"Je n'ai commis aucun crime de responsabilité": Dilma Rousseff se défend contre sa destitution
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BRÉSIL - "Je n'ai commis aucun crime de responsabilité." La présidente du Brésil Dilma Rousseff est arrivée lundi 29 août au Sénat pour se défendre personnellementdans son procès en destitution, une ultime intervention avant sa probable éviction, point final à 13 ans de règne de la gauche dans le plus grand pays d'Amérique latine.
Même si tous les pronostics sont contre elle, l'ex-guérillera de 68 ans, emprisonnée et torturée sous la dictature militaire (1964-1985), vient à ce rendez-vous historique "décidée, préparée pour la bataille", a déclaré aux journalistes le député Silvio Costa (PT do B, parti allié du PT). "Je n'ai pas commis les crimes pour lesquels je suis jugée injustement", a-t-elle déclaré, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus. Pour affronter les sénateurs, dont une grande majorité sont favorables à l'"impeachment" selon les sondages, elle est accompagnée de son mentor politique, l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), du célèbre chanteur engagé à gauche Chico Buarque et d'une douzaine d'anciens ministres.
Trente minutes pour se défendre
Trente minutes pour se défendre
Depuis des mois, celle qui avait été la première femme élue à la tête du Brésil en 2010 clame son innocence et crie au "coup d'Etat" institutionnel ourdi par le principal bénéficiaire de la manœuvre: son ancien vice-président devenu rival, Michel Temer (PMDB, centre droit), 75 ans. Il assure l'intérim depuis sa suspension le 12 mai par un vote de plus des deux tiers des sénateurs et gardera les manettes jusqu'aux élections présidentielle et législatives fin 2018 si elle est destituée.
L'ancienne présidente a pu prendre la parole 30 minutes. Elle peut ensuite décider si elle accepte ou non les questions des parlementaires, qui dans ce cas auraient chacun cinq minutes pour s'exprimer. Puis suivront de longs débats et le vote final, attendu mardi ou mercredi. Un "oui" des deux tiers des sénateurs - 54 sur 81 - est requis pour prononcer la destitution, qui serait une première dans l'histoire du Brésil. Si Mme Rousseff est écartée du pouvoir, elle ne pourra plus occuper de fonctions publiques pendant huit ans. Si elle est innocentée, cette économiste dont la popularité stagne à 13% retrouvera son mandat.
Dans une ambiance souvent houleuse, les parlementaires, dont plus de la moitié sont soupçonnés de corruption ou visés par une enquête, ont entendu depuis jeudi des témoins de l'accusation et de la défense, sous la direction du président du Tribunal suprême fédéral (STF) Ricardo Lewandowski comme le prévoit la Constitution. Pro et anti-impeachment s'opposent sur le "crime de responsabilité" reproché à la présidente: le maquillage des comptes publics pour dissimuler l'ampleur du déficit et l'approbation de décrets engageant des dépenses sans l'approbation du Parlement.
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