Chevènement: bâtir un "islam de France" sur une fondation, "cause nationale"
Dépêche AFP, dimanche 28 août 2016, 12h13.
L'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement voit dans la construction d'un "islam de France", autour d'une fondation dont il doit prendre la présidence, une "cause nationale qui devrait réunir la gauche et la droite", dans un entretien à l'AFP.
QUESTION: Comment va fonctionner cette nouvelle Fondation pour l'islam de France, dont les principes seront présentés lundi par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve ?
Globalement, cette fondation, qu'il faudra reconnaître d'utilité publique, doit respecter le principe de la laïcité, donc son objet est profane: elle sera en charge de questions sociales, culturelles et éducatives.
Dans la formation des imams, elle ne traitera que des aspects civiques, juridiques. Tout ce qui est religieux est hors de son champ. C'est pourquoi on va lui adosser une association cultuelle - loi de 1905 - qui aura pour mission ce qui a trait à la formation religieuse ou au financement de la construction de lieux de culte. J'ai fait connaître ma position vis-à-vis des financements étrangers: j'y suis opposé. Il y a des ressources en France. Les musulmans sont 4,1 millions selon l'Ined (Institut national d'études démographiques), leur pratique est notablement supérieure à celle d'autres croyants. Faisons confiance à l'imagination de ceux qui auront en charge ce dossier.
QUESTION: Comment va fonctionner cette nouvelle Fondation pour l'islam de France, dont les principes seront présentés lundi par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve ?
Globalement, cette fondation, qu'il faudra reconnaître d'utilité publique, doit respecter le principe de la laïcité, donc son objet est profane: elle sera en charge de questions sociales, culturelles et éducatives.
Dans la formation des imams, elle ne traitera que des aspects civiques, juridiques. Tout ce qui est religieux est hors de son champ. C'est pourquoi on va lui adosser une association cultuelle - loi de 1905 - qui aura pour mission ce qui a trait à la formation religieuse ou au financement de la construction de lieux de culte. J'ai fait connaître ma position vis-à-vis des financements étrangers: j'y suis opposé. Il y a des ressources en France. Les musulmans sont 4,1 millions selon l'Ined (Institut national d'études démographiques), leur pratique est notablement supérieure à celle d'autres croyants. Faisons confiance à l'imagination de ceux qui auront en charge ce dossier.
Q. Votre conviction, c'est qu'il faut rester dans les rails de la loi de 1905 séparant l'Etat et les cultes ?
Ma conviction c'est qu'il faut préserver la laïcité, mais pour cela il faut bien la faire comprendre. La laïcité n'est pas dirigée contre la religion. Elle recommande à chacun, et c'est le sens de ce que j'ai dit en évoquant une certaine discrétion, de faire l'effort, dans les lieux publics de débat, de s'exprimer avec des arguments raisonnés, et pas à la lumière d'une révélation, d'un dogme. Cela concerne toutes les religions.
Le défi, c'est de faire en sorte qu'il y ait un islam républicain. Ce n'est pas évident, je crois que c'est possible, et toutes les sensibilités de l'islam ont signé un engagement dans ce sens le 28 janvier 2000, alors que j'étais ministre de l'Intérieur. C'est l'intérêt de la France qui est en jeu.
Ces 4 millions de musulmans, quelle est leur place dans la société française ? Il est évident que l'enjeu de l'islam de France est majeur pour l'unité de la République et l'avenir du pays.
Q. Vos conseils de "discrétion" donnés aux musulmans, et le fait même que vous ayez été pressenti, alors que vous n'êtes pas musulman, à la tête de cette fondation, ont été très critiqués. Qu'en dites-vous ?
J'ai vu. Mais si vous trouvez une personnalité musulmane qui est acceptée par toutes les autres sensibilités, je vous prie de bien vouloir me l'indiquer. J'accomplis cette démarche à la demande du ministre de l'Intérieur, à titre bénévole. Je pense que comme ancien ministre de l'Intérieur moi-même, je ne pouvais pas refuser de contribuer à cette oeuvre d'intérêt public.
Tout sera mal perçu, quoi que je dise dans un sens ou dans un autre. Le débat est piégé. Il y a une passion incandescente dans la plupart des camps, il n'y a que des coups à prendre, aucun bénéfice personnel à escompter. Mais en même temps cette mission est nécessaire: faire un islam de France, c'est une cause nationale qui devrait réunir la gauche et la droite. Et c'est une affaire de longue haleine, qui ne va pas durer trois ou quatre ans. Il y a 17 ans que j'ai lancé la "consultation des musulmans de France" ! Et combien de temps a-t-il fallu à la religion catholique pour trouver son équilibre ?
Ma conviction c'est qu'il faut préserver la laïcité, mais pour cela il faut bien la faire comprendre. La laïcité n'est pas dirigée contre la religion. Elle recommande à chacun, et c'est le sens de ce que j'ai dit en évoquant une certaine discrétion, de faire l'effort, dans les lieux publics de débat, de s'exprimer avec des arguments raisonnés, et pas à la lumière d'une révélation, d'un dogme. Cela concerne toutes les religions.
Le défi, c'est de faire en sorte qu'il y ait un islam républicain. Ce n'est pas évident, je crois que c'est possible, et toutes les sensibilités de l'islam ont signé un engagement dans ce sens le 28 janvier 2000, alors que j'étais ministre de l'Intérieur. C'est l'intérêt de la France qui est en jeu.
Ces 4 millions de musulmans, quelle est leur place dans la société française ? Il est évident que l'enjeu de l'islam de France est majeur pour l'unité de la République et l'avenir du pays.
Q. Vos conseils de "discrétion" donnés aux musulmans, et le fait même que vous ayez été pressenti, alors que vous n'êtes pas musulman, à la tête de cette fondation, ont été très critiqués. Qu'en dites-vous ?
J'ai vu. Mais si vous trouvez une personnalité musulmane qui est acceptée par toutes les autres sensibilités, je vous prie de bien vouloir me l'indiquer. J'accomplis cette démarche à la demande du ministre de l'Intérieur, à titre bénévole. Je pense que comme ancien ministre de l'Intérieur moi-même, je ne pouvais pas refuser de contribuer à cette oeuvre d'intérêt public.
Tout sera mal perçu, quoi que je dise dans un sens ou dans un autre. Le débat est piégé. Il y a une passion incandescente dans la plupart des camps, il n'y a que des coups à prendre, aucun bénéfice personnel à escompter. Mais en même temps cette mission est nécessaire: faire un islam de France, c'est une cause nationale qui devrait réunir la gauche et la droite. Et c'est une affaire de longue haleine, qui ne va pas durer trois ou quatre ans. Il y a 17 ans que j'ai lancé la "consultation des musulmans de France" ! Et combien de temps a-t-il fallu à la religion catholique pour trouver son équilibre ?
Chevenement.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire