Lu dans le DL du 31.10.2017
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
Mélenchon en rêvait,
Macron ne l’a pas fait
L’Éducation nationale recèle quelques mots tabous qu’aucun élu ne
se hasardera à prononcer.
Parler de « sélection », par exemple, suffit à
remplir les rues du Quartier latin.
Chirac le paya cher, à l’automne
1986, avec la réforme avortée que portait alors Alain Devaquet.
Ses
successeurs en ont tiré la leçon.
Au lieu de considérer le mérite pour
intégrer l’enseignement supérieur, on préfère encore instaurer un
tirage au sort.
Ce système injuste, qui consiste à confier l’avenir des
étudiants au hasard, le gouvernement vient de l’abolir. Fini le « pile ou
fac » pour éclaircir les rangs des filières universitaires bondées !
Les
bacheliers forts d’une mention y seront reçus automatiquement, ainsi
que ceux ayant obtenu 12/20 dans les disciplines fondamentales.
Quant aux autres, recalés après examen de leur dossier scolaire par un
jury… ils pourront y aller quand même !
À la condition, toutefois,
d’accepter des enseignements de « remise à niveau » d’une durée
indéterminée.
Bonjour l’usine à gaz, qui paraît suggérer un « redoublement
» n’osant pas dire son nom.
En attendant, stricto sensu, Emmanuel Macron prend le soin de ne
« sélectionner » personne.
Il sait qu’agiter un tel chiffon rouge risque de
pousser les jeunes à la manif.
C’est le scénario rêvé de Jean-Luc
Mélenchon, prêt à mobiliser jusque dans les bacs à sable si « la
convergence des luttes » l’exige. Écoliers et salariés ensemble aux
barricades, façon mai 68, l’Insoumis en chef ne demande que ça.
Mais
le Président, au prix d’un texte roublard qui fleure bon la « vieille
politique », lui coupe l’herbe sous le pied.
Pardi, vu de l’Élysée, mieux
vaut un compromis bancal qu’une Révolution !
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