Burkina Faso : Blaise Compaoré ne démissionne pas mais lève l'état de siège
Publication:
Burkina Faso: Compaoré lève l'état de siège mais ne démissionne pas | AFP
INTERNATIONAL - Le président Blaise Compaoré n'a pas indiqué qu'il démissionnerait et a annulé l'état de siège qu'il avait décrété quelques heures plus tôt, dans une allocution télévisée dans la nuit de jeudi à vendredi 31 octobre après les émeutes qui ont embrasé le Burkina Faso.
Ces émeutes ont fait une trentaine de morts et plus de 100 blessés, selon un opposant. "J'ai entendu le message. Je l'ai compris et pris la juste mesure des fortes aspirations au changement", a affirmé Compaoré.
"Je reste disponible à ouvrir avec vous des pourparlers pour une période de transition à l'issue de laquelle je transmettrai le pouvoir au président démocratiquement élu", a-t-il poursuivi. Les mots du chef de l'Etat étaient très attendus après l'annonce par l'armée burkinabè d'une prise de pouvoir un peu plus tôt dans la soirée.
"Il est en train de duper le peuple"
Le départ du pouvoir du président Blaise Compaoré est "un préalable non négociable", a affirmé jeudi Bénéwendé Sankara, un ténor de l'opposition. "Pendant 27 ans, Blaise Compaoré a roulé tout le monde dans la farine. Là, il est encore en train de duper, de ruser avec le peuple", a déploré Sankara. "Il y a longtemps que nous disons qu'il doit rendre sa démission. Son départ est un préalable non négociable" pour l'opposition, a-t-il dit.
La prise de pouvoir de l'armée est par ailleurs assez mal acceptée par les manifestants pour l'instant, ces derniers dénoncent la personnalité du chef d'état-major. Quelques centaines d'entre eux ont appelé à des sit-in dans la capitale pour éviter ce coup d'Etat. Sankara a, lui, rencontré le chef d'état-major des armées Nabéré Honoré Traoré et lui a demandé "d'aller dans le sens du peuple" et de "ne pas (lui) tirer dessus". Mais "le chef d'état-major a fait un coup d'Etat", a-t-il affirmé.
Les pouvoirs exécutifs et législatifs seront assumés par un organe de transition, qui sera mis en place "en concertation avec toutes les forces vives de la nation" et dont l'objectif est un "retour à l'ordre constitutionnel" "dans un délai de douze mois", avait fait savoir le chef d'état-major des armées Nabéré Honoré Traoré, dans un communiqué lu par un officier lors d'une conférence de presse.
État de siège annulé
Si l'armée a imposé un couvre-feu "sur l'ensemble du territoire de 19h à 6h", qu'elle a mis en application en contrôlant tout passant à Ouagadougou, a constaté un journaliste de l'AFP, Blaise Compaoré a de son côté déclaré "annuler l'état de siège" national qu'il avait décrété dans l'après-midi.
Le chef de l'Etat burkinabè a participé à trois putschs, dont le dernier lui a permis d'arriver au pouvoir en 1987. Malgré deux septennats (1992-2005) puis deux quinquennats (2005-2015) et 27 ans de règne, il souhaitait se maintenir aux affaires après 2015, ce que ne lui permettait pas la Constitution.
Les manifestations de jeudi ont été causées par sa volonté de faire réviser pour la troisième fois - après 1997 et 2000 - l'article 37 la Loi fondamentale, qui fixait à deux le nombre maximum de quinquennats présidentiels.
Lire aussi:
Pour visionner le diaporama associé , cliquez ici --->/burkina-faso-blaise-compaore-etat-siege-manifestions-opposition-international
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire