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lundi 23 octobre 2017

MA FRANCE INSOUMISE - le dernier billet de blog de Jean-Luc Mélenchon :La semaine où je me sens visé....En ce temps là, Macron cajolait les riches.....

MA FRANCE INSOUMISE

Merci à Jean-Luc Mélenchon et à nos député(e)s pour le travail accompli et leur engagement permanent auprès de ceux et celles qui luttent au quotidien. (BV)


http://melenchon.fr
                           Jean-Luc Mélenchon
Dimanche 22 octobre 2017

La semaine où je me sens visé


La semaine où je me sens visé


La semaine qui vient de s’écouler aura été riche en symboles et changements d’époque. Nous avons eu la révélation du complot d’un groupe d’extrême droite contre des lieux de culte musulman et des responsables politiques comme Monsieur Castaner et moi. Et la réplique unanime de l’Assemblée nationale debout contre les violents. Puis le début de la discussion sur le premier projet de loi de finances du quinquennat. Sa signature de classe est si violente qu’il marquera pour longtemps les esprits. Ses mesures spectaculaires marquent lourdement le moment comme par exemple avec la suppression de l’impôt sur la fortune, la flat-tax sur les revenus financiers et la coupe de 4,5 milliards d’euros dans les dépenses de santé.
La même semaine aura été marquée par la journée consacrée à la misère dans notre pays dans un contraste suffocant. Mais il y aura eu aussi un rebondissement dans les aventures de la décomposition européenne avec le rejet de la position française sur les travailleurs détachés et l’impuissance affichée à propos de la situation en Catalogne. N’oublions pas bien sûr la décision personnelle du président de la République française d’écrire à Donald Tusk pour lui annoncer qu’il reconnaissait le drapeau marial européen, quoi qu’il n’ait aucun droit constitutionnel de le faire !
« La France insoumise » aura été sur tous les fronts, non seulement au plan local, comme beaucoup d’entre vous ont pu se rendre compte, mais également sur la scène nationale. Du coup je veux souligner notre rôle, une fois de plus, dans l’action internationale. C’est ici la tenue de la « conférence européenne du plan B » à Lisbonne. C’est la cinquième session de ce forum que nous avons créé il y a maintenant deux ans. Petit à petit, il est reconnu sur toute la scène de la gauche alternative européenne et de nombreux observateurs du monde entier s’y associent désormais pour suivre les travaux. Pendant ce temps, « la vieille gauche » croupit dans ses structures bureaucratiques accrochées au rêve de « faire changer l’Europe » en faisant des compromis avec la politique qu’imposent les traités européens. Le PSE des sociaux-démocrates, et le PGE où dominent les amis d’Alexis Tsípras, pataugent dans les méandres du « soutien critique » à l’Europe. Du côté du « plan B » la conclusion des travaux à Lisbonne par la dirigeante du Bloco de Esquerra est au diapason de la nôtre : « entre les traités et les peuples, nous choisissons les peuples ». Bien sûr je n’oublie pas le fond de scène qui aura été le nôtre toute la semaine : encore une fois nous aurons dû subir des flots d’injures et de comparaisons absurdes comme celle de Pascal Ory m’assimilant à Mussolini.
Mais je veux insister sur le fil conducteur qu’a été une nouvelle fois, pendant tout ce temps, la relation à la lutte sociale. Présents aux côtés de Philippe Christmann condamné à 17 000 € pour avoir jeté des confettis au siège patronal du bâtiment et rejugé en appel à l’initiative du parquet pour le faire condamner à de la prison ferme, nous connaissons le prix de la lutte. Les gouvernements de Valls et de Cazeneuve ont eu la main lourde sur les manifestants et pour criminaliser l’action syndicale ou écologiste. À présent, l’équipe Macron n’a plus qu’à mettre ses pieds dans les brodequins cloutés que ses prédécesseurs ont assouplis. Nous ne perdons donc jamais de vue la nécessité de toujours mener les actions dans le cadre le plus large et avec la plus grande cohésion possible pour éviter la marginalisation qui ne peut profiter qu’à nos adversaires.
C’est avec cet état d’esprit que j’ai conclu la marche du 23 septembre. Toute notre équipe était consciente du piège que pouvait constituer l’opposition permanente que mettaient en scène les médias entre la France insoumise et le mouvement syndical ! J’ai donc été chargé de proposer aux syndicats de prendre la tête de la lutte en assurant d’avance que nous serions derrière eux. J’avais proposé l’idée d’une grande marche sur les Champs-Élysées. Le bilan depuis cette date n’est pas bon. Les syndicats se sont réunis pour rien, une nouvelle journée d’action a été annoncée sans concertation pour le 19 octobre et son succès a été aussi mitigé que les conditions de la convocation… J’ai dit franchement ce que j’en pensais, par écrit sur ce blog, puis oralement sur le plateau de TF1. Il ne peut être question pour nous d’agir autrement qu’a découvert. C’est notre devoir de dire ouvertement ce que nous croyons bon pour tous. Depuis la première heure du combat nous sommes irréprochables sur les bancs de l’Assemblée nationale comme dans la rue. Nous n’avons guère été encouragés et ce fut même parfois le contraire. Dans ces conditions, ce serait nous rendre suspects et incompréhensibles que de faire comme si de rien n’était.
