Marwan Barghouti : Les valeurs universelles ne peuvent pas s’arrêter aux frontières de la Palestine occupée
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dimanche 19 janvier 2014
Voir en ligne : http://www.france-palestine.org/Le-...
publié dans L’Humanité dimanche, samedi 18 janvier 2014
Condamné à perpétuité, le député palestinien lance un appel :
Le peuple palestinien aurait pu disparaître. En 1948, la Nakba eut lieu et 2/3 de notre peuple, 750000 Palestiniens furent forcés à l’exil, dans une tentative qui marquera le siècle de remplacer un peuple par un autre. Israël sera alors établi sur ¾ de la Palestine historique, et sur nos ruines. Il aurait pu disparaître avec l’occupation du reste de son territoire en 1967. Mais notre peuple put compter sur deux choses, non seulement pour renaître de ses cendres, mais pour imposer son existence à l’oppresseur et au monde entier : sa détermination à mener la lutte pour la liberté, le retour et l’indépendance, et une solidarité internationale sans précédent, et jamais démentie, faisant de notre cause la plus universelle des luttes de libération.
65 ans après la Nakba, nous n’avons pas encore réussi à reconquérir nos droits et à mettre fin à l’occupation. La communauté internationale rechigne toujours à mettre fin à l’impunité d’Israël, et la paix semble de plus en plus compromise. Mais les peuples expriment chaque jour un peu plus leur soutien à la liberté et à la justice en Palestine, comme étant les seules voies qui mèneront à la paix. Désormais le drapeau palestinien flotte partout à travers la planète, et le vote à l’Assemblée générale de l’ONU le 29 novembre 2012 a démontré le soutien quasi-universel dont la perspective d’un Etat palestinien sur les frontières de 1967 jouit à travers la planète. Mais l’indépendance ne peut être atteinte simplement par un vote.
Il faut nous mobiliser pour traduire ce vote dans la réalité, et pour cela j’appelle tous les partisans de la liberté, de la justice et de la paix à travers le monde à se saisir de cette année de solidarité avec le peuple palestinien décidée par l’ONU pour en faire un moment décisif pour le triomphe de la liberté et de la justice.
Cette solidarité internationale, pour jouer pleinement son rôle, doit :
− réaffirmer la centralité de la question palestinienne. Cette cause est devenue le symbole de la lutte contre l’oppression et l’occupation, contre l’injustice et la négation des droits, contre les murs et l’apartheid à travers le monde.
− transcender les divisions politiques et la fragmentation géographique, car l’unité est la condition de la victoire pour les peuples opprimés. Elle est solidarité avec notre peuple qui vit sous un siège inhumain à Gaza, qui affronte la colonisation et le mur en Cisjordanie, surtout Jérusalem, avec ceux qui sont menacés de transfert par dizaines de milliers dans le Naqab, avec ceux qui endurent le siège de la faim et de la mort dans le camp de réfugié de Yarmouk.
− accentuer la pression internationale qui pèse sur la puissance occupante. J’appelle les hommes et femmes épris de liberté à travers le monde à soutenir la résistance pacifique et la capacité de notre peuple à tenir bon sur sa terre. Il est aussi temps d’agir résolument pour le boycott et l’isolement de l’occupation israélienne, en s’inspirant de l’expérience sud-africaine, et de se diriger vers les instances et juridictions internationales qui doivent prendre toutes leurs responsabilités et mettre un terme à l’impunité d’Israël, qui permet à cette occupation de perdurer, et demeure le principal obstacle à la paix.
L’Europe doit se conformer dans ses actions à ses positions exprimées depuis des décennies. Je crois que la France peut, et doit, jouer un rôle singulier dans cette région, et que ce rôle doit être basé sur la défense d’une paix fondée sur le droit international. Le peuple français soutient sans équivoque les aspirations légitimes du peuple palestinien, et sa mobilisation a contribué au vote historique de la France en faveur de l’Etat palestinien à l’ONU qui a joué un rôle majeur dans l’obtention d’une majorité au sein de l’Union Européenne. En tant que Président du groupe d’amitié Palestine-France au Conseil législatif palestinien, j’ai eu l’occasion de mesurer ce soutien, avant d’en bénéficier moi-même au moment de mon arrestation. Des personnalités françaises assistèrent, auprès de personnalités internationales, à mon procès pour exprimer leur solidarité avec notre peuple : Francis Wurtz, Gisèle Halimi, Monique Cerisier ben-Guiga, Jean-Claude Lefort. Ce dernier qui a depuis poursuivi sans relâche ses efforts pour la libération des prisonniers palestiniens. Le journal de l’Humanité, sous la direction de Patrick le Hyaric, se mobilisa maintenant depuis plus d’une décennie. Le gouvernement français appela à ma libération à plusieurs reprises, en dépit des alternances politiques, y compris l’actuel Ministre Laurent Fabius. Des personnalités de premier plan ont défendu cette perspective, notamment un homme que j’ai eu l’occasion de rencontrer et dont j’apprécie la connaissance profonde de notre région du monde et son action résolue en faveur de la paix, le Ministre Hubert Védrine. Des villes m’attribuèrent la citoyenneté d’honneur dans un geste de soutien à l’ensemble des prisonniers palestiniens. Je ne peux ici que saluer la mémoire d’un homme remarquable qui se mobilisa jusqu’au bout pour la justice en Palestine, notamment pour les camps de réfugiés palestiniens, terres de désespoir que la détermination des palestiniens et des partisans de la justice ont transformé en école de l’espoir, je parle bien sûr de Fernand Tuil.
Il n’y a que trois scénarios possibles : un Etat pour tous ses citoyens sur toute la Palestine historique, deux Etats vivant côte à côte sur les frontières de 1967, où la poursuite de ce conflit et l’apartheid. Notre peuple ne tolérera pas l’apartheid, et le monde, qui vient de rendre hommage au symbole universelle de la liberté Nelson Mandela, ne peut tolérer que ce régime terrible puisse renaître, après sa défaite en Afrique du Sud, en Palestine.
Je me suis engagé fermement pour la paix après la conclusion des accords d’Oslo. Mais Israël a choisi l’occupation et la colonisation, nous forçant à reprendre le chemin de la résistance. Cela ne m’a pas empêché de continuer à plaider pour une solution à ce conflit fondé sur deux Etats sur les frontières de 1967 et garantissant le droit au retour des réfugiés palestiniens. C’est Israël qui menace cette perspective. Aujourd’hui, je suis dans une prison israélienne, alors que l’extrême droite est au pouvoir en Israël.
Einstein disait que la folie consistait à se comporter de la même manière en s’attendant à un résultat différent. Qu’y a-t-il à attendre de négociations de paix qui ne s’appuient pas sur un engagement clair de la puissance occupante à mettre un terme à son occupation et à mettre en oeuvre les résolutions internationales et alors même que les actions de la puissance occupante confirment qu’elle a choisi résolument le chemin de la colonisation et de l’oppression ? L’occupation et la paix sont incompatibles, seule la fin de l’une marquera le début de l’autre. La liberté est donc la pierre angulaire de la paix.
Je vous appelle donc à continuer à incarner un message clair et salutaire : les valeurs universelles ne peuvent pas s’arrêter aux frontières de la Palestine, car renoncer à ces valeurs au Moyen-Orient, c’est les compromettre partout.
800 000 Palestiniens sont passés par les geôles israéliennes depuis 1967, dans une tentative de briser la volonté d’un peuple de poursuivre sa lutte pour la libération. C’est donc d’ici, de ma cellule, auprès de 5 milliers de prisonniers palestiniens dont la libération ouvrirait la voie à la liberté de notre peuple, auprès de Karim Younes qui a entamé sa 32ème année dans les geôles de l’occupation, de leaders palestiniens de diverses factions politiques dont le Secrétaire Général du Front Populaire pour la libération de la Palestine Ahmed Saadate, auprès de jeunes, de vieux, de femmes, d’enfants à qui Israël essaye de cacher l’horizon, que je vous envoie ce message pour vous assurer que notre détermination demeure intacte, et votre solidarité la nourrit quotidiennement. Le peuple palestinien par sa lutte et votre solidarité est entré dans la légende. Il prendra un jour, je n’en doute pas, sa place légitime dans l’histoire et la géographie.
