille du diagnostic. »

Vous appelez à la fin de votre livre à une rupture avec l’Europe supranationale pour bâtir une “Europe alternative”. Quels contours prendrait cette “Europe des nations” ? S’agirait-il d’une nouvelle Union européenne ou de coopérations ponctuelles entre États ?

La marque de fabrique de l’Union européenne est la logique supranationale, c’est-à-dire la création d’une entité exogène qui surplombe les États membres et conditionne leur action. C’est un système extrêmement rigide, né pour une part du contenu des traités eux-mêmes, et pour une autre part du travail de “constitutionnalisation” de ces traités par la Cour de justice de l’Union européenne. Cette dernière s’attache de longue date à fabriquer du fédéralisme de manière jurisprudentielle, sans que les populations soient consultées à ce sujet. Lorsque les Français et les Néerlandais ont rejeté le projet de Constitution européenne en 2005, le travail de “fédéralisation furtive” de l’Europe était déjà très avancé, puisqu’il a débuté sous la houlette de la Cour au début des années 1960. Voilà pourquoi on a fait comme si ces deux “non” référendaires étaient purement consultatifs. En tenir compte, c’était s’employer à défaire ce qui avait été fait en coulisses depuis quarante ans. On a choisi de conserver – et même de consolider avec le traité de Lisbonne – ce monstre qu’est devenue l’Union européenne, situé à l’intersection de l’organisation internationale, de l’État fédéral et de l’empire.
Tout cela est férocement antidémocratique. C’est la raison pour laquelle nous nous prononçons contre l’idée d’une Europe supranationale. Ce qu’on pourrait faire en revanche, c’est une Europe pragmatique, une Europe de la coopération intergouvernementale et des projets concrets conduits conjointement par les États. Une telle Europe a d’ailleurs cohabité, un temps, avec l’Europe supranationale. Elle a permis Airbus par exemple, ainsi que la construction d’une Europe spatiale ou d’une Europe de la recherche. Cette Europe-là n’a pas attendu l’Union européenne pour apporter ses bienfaits. Elle s’est créée de manière autonome depuis le début des années 1950, souvent à l’initiative de quelques gouvernements.
Nous croyons que cette méthode est la bonne, même si elle séduit moins les rêveurs en panne de “grand dessein” et attachés à cette idéologie de substitution qu’est devenu l’européisme. Nous pensons qu’il faut substituer la souplesse et le pragmatisme à la foi, et nous nous efforçons d’expliquer pourquoi, selon nous, cela ne peut se produire dans le cadre actuel. L’Europe supranationale empêche l’Europe des projets coopératifs de ré-émerger. Ce n’est pas le moindre des paradoxes : en tuant à petit feu les pays qui la composent et sous prétexte de “dépasser les nations”, l’Union européenne détruit l’Europe.

La question monétaire est absente de votre conclusion. Défendez-vous un simple retour aux monnaies nationales ? Que pensez-vous de l’idée de monnaie commune[3] avancée par les économistes Jacques Sapir et Frédéric Lordon ?

Nous avons souhaité ne pas nous focaliser sur la question monétaire, en partie pour montrer que les problèmes européens dépassent largement la question de l’euro. Parmi les “eurocritiques”, certains pensent qu’il faut commencer par sortir de l’euro, d’autres qu’il faut commencer par démanteler les règles du Marché unique, d’autres encore qu’il faut quitter l’Union en activant l’article 50 [article du traité sur l’Union européenne qui donne la possibilité de retrait de l’UE, NDLR] sur le modèle britannique. D’autres, enfin, croient qu’il faut désobéir unilatéralement aux traités. Toutes ces propositions ont leur cohérence, et elles auront forcément des conséquences différentes sur l’architecture monétaire de la future Europe.
Mais avant de discuter des remèdes, il faut d’abord mener la bataille du diagnostic. Beaucoup de Français croient encore, souvent avec sincérité, que l’Union européenne est l’avenir de la France et le meilleur moyen de la rapprocher de ses voisins. Nous devons absolument les convaincre que c’est précisément l’inverse.

Nos Desserts :

Notes :
[1] J. Stiglitz, L’Euro : Comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe, Les liens qui libèrent (2016), Paris
[2] Le SME, successeur du Serpent monétaire européen, avait pour objectif de stabiliser les taux de change des monnaies européenne entre elles. Il est mis en place en 1979 et prend fin durant l’été 1993, notamment après les attaques du financier George Soros.
[3] Dans un système de monnaie commune, les États partagent leur monnaie, tout en conservant leurs monnaies nationales.
Par KÉVIN BOUCAUD-VICTOIRE, Le comptoir, Le 27 janvier 2017
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Coralie Delaume & David Cayla, L’Union européenne est déjà morte !

Source : Xerfi Canal, Youtube, 16-01-2017
Xerfi Canal TV a reçu Coralie Delaume & David Cayla, respectivement essayiste, auteur du blog « L’arène nue » et économiste à l’Université d’Angers, dans le cadre de la publication de leur livre “La fin de l’Union européenne”.
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]

14 réponses à La fin de l’Union européenne, de Coralie Delaume et David Cayla

Commentaires recommandés

JeanLe 01 novembre 2017 à 05h37
Ceux qui tirent d’immenses profits de l’Europe tel qu’elle est ne se laisseront pas déposséder de leur jouet sans combattre.

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