Nous étions prêts à jeter toutes nos forces dans une bataille d’ensemble. Non seulement on ne nous a rien demandé ni proposé mais nous avons été rabroués. Ce n’est pas le plus important, même si cela compte. L’essentiel est de voir où nous avons été conduits par ceux qui revendiquaient la conduite exclusive de l’action. Nous ne sommes pas satisfaits de ce qui se passe. Et nous sommes consternés de voir cent ans de compromis social, concentrés dans le code du travail, perdus en quelques semaines d’un combat mené de façon aussi inefficace. La réplique en anglais faite à ma remarque par Jean-Claude Mailly aggrave le diagnostic. Sans rien proposer, il se sera contenté de me critiquer. Les sempiternels renvois à la charte d’Amiens du syndicalisme français en 1905 ne peuvent servir d’argument pour justifier un tel acharnement à vouloir séparer le mouvement social et le mouvement politique de masse que nous sommes. Mais s’il doit servir d’argument alors ce sera avec le sourire.
Car la charte d’Amiens proclame en effet la séparation du syndicat d’avec les « sectes socialistes » que représentait la division en cinq partis du mouvement socialiste naissant. Le motif de cette séparation était qu’il fallait « préserver l’unité de la classe ouvrière » pour qu’elle puisse faire « la grève générale révolutionnaire » ! À moins que quelqu’un soit en train de préparer une grève générale révolutionnaire, ce dont je doute, on voit que la vocation de la charte d’Amiens est un pur prétexte pour une stratégie politique d’isolement du mouvement social permettant qu’il reste sous la houlette de gens qui refusent de s’unir même pour l’essentiel.
J’ai l’impression que Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT en vient à partager ce diagnostic. Il était ce vendredi au Passage d’Agen dans Lot-et-Garonne, au congrès de l’union départementale de la CGT du Lot-et-Garonne. Il y a publiquement regretté la division syndicale « qui pèse fortement sur la mobilisation » contre les ordonnances réformant le droit du travail tout en constatant : « Il y a encore des gens qui sont mobilisés contre la loi travail… ça ne s’est pas forcément vu dans la rue hier (jeudi) parce qu’il y a besoin aujourd’hui que l’ensemble des syndicats qui contestent les ordonnances s’unissent », et « cette division syndicale pèse fortement sur la mobilisation ». Quant à la réunion intersyndicale prévue pour le 24 octobre, le secrétaire général de la CGT espère qu’elle débouchera « sur une proposition de journée d’action qui conjugue public, privé, jeunes, moins jeunes et qu’on puisse aller vers une journée nationale interprofessionnelle unitaire ». Son point de vue est encore plus proche du notre quand il pointe du doigt la possibilité d’une convergence des colères et des luttes en déclarant : « On parle beaucoup des ordonnances mais il y a aussi la CSG pour les retraités, la sélection à l’entrée de l’université pour la jeunesse (…), la baisse de l’impôt sur la fortune qui va favoriser les plus riches. Il est temps de mettre un gros coup de semonce ». Le site France 3 local note après cela : « Interrogé sur les frictions internes à la CGT quant aux modes d’action à adopter, Philippe Martinez a répondu : « Qu’il y ait de l’impatience, c’est une très bonne chose. Moi, je veux des militants qui aient envie d’en découdre mais on ne peut pas avoir des actions où il y en a quelques-uns qui bougent et les autres qui les regardent au balcon ». Puis, sans que l’on comprenne pourquoi, il en vient à critiquer notre idée de grande marche nationale. « Le secrétaire général de la CGT confirme : « Une manifestation de 500.000 personnes c’est bien, mais ça fait du monde qui regarde. Il vaut mieux 60% d’arrêts de travail dans toutes les entreprises. Ça inquiète beaucoup plus le patronat et le gouvernement ». » Est-ce une fin de non-recevoir ? Nous allons le savoir bientôt sans doute.
Mais dans l’intervalle, il faut bien comprendre qu’au total il est impossible d’organiser une résistance de masse et collective dans de telles conditions. Impossible d’adosser une rébellion des jeunes sans aucun point d’appui dans le calendrier. Tout frémit, rien ne bout. La débandade n’est plus loin. Les fédérations syndicales des métiers les plus cruciaux pour l’économie négocient une par une le retour au principe de faveur contre l’accord de branche et celui d’entreprise. Routiers, dockers, pétroliers tirent leur épingle du jeu. Qui pourrait le leur reprocher quand rien de collectif n’est proposé ? Les métiers les plus exposés à la surexploitation et à la souffrance au travail n’auront qu’à se débrouiller entreprise par entreprise.
