RETRAITES - Dans quelle mesure, le plan de 50 milliards d'euros d'économiesannoncé le 16 avril par Manuel Valls peut-il être amendé? Alors que l'aile gauche du PS aimerait le limiter à 35 milliards, une partie des députés socialistes présente au gouvernement un plan alternatif.
Ce mardi 22 avril, Manuel Valls s'entretient avec une douzaine d'entre eux, dont leur président Bruno Le Roux et la rapporteur générale du Budget, Valérie Rabault pourrecevoir leurs propositions.
"Il doit y avoir des marges de discussion avec le gouvernement", lance dans Le Monde, le patron des députés socialiste. "Manuel Valls doit écouter la majorité", abonde sur RMC et BFMTV Vincent Peillon, l'ancien ministre de l'Education et désormais tête de liste PS pour les européennes dans le sud-ouest. "Les modalités peuvent, à certains égards, se discuter", confirme Najat Vallaud-Belkacem.
En tête des préoccupations de ces parlementaires, figure la question des petites retraites dont ils aimeraient une revalorisation d'ici à l'automne 2015. "Le fait qu'elles ne soient pas revalorisées est problématique. Le maintien de leur progression est un pré-requis", a lâché Valérie Rabault dans Le JDD.
Quasi-consensus pour les épargner
Dans son plan, le premier ministre a en effet annoncé pour 18 mois le gel de toutes les prestations sociales, hors minima sociaux. Toutes les pensions de retraite sont donc concernées, y compris les plus faibles, dont le montant se situe autour de 800 à 900 euros par mois. "Quand vous avez 200 euros d'essence ou de gasoil, une taxe d'habitation, des frais fixes, il est clair que le gel des petites retraites suscite des inquiétudes chez nos concitoyens", a expliqué la députée du Tarn-et-Garonne sur France Info. "Nous proposons des les sanctuariser", insiste Olivier Faure, le porte-parole du PS.
Et cette volonté de préserver ces retraités est partagée bien au-delà du parti socialiste. Les premiers à l'avoir évoqué sont les écologistes. Le fait de toucher à ces petites pensions est l'une des raisons qui a conduit leur leader, Emmanuelle Cosse, à estimer que "en l'état, le plan ne peut pas être voté". "Quand on explique qu'on va geler les petites retraites et un grand nombre de revenus, on va être dans l'austérité", justifie-t-elle.
C'est également l'une des demandes des radicaux de gauche, second groupe de la majorité, dont les représentants seront reçus mercredi 23 avril par Manuel Valls. "Nous souhaitons en particulier que les petites retraites soient préservées du gel, comme notre groupe l'avait obtenu de Jean-Marc Ayrault en novembre 2013, lors du vote de la réforme des retraites", déclare le président du groupe à l'Assemblée, Roger-Gérard Schwartzenberg.
Même l'UDI partage cet avis: "Il faut sacraliser les petites retraites", exhorte Rama Yade, la vice-présidente du parti centriste.
Décaler la baisse des charges des grandes entreprises
Pour parvenir à revaloriser ces retraites, tout en maintenant l'objectif de 50 milliards d'euros d'économies, la piste numéro une de ces parlementaires socialistes concerne les très grandes entreprises. Pour ces sociétés, la mise en oeuvre du pacte de responsabilité (baisse des cotisations sociales) ne serait pas lancée en 2015, mais seulement un an plus tard. Le gain escompté est de 3 milliards d'euros qui pourraient être utilisés pour revaloriser les prestations sociales.
Dans le meilleur des cas, Valérie Rabault estime que cela permettrait aussi de ne pas geler le point d'indice des fonctionnaires, comme cela a été annoncé par le gouvernement.
Officiellement, Matignon n'a pas encore pris de position sur le sujet. Mais Manuel Valls est confronté à de vives interrogations de sa majorité qui le place dans l'obligation de faire un geste. Le vote du 29 avril sur le plan d'économies est en effet un moment clé et le premier ministre a tout intérêt à obtenir une adhésion la plus large possible des siens. Selon BFMTV, le premier ministre est prêt à lâcher justement sur ces petites retraites pour ne pas avoir à faire davantage de concessions.
"La réunion de cet après-midi est à l'initiative du premier ministre", rappelle Valérie Rabault. La députée, qui se se veut optimiste, y voit un signe de bonne volonté de Manuel Valls.
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