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dimanche 26 janvier 2014

En présentant ses vœux pour 2014, le Président de la République a fait au moins un heureux : le Président du MEDEF.

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En présentant ses vœux pour 2014, le Président de la République a fait au moins un heureux : le Président du MEDEF.

par Patrick Hébert, secrétaire général de l’UD CGT-FO 44
lundi 20 janvier 2014
François Hollande a annoncé qu’il proposait aux entreprises un « pacte de responsabilité » fondé sur un « principe simple : moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur les activités (ndlr : des entreprises) et, en même temps, une contrepartie : plus d’embauches et plus de dialogue social ».
Nous connaissons bien sûr cette chanson ultra réactionnaire. Le père de l’actuel président du MEDEF, Yvon Gattaz, avait déjà, en son temps, exercé le même chantage. Il a d’ailleurs largement obtenu satisfaction : les diverses baisses de charges et d’exonérations de cotisations se sont multipliées pour atteindre plusieurs dizaines de milliards, alors que dans le même temps le chômage n’a cessé d’augmenter…
Cherchez l’erreur !
Yvon Gattaz, comme son fils, et comme la plupart des patrons, est favorable à la baisse des charges et des cotisations, et même à leur suppression pure et simple. Il va jusqu’au bout de sa logique, puisque, dans un article publié en 2010, il caractérisait les syndicats comme "menaçants, tragiques, démolisseurs, démoralisateurs, gréviculteurs… ".
L’ancien président du MEDEF n’hésite pas à utiliser un vocabulaire de guerre civile pour caractériser cette « araignée syndicale ». S’il ne dit pas qu’il faut l’écraser, il écrit : « le secret de l’harmonie sociale, c’est la disparition des syndicats ». Il considère que « les syndicats ont été nécessaires au 19ème siècle, utiles puis abusifs au 20ème siècle, inutiles et nuisibles au 21ème siècle. Ils doivent disparaître ».
Enfin il ajoute que les "partenaires sociaux", superbe formule, sont en réalité depuis toujours des adversaires sociaux irréductibles. Sur ce point, nous ne pouvons pas lui donner tort !
Mais, logiquement, Yvon Gattaz conclut qu’il faut un « dialogue direct dans chaque entreprise entre direction locale et salariés ».
« Tel père, tel fils… » : nous savons bien ce que cette formule peut avoir d’abusif. Mais, en l’occurrence, il semble bien que le fils partage la même philosophie que le père !
En effet, à la suite de l’annonce par le Président de la République du « Pacte de responsabilité », le fils s’est immédiatement réjouit de cette proposition, et s’est déclaré prêt à « participer et s’impliquer activement pour bâtir concrètement le pacte annoncé ».
« C’est l’électrochoc que j’attendais… c’est ça que nous attendons du Président de la République » a-t-il déclaré.
Bernard Vivier, Directeur de l’Institut supérieur du travail et spécialiste du patronat, considère que « la réaction rapide du MEDEF aux vœux de l’Elysée et la réaction de surprise des syndicats donne l’impression que la déclaration du Président –quelque chose qui ne se fait pas en l’air, dont on prépare le terrain avant– a été pensée avec un téléphone entre le MEDEF et l’Elysée".
"Téléphone" ? Peut-être. Mais il n’est pas nécessaire, puisque tout ce beau monde se rencontre régulièrement, officiellement, et aussi probablement plus discrètement.
Ainsi, le 17 décembre 2012, alors que Pierre Gattaz n’est que candidat à la succession de Laurence Parisot à la tête du MEDEF, le Président de la République, accompagné d’Arnaud Montebourg, a visité l’usine Radiall fondée par le père et actuellement dirigée par le fils. Puis, le 2 avril 2013, François Hollande a décoré Yvon Gattaz Grand-Croix de la Légion d’honneur.
Quelqu’un qui déclare qu’il faut supprimer les syndicats mérite bien au moins cela !
Mais, de même « qu’il y a plusieurs demeures dans la maison du père », il y a plusieurs façons de liquider les syndicats. Le patronat a toujours eu un penchant pour la méthode brutale, et il faut bien le dire, un peu frustre. Interdire les syndicats peut sembler efficace, mais seulement à court terme, car l’Histoire démontre que la classe ouvrière, même dans le contexte de la dictature, reconstruit sous des formes adaptées ses propres organisations.
C’est pourquoi d’autres préfèrent une politique plus soft, et s’efforcent, de multiples façons, d’associer les syndicats à la mise en œuvre de leurs politiques.
François Hollande et la plupart de ceux qui nous gouvernent, formés dans les bonnes écoles chrétiennes, préfèrent certainement cette seconde formule conforme au principe de subsidiarité, que l’on retrouve comme fondement de l’encyclique Rerum Novarum publiée par le Pape Léon XIII en 1891.
Ainsi, le projet de loi du gouvernement sur le financement des syndicats s’inscrit parfaitement dans cette logique. Depuis de nombreuses années, en particulier avec la loi de 2008 sur la représentativité consécutive à la "Position commune" signée par le MEDEF, la CFDT et la CGT, les gouvernements ont multiplié les mesures qui, toutes, aboutissent à remettre en cause le paritarisme et l’indépendance syndicale au profit d’une institutionnalisation des organisations syndicales.
Ce projet de loi poursuit cette logique. Il prévoit de financer les syndicats pour leur « participation à la conception des politiques publiques »… ! Un fonds serait constitué (financé en grande partie par nos cotisations), géré « paritairement » sous la surveillance d’un commissaire du gouvernement. Les bénéficiaires devraient « rendre compte des sommes allouées au travers d’un rapport annuel public », et, "en l’absence de rendu-compte, les fonds peuvent-être suspendus", (...) « Chaque année le fonds adresse au Parlement et au gouvernement un rapport sur l’utilisation des fonds ».
La fin de l’année 2013 a été marquée par la multiplication des grèves. Compte tenu des mesures annoncées par le gouvernement et de l’aggravation de la politique d’austérité, il est certain que 2014 va connaître encore de nombreux conflits. Le gouvernement et le patronat cherchent à domestiquer les syndicats. Ils n’y parviendront pas. Aucune de ces manœuvres n’empêchera la classe ouvrière de défendre ses intérêts. Nous allons certainement vers des grèves de grande ampleur. Il faudra bien que ces mouvements convergent dans une sorte de « TOUS ENSEMBLE ».
Il nous appartient, quand les circonstances le permettent, de prendre nos responsabilités. Nous n’aurons alors aucune hésitation.
Le 29 janvier les militants de la CGT-Force Ouvrière seront en meeting à Paris. Ce meeting sera un avertissement, mais aussi et surtout une veillée d’armes.
Il y aura certainement encore d’autres tentatives pour détourner l’attention, y compris en tordant le bras au droit. Pour autant, les vrais problèmes sont bien là. La politique d’austérité atteint la limite du supportable. De plus en plus nombreux sont ceux qui pensent et qui disent qu’il faut y mettre un coup d’arrêt. Pour ce faire, il n’est d’autre solution que de bloquer le pays. C’est la grève qui est à l’ordre du jour.
Il faut s’y préparer. Il faut la préparer.

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