Pour autant, nous ne resterons pas l’arme au pied. Le tract contre le coup d’État social qui explique le contenu des ordonnances continue à être diffusé. Trois millions d’exemplaires, bientôt quatre auront été distribués. Je ne prétends pas que ce soit autre chose qu’un travail sérieux de conscientisation. Il est donc utile et portera ses fruits à un moment ou un autre. Mais notre responsabilité de principale force politique populaire liée au mouvement ouvrier nous oblige à réfléchir sérieusement à ce qui vient de se passer. C’est notre devoir de dire tout haut ce que nous en pensons ! Il y va du lien précieux pour nous de notre crédibilité aux yeux du grand nombre. Aucune complicité ou proximité ne doit nous conduire à partager la responsabilité d’une stratégie dont on nous a dit qu’elle serait meilleure si nous ne nous mêlions pas de sa conduite. Et il nous revient aussi de tracer des pistes pour qu’il en aille autrement dans l’avenir le plus proche.

europe france
Crédits photos : fdecomite (drapeau européen), Wox-globe-trotter (drapeau français)
Le plus pénible des jours en cours n’est pas tant d’exposer nos idées, ni de polémiquer avec ceux qui les contredisent. Le plus pénible est de devoir passer son temps à se défaire des assignations identitaires auxquelles nous condamnent ici et là les petits procureurs de la vie médiatique et leurs divers répétiteurs automatiques. Et le plus pénible dans ce domaine est le niveau d’ignorance et de grossièreté intellectuelle de ceux qui s’expriment contre nous. La polémique sur le rôle de la rue dans la lutte contre les nazis a débouché sur une révision générale de l’Histoire par des gens qui n’en connaissent ni le premier mot ni les enjeux. Dire que la rue a fait les nazis est un contresens historique total. Les nazis n’ont jamais gagné de majorité électorale en Allemagne. En France non plus, car les ligues fascistes ont été dissoutes en 1934 et il aura fallu la défaite de 1940 pour que soit imposée au peuple français la « révolution nationale ». Si le peuple français ne joue aucun rôle dans sa libération et que tout est dû à l’action des alliés anglo-saxons, on comprend la suite. L’armée rouge ne joue aucun rôle, la résistance populaire n’existe pas, le général de Gaulle a eu tort de s’opposer à l’installation de l’administration américaine qui était prévue, et la France n’avait pas sa place à la table des vainqueurs.
On connaît cette thèse. On sait qui la portait autrefois en France… Elle a dorénavant gagné assez de terrain pour qu’il n’y ait pas une seule protestation quand l’action populaire dans la libération du pays face aux nazis est ramenée par le journal « Charlie » à une caricature qui me représente avec un brassard FFI en train de tondre une femme. La résistance tondait les femmes en tant qu’activité principale ? Elle se faisait fusiller et torturer en tant que second job ? Elle ouvrait les combats libérateurs à Paris et Marseille pour se distraire ? Les plaques dans toutes les rues de Paris à la mémoire des combattant du 19 août 1944 sont le street-art de l’époque ? Le discours de de Gaulle à l’hôtel de ville de Paris a un rapport avec la cigarette que fumait le général ? Bref, dans la mesure où il s’agit de nous traîner dans la boue, tout est bon y compris le renoncement à un des fondamentaux du récit des vainqueurs français de 1945.
Après cela est venu l’épisode misérable contre Danièle Obono et Clémentine Autain à propos de laïcité. La charge contre « la France insoumise » est tout de même parue ridicule à certains des commentateurs qui suivent l’action politique de nombre d’entre nous depuis plus de 20 ans sur le sujet. Ils ont donc cru habile de chercher à opposer les uns aux autres. Et cela jusqu’au point de pouvoir titrer en « une » de Marianne que la question « déchire les insoumis » à la faveur d’un échange avec un inconnu sur Facebook (ça m’appendra à répondre sans connaître). On ne saurait aller plus loin dans l’invention de l’actualité. La vérité est terrible. Il n’y a pas eu une seconde de débat collectif ou singulier ni au groupe parlementaire la « France insoumise », ni dans « l’espace politique » du mouvement, ni dans aucune de nos instances avant, pendant ou après les épisodes montrés du doigt. Vous me lisez bien ? Pas une minute. Mais cela n’empêche pas tel ou tel média d’inventer de toutes pièces un « déchirement » entre nous. Il n’y en a pas. Il n’y en aura pas. Jamais. La ligne du mouvement « la France insoumise » concernant la laïcité dans tous ses aspects est contenue dans le livret programmatique sur le sujet.
Ce livret, comme les 39 autres, est signé à la dernière page par les deux coordinateurs de ces livrets : Laurent levard et… Danièle Obono. Cela ne peut donc pas être plus clair ! Tout ce qui précède ce texte, ou l’environne, est du domaine de la liberté individuelle de chacun d’entre nous. Tel est le mouvement. Ce qui compte c’est le programme. Quant à nos inquisiteurs, leur biographie ne plaide pas toujours pour la sincérité de leurs questionnements. Ce sont le plus souvent des obsédés de la haine des musulmans qui s’avancent sous divers déguisements et prétextes. Ils n’ont rien de laïques. Un drapeau européen confessionnel chrétien ne les gêne pas. C’est de la « politique infantile » selon le sénile Libération. Le concordat d’Alsace-Moselle, quand nous le dénonçons, nous fait montrer du doigt. Et ainsi de suite.
