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dimanche 30 juillet 2017

Les Crises.fr - Corbyn en Grande-Bretagne a dit la vérité sur le terrorisme, par Lawrence Davidson

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31
Juil
2017

Corbyn en Grande-Bretagne a dit la vérité sur le terrorisme, par Lawrence Davidson

Source : Lawrence Davidson, Consortium News, 10-06-2017
Les analystes créditent la forte percée du Labour aux élections de Grande-Bretagne aux problèmes économiques, mais son leader, Jeremy Corbyn, a également dit la réalité aux électeurs sur la façon dont les guerres de l’Occident au Moyen-Orient répandent le terrorisme, note Lawrence Davidson.
Le 26 mai, Jeremy Corbyn, le leader du parti travailliste britannique, a fait un discours traitant en large part de la sécurité et de la politique étrangère. Une grande partie de cette présentation était étonnamment exacte. Voilà ce qu’il a dit :
Jeremy Corbyn, le nouveau chef du Parti travailliste britannique.
– Il y a une relation de cause à effet « entre les guerres que nos gouvernements soutiennent et mènent dans d’autres pays et le terrorisme sur notre sol ». Par exemple, l’attentat à la bombe de Manchester du 22 mai, qui a tué 22 personnes, pourrait bien être lié à l’implication du Royaume-Uni dans le renversement du gouvernement libyen de Mouammar Khadafi et les guerres civiles qui ont suivi.
– Cette relation de cause à effet n’est pas une simple spéculation. « De nombreux experts, y compris des professionnels de nos services de renseignement et de sécurité, ont souligné ces liens. »
– Les gouvernements passés n’ont pas eu la volonté de régler le problème de ces connections, et aujourd’hui la population du Royaume-Uni est confrontée à une « guerre contre le terrorisme qui ne fonctionne tout simplement pas ».
– « Nous avons besoin d’une façon plus intelligente de réduire la menace de pays qui entretiennent les terroristes et génèrent du terrorisme ». Par conséquent, Corbyn a promis que, s’il était à la tête du gouvernement britannique, il « changerait ce que nous faisons à l’étranger ».
Le discours de Corbyn est inhabituel parce que les dirigeants politiques font rarement remarquer que les politiques soutenues par les principaux groupes d’intérêts (tels que les groupes d’intérêt sionistes, Saoudiens, et l’industrie de l’armement) sont vraiment des erreurs catastrophiques. Il est plus rare encore que les politiciens le fassent en public. Concernant les attaques terroristes, presque tous les dirigeants occidentaux ont blâmé « l’islam radical » (laissant de côté, bien entendu, toute référence au wahhabisme saoudien).
Le public dans son ensemble est d’accord avec cette vision parce qu’elle fait écho au message des médias qui représentent leur source d’information sur la plupart des sujets non-locaux. Les organes de presse ne leur ont jamais dit que les politiques étrangères meurtrières de leur gouvernement contribuaient au terrorisme arrivant sur leurs rivages. Et maintenant, survient le message de Jeremy Corbyn selon lequel les politiques étrangères britanniques ont quelque chose à voir avec les tragédies sur le sol britannique.
La réaction
Une telle remise en cause de la politique peut être traumatisante, les adversaires politiques de Corbyn ont donc répondu avec indignation. Par exemple, Ben Wallace, ministre d’État à la Sécurité du présent gouvernement conservateur, a qualifié les remarques de Corbyn de « grossières et épouvantablement malvenues en ce moment ». Le mot « grossier » signifie mal élevé ou vulgaire et il est difficile de voir en quoi indiquer une évidence en anglais convenable peut être qualifié de grossier.
Le Secrétaire d’État John Kerry assis avec la Première ministre britannique Theresa May dans la Chambre blanche au 10 Downing Street à Londres, le 19 juillet 2016 [Photo du département d’État]
De plus, pourquoi caractériser le timing de Corbyn, survenant peu de temps après l’attaque terroriste de Manchester, « d’épouvantable » ? Le leader du Labour aurait-il dû attendre une accalmie après de telles attaques pour que sa remarque passe inaperçue auprès du public britannique ?
De plus, Wallace s’est laissé aller à un déni mal inspiré. Il a accusé Corbyn d’avoir une appréciation des ennemis terroristes sans vision historique . Il a affirmé que « ces gens [les terroristes] détestent nos valeurs, pas notre politique étrangère ».
