lu dans le DL du 14.07.2017
LE BILLET
PAR ANTOINE CHANDELLIER
Nice, un an après,
le choc des images
Demain, une fois les commémorations et la nuit passées, le deuil sera levé.
Les touristes n’ont pas attendu ce délai.
Ils sont déjà revenus sur la Prom’qui
a repris ses faux airs d’insouciance, tempérés par les marteaux-piqueurs
bétonnant ses accès.
Les Niçois, eux, n’avaient pas le cœur.
Depuis un an, ils
tentent de se remettre, touchés en ce lieu et ce jour de fête symboliques.
Leur
Promenade des Anglais, un soir de 14 juillet transformée en cimetière à ciel
ouvert.
La vie pourra-t-elle reprendre comme avant ?
Il le faut, car là est le
chemin du deuil : se tourner vers l’avenir pour se délivrer du tragique.
Un an
que le lieu ne s’était plus animé d’aucun événement, que la croisette sur la
baie des anges vivait l’étrange paradoxe d’être un décor « gelé ».
Si la
cérémonie d’aujourd’hui, à la démesure du drame subi, est indispensable
pour une renaissance, elle ne saurait suffire à éliminer les fantômes du passé.
Faire son deuil, si tant est que l’expression ait un sens, c’est aussi savoir,
comprendre.
Les proches des 86 morts, les 434 blessés et les milliers de
traumatisés psychologiques, réclament des réponses aux questions qui les
hantent depuis cette nuit d’apocalypse.
À commencer par le mobile de cet
acte fou.
Faute de lien avéré entre l’auteur et l’État islamique, il reste l’attentat
le plus meurtrier perpétré en Europe par un individu solitaire. Lahouaiej
Bouhlel était-il simplement déséquilibré, djihadiste ou les deux ?
Ce drame
aurait-il pu être évité ?
D’autres chemins, longs et pénibles, attendent ces
foyers dévastés. Sur le front de la justice, le combat ne fait que débuter.
Avec,
au bout, ni satisfaction, ni dédommagement à la hauteur de la peine subie.
Faire son deuil c’est aussi l’espoir de chasser des esprits ces images
insupportables d’un camion fauchant des vies comme dans un effroyable jeu
de quilles.
Et que Paris Match, a malencontreusement publiées hier.
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