De notre côté, nous n’avons pas de laïcité à géométrie variable. Nous défendons les chrétiens d’Orient contre les persécutions musulmanes, les musulmans birmans contre les persécutions bouddhistes, nous luttons contre l’antisémitisme, nous n’avons jamais manqué un rendez-vous contre le racisme, et ainsi de suite. Nous nous efforçons de tenir les deux bouts de la chaîne qui, seule, peut unir notre peuple. Car nous faisons partie de ceux qui n’ont qu’une patrie : la République. Pas de religion en politique ! Pour cela nous ne voulons participer, de près ni de loin, à aucune stigmatisation des musulmans. Pas davantage que des juifs, des chrétiens, des protestants etc. Nous voulons incarner la bienveillance et la tolérance des 60 % de Français qui affirment n’avoir aucune religion mais acceptent que les autres en aient une à la condition qu’elle ne cherche pas à dominer ou imposer ses vues. Pour nous, la laïcité est une protection de la liberté de conscience. Pas un manuel d’inquisition.
À présent, voici que surgit une nouvelle tentative d’assignation identitaire. Je serai parcouru d’une « tentation souverainiste ». La tentation dans le vocabulaire religieux est le risque du péché. Le péché c’est le mal. Le mal est le contraire du bien. Donc le souverainisme c’est le mal. Mais le bien ? Où est-il ? Devinez ! On voit dans quelle alternative étroite est installée le débat en deux mots « tentation souverainiste ». Comme depuis 2005 il y a le camp du vrai, du bon, du juste, du beau, du noble, de l’intelligent. C’est le « oui, oui, oui ». L’Europe qui nous protège, l’Europe des pères fondateurs, du pragmatisme, de la modernité et blablabla. Toute critique est une marque instantanée d’appartenance au camp du mal, du « non », du « repli national », de l’égoïsme cocardier, du chauvinisme, de la xénophobie. Un mot désigne donc dorénavant ces nouvelles gémonies : le souverainisme. Qu’il s’agisse de souveraineté nationale, de souveraineté populaire, peu importe.
Macron peut parler de « souveraineté européenne » et utiliser 18 fois le mot dans un discours, sans le définir une seule fois, il ne peut pas être considéré comme « souverainiste » car il est dans le camp du bien. Nous pouvons utiliser plusieurs dizaines de fois le mot « indépendantisme français » ou bien « universalisme républicain » pour nommer notre position, peu importe. Nous sommes nécessairement des « souverainistes » donc détestables. Nous sommes dans le camp du mal qui ne veut ni de défense européenne, ni d’indépendance de la banque centrale, ni d’Europe allemande, comme l’exige sans discussion possible l’appartenance au camp du bien. À vos risques et périls messeigneurs et gentes dames les médiacrates. Mais vous y viendrez. Quand j’ai commencé à critiquer le statut de travailleur détaché, ce fut une pluie d’injures sur ma xénophobie, le « flou » et donc « le loup » que contenait ma position selon quelques bonnes âmes spécialisées dans l’indignation et le sursaut à chacune de nos paroles. Dorénavant tout le monde est d’accord avec moi : le problème existe ! Et le président Macron est obligé lui aussi de faire semblant, même si ce qu’il propose n’a strictement rien à voir avec ce que je dénonce puisqu’il ne veut pas toucher à la cotisation sociale dans le pays d’origine du travailleur détaché. De même pour la manière de régler le problème de la guerre en Syrie et ainsi de suite.
Nous voici en route vers les élections européennes. Les vieux disques rayés de la politique française jouent sans discontinuer les refrains perdants de 2005. Macron est moins bête qu’eux. Il a enfourché le cheval de la « souveraineté », lui aussi, dans ses trois discours sur le sujet. La souveraineté européenne. Les fainéants des plateaux de commentaires n’ont rien noté. Ils ont bêlé en cadence leur admiration européiste. Seul « Le Monde », dans son cahier spécialisé, a montré que la « souveraineté européenne » se substituait dorénavant à la « souveraineté nationale » dans le vocabulaire du chef de l’État. Ce débat n’est pas médiocre. Il est même décisif. Il n’a rien à voir avec le souci qui m’est prêté à cette occasion de « vouloir occuper la première place face à Macron » sur le sujet. Comme si c’était à faire ! Ou de reprendre l’espace de « l’euroscepticisme », notion gélatineuse grotesque pour salle de rédaction fatiguée.
Nous avons le droit au débat politique. Nous avons le droit de proposer des sujets, sans être rabougris instantanément aux pauvres cases préconçues qui fixent les limites de l’intelligence médiatique officielle actuelle. Si le débat des européennes doit se limiter à la caricature de 2005 ce serait un drame moral. Nous nous en tirerons bien de toute façon. Les euro-bêlants et les euro-rêveurs ne motivent plus grand monde. Je partage l’avis d’Emmanuel Macron qui veut faire de cette élection le moment d’un vrai choix. Un choix libre. C’est-à-dire le choix entre les options réellement présentes et non pas celles qui ont été fantasmées par les répondeurs automatiques médiatiques en poste à Bruxelles avec bureaux et activités cloisonnées depuis plus d’une décennie.
Bien sûr il nous faut encore tracer notre chemin. Ce tableau est-il mis en place par sottise et ignorance ou par volonté de manipulation ? Comme il est impossible de modifier quoi que ce soit d’un refrain médiatique quand il est lancé, comment pouvons-nous utiliser le plus efficacement possible cette situation ? Je parle évidemment ici la façon de faire campagne. Parce que pour le reste tout est déjà en place. La ligne stratégique est décrite dans le programme L’Avenir en commun. Le regroupement transnational qui correspond est le fameux « forum du plan B » qui vient de tenir sa cinquième session à Lisbonne. La variété des listes de la vieille gauche pour « refonder », « changer », « améliorer », « relancer » l’Europe et autres songe-creux est aussi une opportunité tactique pour nous. Surtout si tout ce petit monde a le bon goût de faire liste commune pour terminer le tableau de l’angélisme européiste de la vieille gauche.

ruissellement
Crédits photo : Jebulon
Le débat parlementaire sur la loi de finances est l’événement central de la vie de l’Assemblée nationale. Bien sûr, il faut dorénavant y ajouter le débat sur le projet de loi de finances de la sécurité sociale puisque son montant est plus élevé que celui du budget de l’État. Pour un groupe parlementaire comme le nôtre, ce moment est une épreuve de vérité. En effet c’est la toute première fois que nous effectuons un tel travail consistant à examiner mission par mission, ligne budgétaire par ligne budgétaire l’ensemble des recettes et des dépenses de l’État. La nouveauté pour nous n’est pas dans l’exercice de critique de la construction générale du budget. Nous le faisons chaque année et, depuis la création du Parti de Gauche, nous avons déjà présenté trois « contre budget ». Nous avons également procédé à un chiffrage général de nos mesures dans le cours de la campagne des élections présidentielles, après la publication du programme L’Avenir en commun. Nous avions d’ailleurs fait une émission de télévisionsur le thème. Elle avait dû durer cinq heures pour pouvoir faire alterner sur le plateau tous les spécialistes et autorités intellectuelles qui travaillaient le sujet pendant notre campagne.
Quoi qu’il en soit, rien de tout cela n’est aussi exigeant qu’un débat parlementaire comme celui auquel nous avons participé. Dans tous les autres groupes il y a des anciens ministres des Finances, des anciens rapporteurs de la commission des finances et ainsi de suite. Chacun d’entre eux bénéficie donc d’un accès à une expérience et à la continuité de ses propres prises de position. Rien de tout cela n’existe à « la France insoumise ». Nous siégeons pour la première fois à la commission des finances de l’Assemblée nationale. L’équipe de nos assistants parlementaires aussi fait ce travail pour la première fois. Et cette activité s’inscrit dans un contexte nouveau pour le groupe. En effet, en juillet, il n’y avait que deux projets de loi sur la table, elle concentrait toute l’attention, et les commissions ne faisaient que se mettre en place. Depuis, toutes les commissions sont installées. Elles comptent toutes deux commissaires de « la France insoumise ». Ceux-là sont donc déjà absorbés par leur propre responsabilité sur les thèmes concernés (culture, défense, environnement etc.) et par les innombrables représentations dans des organismes les plus divers qu’il leur faut assumer. Dans ces conditions, la conduite de la bataille du projet de loi de finances a surchargé des emplois du temps déjà largement remplis.
Pour autant, nous avons maintenu notre système de la présence en alternance en séance. Tous, à tour de rôle, de nuit et de jour, en semaine et le samedi nous somme présent sur notre banc par équipe entre 4 et 10 personnes. Ce roulement, hélas, ne suffit pas à nous faire éviter les absences simultanées quand nous sommes convoqués aux mêmes heures à plusieurs réunions en même temps ! Quant à notre groupe d’assistants ils n’ont pas, hélas pour eux, l’avantage de pouvoir organiser un roulement. Il n’y a donc pas d’autre possibilité que leur dévouement absolu. Ils le donnent, dans l’anonymat, de toutes leurs forces. Je donne toutes ces précisions pour que ceux qui me lisent puissent bien réaliser les conditions concrètes de notre combat politique. C’est bien pourquoi les campagnes de calomnies médiatiques et de chasse à l’homme ou à la femme trouve une certaine efficacité puisqu’ils usent psychologiquement et meurtrissent les individus au moment même où ils doivent fournir tout leur effort. Dans les faits les agressions, insultes, menaces s’additionnent à tout le reste comme un tout au service exclusif de nos adversaires. Et ceux qui s’y livrent le savent parfaitement.
