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Par FRANÇOIS SERGENT
Le front
républicain, ce si joli syntagme, s’est-il fracassé sur les
dures réalités de la carte électorale cuvée 2014 ? Dans l’absolu, la cause
est juste : les partis républicains se sacrifient pour empêcher l’élection
des candidats du FN. Les 82% obtenus par Jacques Chirac en 2002
devenant l’indépassable jauge de cette discipline de vote. Politiquement,
la cause est-elle entendue ? La droite depuis longtemps ne respecte plus
la règle commune. L’ambigu «ni-ni» est devenu son compas déréglé, et le
front républicain n’a de sens que si les deux parties en jouent le
jeu. La droite a abandonné ce principe éthique ; elle s’inspire plus
qu’elle ne combat les idées du Front national.
Comment expliquer à un électeur de gauche qu’il doit faire élire
un candidat de droite qui laboure sur les mêmes thèmes nauséabonds que les
fascistes bleu marine ? Le front républicain n’est pas une réponse
politique à la question du FN qui hante la France depuis trente ans. Pire
encore, cette tactique d’appareil nourrit par l’exemple la propagande
frontiste sur la complicité entre les partis dominants. «La caste», selon les mots du FN.
On s’attaque aux effets des victoires du Front national et non à ses
causes. Le mouvement des Le Pen prospère sur les dévoiements
et corruptions des partis, comme le PS à Hénin-Beaumont ou la droite
à Fréjus.
Les socialistes au pouvoir ont une responsabilité historique
et morale de ramener ces électeurs dans le récit national collectif
et solidaire. Ce ne sont pas des «doutes ou des
inquiétudes» qu’ont
exprimées ces électeurs et les abstentionnistes du premier tour pour
reprendre la pathétique formule de Jean-Marc Ayrault. C’est le rejet d’une
méthode de gouvernance et d’une politique.
Par François SERGENt
L'actualité du mercredi 26/03/2014
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