Editorial de Daniel Gluckstein
Bizarrerie de la langue française : l’adjectif « symbolique » désigne, au choix, une intention forte ou un acte sans conséquence. Laquelle de ces deux définitions s’applique à la résolution adoptée ce 27 novembre par l’Assemblée nationale (1) pour promouvoir les symboles de l’Union européenne (dont le drapeau étoilé d’origine religieuse) ?
L’Union européenne n’est pas qu’affaire de symboles. Il suffit, pour s’en convaincre, de parcourir ce numéro de La Tribune des travailleurs.
Un budget de guerre contre les travailleurs : 120 000 postes de fonctionnaire supprimés, un système de santé et de Sécurité sociale asphyxié, tout comme les finances des communes ? Application des « critères » de Maastricht !
Sélection à l’université, remise en cause du bac, démantèlement des garanties collectives de la classe ouvrière ? Course à la compétitivité et « allègement du coût du travail » exigés par les textes européens !
Fermetures d’usines, licenciements ? « Concurrence libre et non faussée » inscrite dans les traités !
Tentatives d’intégrer les syndicats ? Göteborg !
Sans oublier le rôle de l’Union européenne en première ligne contre la République catalane.
L’Union européenne, ce sont des traités et des institutions. La plus puissante est la Banque centrale européenne, qui veille sur la stabilité de l’euro (et des investissements capitalistes) et dicte les politiques à suivre.
Ce vote sur les symboles est un rappel à l’ordre : tous, majorité et opposition, ont un devoir de soumission au cadre de l’Union européenne réputé horizon désormais indépassable (2).
Pendant ce temps…. les grèves se multiplient dans tout le pays pour l’emploi, les salaires, les droits, les conditions de travail, autant de revendications qui, de fait, remettent en cause les politiques de l’Union européenne.
L’histoire nous apprend que quand la classe dominante appelle à serrer les rangs autour de ses symboles – la croix au Moyen Âge, le drapeau européen aujourd’hui – c’est qu’elle craint de voir ses institutions chanceler.
L’histoire nous apprend aussi que quand les opprimés et les exploités commencent à abattre les statues des rois et autres symboles de l’oppression, c’est qu’ils ont déjà entrepris de démanteler les institutions d’oppression elles-mêmes.
Demain, après-demain, le peuple travailleur balaiera ces symboles de la réaction. Mais pas seulement.
Un peu plus tôt, un peu plus tard, les institutions de l’Union européenne elles-mêmes seront balayées, et avec elles, celles de la Ve République. Un peu plus tôt, un peu plus tard, reprenant l’initiative, le peuple travailleur désignera son Assemblée constituante souveraine par laquelle il décidera, lui et lui seul, ce que doit être la démocratie, dans sa forme comme dans son contenu.
(1) Par une large majorité de députés macronistes, de droite et du Parti socialiste.
(2) Même ceux qui, à juste titre, ont voté contre cette résolution, comme le député LFI Corbière prônant une « harmonisation sociale et fiscale » dans le cadre de l’Union européenne.
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