Dans notre bataille contre la première loi de finance du quinquennat, nous avons avancé sur deux lignes d’argumentation concomitantes. D’un côté, marteler et démontrer sans relâche le contenu antisocial du premier budget du « président des riches ». De l’autre expliquer et déconstruire la logique économique et politique qui est à l’œuvre dans ce budget. Je crois qu’à cette heure beaucoup de gens ont désormais compris que les cadeaux fiscaux aux plus riches de notre pays seront, au sens propre, payés par tous les autres. Les milliards d’impôts qui ne seront pas encaissés par l’État devront être compensés par des coupes claires dans les divers budgets. La comparaison des montants permet de réaliser l’ampleur des sommes concernées. Avec les sommes que garderont les riches avec le nouvel impôt sur la fortune et le nouveau modèle de taxation des revenus financiers, on aurait pu créer 60 000 postes d’enseignants, 75 000 logements HLM, 150 000 places de crèches… et ainsi de suite. Comme vous l’avez peut-être compris l’impôt sur la fortune est aboli. Un nouvel impôt est créé : il ne s’applique qu’aux seules propriétés d’immeuble, maison, appartement. Aucun patrimoine financier n’est plus imposé. Bien sûr, cela est d’abord totalement injuste socialement. Les patrimoines financiers sont la première cause de la production et la reproduction des inégalités sociales qui rongent les sociétés. Mais le fait d’exempter le patrimoine financier est d’abord un acte idéologique.
J’ai déjà évoqué ici et dans mes diverses interventions cette théorie du « ruissellement ». Elle suppose que plus les revenus des riches sont très importants plus il tombe de grosses miettes sur tous les étages inférieurs de la pyramide sociale. Ici, il est supposé que les milliards que ne paieront pas les riches en impôts, ils les placeront dans l’économie réelle, c’est-à-dire dans les entreprises. C’est une croyance sans aucun fondement. Et même pire : la réalité actuelle démontre le contraire. Il y a peu, les bénéfices produits par une entreprise n’étaient versés que pour 33 % en dividendes aux actionnaires. Nous en sommes rendus aujourd’hui à plus de 57 % ! Autrement dit, les capitalistes ne choisissent pas d’abord l’investissement dans leurs propres entreprises quand ils en ont les moyens. Ils préfèrent se servir de la rente en quantité toujours plus grande.
Un second aspect souligne le caractère irréel de la thèse d’après laquelle l’argent ainsi économisé irait dans l’économie réelle. J’ai demandé à plusieurs reprises au ministre de l’économie, monsieur Le Maire, de nous dire pour quelle raison il croit que ce serait le choix que feront les « épargnants ». Il m’a répondu qu’il le ferait par « bon sens ». Le bon sens de « l’épargnant » qui place lui-même son argent en bourse en faisant le choix de ses placements financier n’existe pas. Ou bien il est totalement résiduel dans l’ensemble du fonctionnement de la circulation des capitaux.
Que l’on soit un particulier ou un collectif, l’argent est placé sur la base des conseils d’un banquier qui cherche lui-même à y trouver son compte. L’essentiel de l’accumulation capitaliste se fait dans la sphère financière, telle est la vérité facile à vérifier. Et elle se réalise à des taux qu’il est impossible de trouver dans l’économie réelle. En toute hypothèse la création de nouvelles actions au profit des entreprises n’atteint pas aujourd’hui un volume capable d’absorber l’arrivée de nouveaux capitaux. De tout cela nous avons des preuves concrètes. Le fait que le capital aille prioritairement dans la sphère financière est avéré par la comparaison entre le niveau de capitalisation boursière et le niveau de la production réelle, ou bien par la comparaison du niveau des échanges réels avec celui des échanges financiers. Dans les deux cas, les échanges réels et l’évolution de la production réelle sont totalement marginaux par rapport à la masse d’accumulation boursière et de circulation des capitaux.
Les écarts sont si vertigineux qu’on a du mal à y croire. Le montant des échanges financiers sans aucun rapport avec la réalité de la production est 4000 fois supérieures à celui des échanges réels. Ultime signal : il y a 40 ans la durée moyenne de possession d’une action était de six ans ! Dorénavant, avec le « trading à haute fréquence », une action est détenue en moyenne 20 secondes. Au total, la vision d’après laquelle l’argent qui ne serait pas collecté en impôts sur les riches serait alloué avec « bon sens » vers la production est une vue de l’esprit qu’il est impossible de vérifier dans la vie réelle. Les nouveaux cadeaux aux riches, venant après les dons monstrueux du CICE finiront comme tous les autres, non en investissements et en emplois, mais en placement financier et en spéculation. Non seulement ils ne créeront pas en seul emploi mais ils en détruiront des centaines de milliers.
Pour nous, au groupe parlementaire « la France insoumise », la discussion du projet de loi de finances n’a jamais perdu ce double objectif : dénoncer les conséquences antisociales des choix faits en faveur des plus riches et démontrer l’inanité d’un modèle économique qui aboutit au résultat inverse de celui qu’il annonce.