Condamné à perpétuité, le député palestinien lance un appel :
Le peuple palestinien aurait pu disparaître. En 1948, la Nakba eut lieu et 2/3 de notre peuple, 750000 Palestiniens furent forcés à l’exil, dans une tentative qui marquera le siècle de remplacer un peuple par un autre. Israël sera alors établi sur ¾ de la Palestine historique, et sur nos ruines. Il aurait pu disparaître avec l’occupation du reste de son territoire en 1967. Mais notre peuple put compter sur deux choses, non seulement pour renaître de ses cendres, mais pour imposer son existence à l’oppresseur et au monde entier : sa détermination à mener la lutte pour la liberté, le retour et l’indépendance, et une solidarité internationale sans précédent, et jamais démentie, faisant de notre cause la plus universelle des luttes de libération.
65 ans après la Nakba, nous n’avons pas encore réussi à reconquérir nos droits et à mettre fin à l’occupation. La communauté internationale rechigne toujours à mettre fin à l’impunité d’Israël, et la paix semble de plus en plus compromise. Mais les peuples expriment chaque jour un peu plus leur soutien à la liberté et à la justice en Palestine, comme étant les seules voies qui mèneront à la paix. Désormais le drapeau palestinien flotte partout à travers la planète, et le vote à l’Assemblée générale de l’ONU le 29 novembre 2012 a démontré le soutien quasi-universel dont la perspective d’un Etat palestinien sur les frontières de 1967 jouit à travers la planète. Mais l’indépendance ne peut être atteinte simplement par un vote.
Il faut nous mobiliser pour traduire ce vote dans la réalité, et pour cela j’appelle tous les partisans de la liberté, de la justice et de la paix à travers le monde à se saisir de cette année de solidarité avec le peuple palestinien décidée par l’ONU pour en faire un moment décisif pour le triomphe de la liberté et de la justice.
Cette solidarité internationale, pour jouer pleinement son rôle, doit :
− réaffirmer la centralité de la question palestinienne. Cette cause est devenue le symbole de la lutte contre l’oppression et l’occupation, contre l’injustice et la négation des droits, contre les murs et l’apartheid à travers le monde.
− transcender les divisions politiques et la fragmentation géographique, car l’unité est la condition de la victoire pour les peuples opprimés. Elle est solidarité avec notre peuple qui vit sous un siège inhumain à Gaza, qui affronte la colonisation et le mur en Cisjordanie, surtout Jérusalem, avec ceux qui sont menacés de transfert par dizaines de milliers dans le Naqab, avec ceux qui endurent le siège de la faim et de la mort dans le camp de réfugié de Yarmouk.
− accentuer la pression internationale qui pèse sur la puissance occupante. J’appelle les hommes et femmes épris de liberté à travers le monde à soutenir la résistance pacifique et la capacité de notre peuple à tenir bon sur sa terre. Il est aussi temps d’agir résolument pour le boycott et l’isolement de l’occupation israélienne, en s’inspirant de l’expérience sud-africaine, et de se diriger vers les instances et juridictions internationales qui doivent prendre toutes leurs responsabilités et mettre un terme à l’impunité d’Israël, qui permet à cette occupation de perdurer, et demeure le principal obstacle à la paix.
L’Europe doit se conformer dans ses actions à ses positions exprimées depuis des décennies. Je crois que la France peut, et doit, jouer un rôle singulier dans cette région, et que ce rôle doit être basé sur la défense d’une paix fondée sur le droit international. Le peuple français soutient sans équivoque les aspirations légitimes du peuple palestinien, et sa mobilisation a contribué au vote historique de la France en faveur de l’Etat palestinien à l’ONU qui a joué un rôle majeur dans l’obtention d’une majorité au sein de l’Union Européenne. En tant que Président du groupe d’amitié Palestine-France au Conseil législatif palestinien, j’ai eu l’occasion de mesurer ce soutien, avant d’en bénéficier moi-même au moment de mon arrestation. Des personnalités françaises assistèrent, auprès de personnalités internationales, à mon procès pour exprimer leur solidarité avec notre peuple : Francis Wurtz, Gisèle Halimi, Monique Cerisier ben-Guiga, Jean-Claude Lefort. Ce dernier qui a depuis poursuivi sans relâche ses efforts pour la libération des prisonniers palestiniens. Le journal de l’Humanité, sous la direction de Patrick le Hyaric, se mobilisa maintenant depuis plus d’une décennie. Le gouvernement français appela à ma libération à plusieurs reprises, en dépit des alternances politiques, y compris l’actuel Ministre Laurent Fabius. Des personnalités de premier plan ont défendu cette perspective, notamment un homme que j’ai eu l’occasion de rencontrer et dont j’apprécie la connaissance profonde de notre région du monde et son action résolue en faveur de la paix, le Ministre Hubert Védrine. Des villes m’attribuèrent la citoyenneté d’honneur dans un geste de soutien à l’ensemble des prisonniers palestiniens. Je ne peux ici que saluer la mémoire d’un homme remarquable qui se mobilisa jusqu’au bout pour la justice en Palestine, notamment pour les camps de réfugiés palestiniens, terres de désespoir que la détermination des palestiniens et des partisans de la justice ont transformé en école de l’espoir, je parle bien sûr de Fernand Tuil.
Il n’y a que trois scénarios possibles : un Etat pour tous ses citoyens sur toute la Palestine historique, deux Etats vivant côte à côte sur les frontières de 1967, où la poursuite de ce conflit et l’apartheid. Notre peuple ne tolérera pas l’apartheid, et le monde, qui vient de rendre hommage au symbole universelle de la liberté Nelson Mandela, ne peut tolérer que ce régime terrible puisse renaître, après sa défaite en Afrique du Sud, en Palestine.
Je me suis engagé fermement pour la paix après la conclusion des accords d’Oslo. Mais Israël a choisi l’occupation et la colonisation, nous forçant à reprendre le chemin de la résistance. Cela ne m’a pas empêché de continuer à plaider pour une solution à ce conflit fondé sur deux Etats sur les frontières de 1967 et garantissant le droit au retour des réfugiés palestiniens. C’est Israël qui menace cette perspective. Aujourd’hui, je suis dans une prison israélienne, alors que l’extrême droite est au pouvoir en Israël.
Einstein disait que la folie consistait à se comporter de la même manière en s’attendant à un résultat différent. Qu’y a-t-il à attendre de négociations de paix qui ne s’appuient pas sur un engagement clair de la puissance occupante à mettre un terme à son occupation et à mettre en oeuvre les résolutions internationales et alors même que les actions de la puissance occupante confirment qu’elle a choisi résolument le chemin de la colonisation et de l’oppression ? L’occupation et la paix sont incompatibles, seule la fin de l’une marquera le début de l’autre. La liberté est donc la pierre angulaire de la paix.
Je vous appelle donc à continuer à incarner un message clair et salutaire : les valeurs universelles ne peuvent pas s’arrêter aux frontières de la Palestine, car renoncer à ces valeurs au Moyen-Orient, c’est les compromettre partout.
800 000 Palestiniens sont passés par les geôles israéliennes depuis 1967, dans une tentative de briser la volonté d’un peuple de poursuivre sa lutte pour la libération. C’est donc d’ici, de ma cellule, auprès de 5 milliers de prisonniers palestiniens dont la libération ouvrirait la voie à la liberté de notre peuple, auprès de Karim Younes qui a entamé sa 32ème année dans les geôles de l’occupation, de leaders palestiniens de diverses factions politiques dont le Secrétaire Général du Front Populaire pour la libération de la Palestine Ahmed Saadate, auprès de jeunes, de vieux, de femmes, d’enfants à qui Israël essaye de cacher l’horizon, que je vous envoie ce message pour vous assurer que notre détermination demeure intacte, et votre solidarité la nourrit quotidiennement. Le peuple palestinien par sa lutte et votre solidarité est entré dans la légende. Il prendra un jour, je n’en doute pas, sa place légitime dans l’histoire et la géographie.
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