Il est déprimant que les conservateurs en Occident aient appris si peu – ou même quoi que ce soit – depuis 2001. C’est l’année où George W. Bush a énoncé la ligne ridiculement fausse à laquelle Ben Wallace fait aujourd’hui écho. Juste après le 11 septembre, Bush a proclamé que les terroristes agissent comme ils le font (du moins en Occident) parce « qu’ils détestent nos libertés ».
N’importe qui d’un peu au fait de la mentalité des militants au Moyen-Orient, religieux ou laïques, sait que la vaste majorité ne se soucie pas des valeurs et types de liberté qui sont les nôtres. En revanche, ils se soucient des politiques étrangères préjudiciables que nous imposons à leur pays.
Tim Farron, le leader des Libéraux-Démocrates, s’en est aussi pris à Corbyn parce qu’il utilisait l’attaque terroriste de Manchester à « des fins politiques ». Apparemment, cependant, c’est quelque chose qui a fait défaut à Farron. Ce qui est important dans la déclaration de Corbyn est qu’il contextualise correctement, non seulement l’attaque de Manchester mais la plupart des autres attaques terroristes en Occident. Le message de Corbyn est une analyse historique exacte qui a des implications politiques.
A quoi sert la vérité?
Les hommes politiques ont, selon toute évidence, un intérêt personnel à nier qu’ils ont mal interprété, mal jaugé, et persistent encore aujourd’hui dans de mauvaises politiques qui ont entraîné mort et destruction, aussi bien pour leurs propres concitoyens que pour les autres. Il est certain qu’une sorte de myopie induite par un intérêt particulier autorise certains d’entre eux à croire que s’ils s’en tiennent simplement à leur stratégie, ils l’emporteront.
Le président George W. Bush annonçant le début de l’invasion de l’Irak le 19 mars 2003.
C’est certainement le cas du président Donald Trump. Après la dernière attaque terroriste de Londres, il a lâché une bordée de tweets disant au monde « nous devons cesser d’être politiquement corrects et nous mettre au travail pour assurer la sécurité de notre peuple ».
Cela s’accorde bien au commentaire public de Theresa May selon lequel le gouvernement britannique était « trop tolérant » envers les terroristes. Ces mots ont peu de sens en réalité. Ils s’agit davantage de mots codés pour continuer la violence occidentale au Moyen-Orient, que M. Corbyn a correctement identifiée comme la raison première des attaques terroristes dans notre partie du monde.
Un récent sondage britannique, mené juste avant les élections du 8 juin, indiquait que 75 % des personnes interrogées croient aujourd’hui que Jeremy Corbyn a raison et qu’il y a un lien entre l’intervention dans le marasme du Moyen-Orient et le terrorisme au Royaume-Uni. Les sondeurs affirment que l’échantillonnage est représentatif de la population dans son ensemble.
Puis, le 9 juin, le Royaume-Uni a eu ses élections générales. Résultat, les Conservateurs restent le plus important parti au parlement, mais avec un nombre de sièges sérieusement réduit. Pour gouverner avec une majorité nette, un parti a besoin de 326 sièges. Les Conservateurs n’en ont remporté que 319 face aux 261 du Labour. Il y a plusieurs autres partis, comme les Libéraux-Démocrates mentionnés plus haut, mais leur nombre de sièges est bien inférieur. Par exemple, les Lib-Dem n’ont remporté que 12 sièges. Au total, ce fut comparativement une victoire pour le Labour et une défaite pour les Conservateurs.
Les gens ont voté pour de nombreuses raisons – principalement locales par essence (d’où la notion de vote selon son portefeuille). Cependant, le terrorisme est un facteur qui envahit l’espace local de citoyens britanniques de plus en plus nombreux, et nous pouvons donc clairement supposer que certains au moins de ceux qui ont soutenu le Labour dans ces élections l’ont fait parce qu’ils ont écouté la mise en garde de Corbyn sur les liens entre la politique étrangère actuelle du Royaume-Uni et l’insécurité nationale. Tout comme ceux qui ont mis leurs espoirs dans un Parti conservateur gardant sa ligne ont voté par inadvertance et dans le même temps pour un terrorisme sans fin dans leur propre quartier.
Lawrence Davidson est professeur d’Histoire à l’université West Chester en Pennsylvannie.
Source : Lawrence Davidson, Consortium News, 10-06-2017
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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