Un autre aspect essentiel pour nous dans ce débat, c’est de multiplier les propositions alternatives. D’ailleurs nous présenterons un « contre-budget » le 2 novembre prochain. Mais au fil des débats, nous avons beaucoup amendé point par point. Nous avons voulu montrer inlassablement qu’on pouvait agir, concrètement, tout à fait autrement. Par exemple nous sommes revenus à la charge avec notre proposition d’établir un nouveau barème de l’impôt sur le revenu qui comporterait quatorze tranches au lieu de cinq comme actuellement. Cette simple proposition technique permettrait de répartir l’effort de manière plus équitable sur l’ensemble des contribuables et d’éviter la surcharge de tous les efforts sur la classe moyenne centrale. De la même manière, nous somme revenus à la charge avec la création de l’impôt universel. Il s’agit d’obliger chaque Français où qu’ils soit dans le monde à payer ce qu’il devrait à la France s’il s’y trouvait. Autrement dit, chacun paye dans le pays où il se trouve l’impôt qu’il doit mais il paye ensuite au fisc français la différence de ce qu’il aurait dû lui payer s’il se trouvait en France. C’est le meilleur dispositif possible pour combattre l’évasion fiscale. Rappelons que les États-Unis d’Amérique le pratiquent et organisent une recherche extrêmement active de tous leurs nationaux dans le monde pour les soumettre à l’impôt américain ! Des propositions de ce type sont celles que nous avons tirées du programme L’Avenir en communqui reste en toutes circonstances notre document de référence.
En ce sens, le débat sur le projet de loi de finances aura été une très utile occasion de se confronter et d’affiner notre argumentation. Mais aussi, pourquoi le taire, cela est une occasion de préparer une large équipe à l’exercice concret du pouvoir. C’est pourquoi il était si important que tous les membres du groupe, à tour de rôle, participent au roulement sur les bancs pour prendre en charge la position commune. Et c’est ainsi que s’est confirmée l’importance de l’existence d’une charte et d’une règle de conduite centrée sur la mise en œuvre du programme L’Avenir en commun. S’il avait fallu discuter avant chaque mesure, chaque amendement, chaque chapitre, chaque article, et définir au coup par coup une position commune, le travail eût été impossible. Je le dis pour que cela serve à l’avenir. Je le dis aussi pour qu’on se souvienne qu’au moment où cette charte et ce programme ont été mis au centre de tout, certains hurlaient contre la caporalisation, et même la « dictature stalinienne » que cette méthode aurait instaurée. Dans les conditions actuelles, chaque électeur sait que ses députés « la France insoumise » mettent en œuvre avec fidélité le mandat qu’ils ont reçu de lui.

extreme droite
Crédits photo : Marek Peters / www.marek-peters.com
Un groupe de pieds nickelés d’extrême droite avait imaginé divers complots morbides. Leur projet essentiel consistait à s’attaquer à des lieux de culte musulman. Mais ils imaginaient aussi, entre deux bières, s’attaquer à des responsables politiques. C’est ainsi que mon nom et celui de monsieur Castaner ont été évoqués. Je ne surestime pas l’importance des conclusions des soirées bien arrosées au cours desquels de tels olibrius s’exaltent. Ceux-là semblent particulièrement stupides. Pour autant, je ne sous-estime pas non plus la menace. Car l’extrême droite identitaire s’est bien structurée et organisée ces dernières années. Plusieurs grandes villes, comme Lyon et Lille en connaissent une infection particulière. Pendant que toute la bonne société concentrait sa vigilance et ses capacités d’indignation sur les musulmans et les actes terroristes qui pourraient en venir, leurs gosses, imbibé par l’ambiance dominante, se sont organisés en société violente. Il n’en est jamais question. Ce complot d’extrême droite permet enfin qu’un peu de lumière passe sur cet univers si glauque.
Car ce ne sont pas les islamistes qui montent en commando dans les autobus de Lille ni qui font des « vérifications d’identité » dans certaines rues de Marseille. Ce sont les groupes de nazillons. Les parades dans la rue avec les drapeaux ethniques, les intrusions de toutes sortes, les clubs réservés à certain public et ainsi de suite, tout cela est une réalité bien concrète. Il n’y a pas besoin d’être très intelligent, ni très visionnaire, pour deviner ce qui va finir par se produire. Le groupe « OAS » qui voulait commettre un attentat contre monsieur Castaner et contre moi avait surtout en vue des lieux de culte musulman. La rumeur veut, si l’on en croit monsieur Collomb, le ministre de l’Intérieur, que ce groupe n’était pas « très avancé » dans ses plans meurtriers. Mais ces divers projets ont une cohérence qu’ont également bien d’autres groupes de cette nature. Au demeurant, il semble que tout cela ait été en tout cas assez sérieux pour que le dirigeant du groupe ait déjà fait quatre mois de prison préventive et que ses neuf complices soient mis en examen pour des incriminations extrêmement graves. J’ai demandé la fermeture du local à Marseille dans lequel ces comploteurs ont tous fait de nombreux passages. Au demeurant, plusieurs plaintes ont été déposées contre les occupants de ce local compte-tenu des exactions auxquelles ils se livrent dans le quartier. Nous verrons quelles seront les conclusions des autorités sur le sujet.
En réalité, il s’agit de savoir si le gouvernement est réellement prêt à s’attaquer aux problèmes de la violence d’extrême droite ou s’il s’en accommode. Dans ce cas, il commettrait une grave erreur dont il devra assumer les conséquences si l’un ou l’autre de ces groupes finit par pouvoir passer à l’action ! Pour l’instant j’ai bien noté la jubilation de certains médiacrates. Et le travail qu’ils effectuent pour protéger les militants d’extrême droite des conséquences de leurs actes. Les exemples ne manquent pas. Traitement « à la rigolade », photos flétrissantes de moi et ainsi de suite. Parfois, des records d’ignominie sont battus. Ainsi quand certains mettent sur un même plan la violence contre le véhicule d’un DRH et une tentative d’attentat contre monsieur Castaner et moi. C’est le cas de Monsieur Aphatie pour qui ma vie a la même valeur que celle d’une voiture. La dégringolade du sens des valeurs et du respect dû aux autres est un des spectacles les plus consternants qu’il m’a été donné de constater après que l’affaire de ce complot d’extrême droite a été connue.
On se souvient que j’avais ici même mis en garde contre le harcèlement et la hargne de ceux qui, à force de nous montrer du doigt dans de tels termes, nous désignaient à la vindicte des violents. J’avais même écrit que si leurs actes aboutissaient, les plus moralement dégénérés dans la sphère médiatique n’hésiteraient pas à dire même que « vous l’avez bien cherché » ! C’est exactement ce qui vient de se produire. À l’époque où j’avais fait cette analyse l’infamie du système médiatique avait consisté pour Le Canard enchaîné comme pour quelques autres, à présenter mon propos comme une menace… contre les journalistes ! Autre manière de nous désigner encore une fois comme des cibles « qui l’ont bien cherché ». Je n’y reviens que pour mettre en garde une nouvelle fois. Quand un journal comme « Minute » peut afficher sur sa une la photo de Danièle Obono avec en grand titre « Faites la taire », dans un tel contexte, comment peut-on le comprendre autrement que comme une injonction violente ? Pourquoi aucun des grands indignés permanents n’ont-ils pas un mot sur le sujet ? Qu’est-ce qui les bloque avec Danièle ? Ce cas est extrême mais je ne compte plus le nombre de déclarations ou de phrases dans des tribunes où l’on nous enjoint de nous « taire » face aux arguments prétendument imparables qui nous sont opposés. D’une façon ou d’une autre ce vocabulaire est un aveu. Appliqué au cas de Danièle Obono, il se présente comme une menace physique. Ni le président de l’Assemblée nationale dont elle est membre, ni aucun commentateur spécialisé dans l’indignation permanente n’aura rien dit ! Les bras m’en tombent ! Faut-il que nous soyons vraiment « à part » pour qu’un tel traitement nous soit infligé en toute bonne conscience. Ce n’est pas tout.
Je suis stupéfait de voir que personne ne se pose de questions quant un ministre de l’Intérieur ne prévient ni un de ses collègues au gouvernement ni le président d’un groupe d’opposition de menaces contre eux. Je suis sidéré de voir que le même ministre de l’Intérieur peut annoncer que, sans m’avoir prévenu, il m’a fait suivre pour ma sécurité pendant quatre mois. Personne ne trouve cela dérangeant quand il s’agit du président d’un groupe d’opposition et d’un pays démocratique. Rien. Pas un mot. Toutes les grandes âmes qui s’indignent contre nous pour un oui pour un non, un demi-adjectif, un mot manquant dans une phrase, qui n’hésitent devant aucune outrance verbale ni aucune comparaison les plus démentes à notre sujet, tout ceux-là n’expriment aucun doute sur une telle situation. Pas plus que personne ne semble troublé par le fait que je n’ai jamais été informé d’aucune manière au cours de ces quatre derniers mois avant l’arrestation de tout le groupe ni, surtout, depuis lors ! Oui, à cette heure, personne n’a encore pris contact avec moi pour m’expliquer, si peu que ce soit, ce qui s’est passé.
Pour ma part je n’ai pas hésité un seul instant à manifester ma solidarité avec monsieur Castaner, comme je l’avais fait, en pleine campagne présidentielle avec messieurs Fillon et Macron et madame Le Pen dont on apprenait qu’ils avaient été menacés ! Je n’ai pas hésité à associer tous les députés, quelles que soient leurs convictions, à la résistance que je voulais exprimer face aux menaces des violents. Toute la représentation nationale s’est alors levée pour partager ma réplique. C’est un grand moment républicain que je n’oublierai pas. Mais je n’oublierai pas non plus le silence des dirigeants des partis de la vieille gauche dont pas un responsable n’a trouvé le temps de faire un communiqué ou d’exprimer une pensée personnelle. Je crois que cela témoigne du nombrilisme dans lequel ils ont sombré, incapables aussi qu’ils sont de prendre la mesure des dangers qui planent sur nous tous. Et du fossé qui désormais nous sépare quand le mot « camarade » ne veut plus rien dire, même face aux fascistes.




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