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Il se passe tous les jours quelque chose à l’UMP
L’«affaire Copé » et « l’affaire Buisson » font les affaires de Fillon
Publié le 05 mars 2014 à 16:00 dans Politique
L'AUTEUR
La
France n’a jamais eu Président et gouvernement plus impopulaires mais c’est
pourtant la droite classique qui explose sous nos yeux. En quelques jours, les affaires Copé et
Buisson ont en effet mis le feu à l’UMP. Autre bizarrerie : c’est, pour
l’essentiel, une presse plutôt classée à droite qui a fait le boulot. Ainsi, il
y a une semaine, Le Point publiait une enquête sur les
méthodes présumées de Jean-François Copé. Le président de l’UMP aurait favorisé
certains de ses proches dans l’organisation d’événements pendant l’élection
présidentielle. Jusqu’ici, cela ne casse pas trois pattes à un canard… Mais ces
proches auraient surfacturé lesdits meetings, ce qui s’avère un peu plus
gênant, d’autant que le Conseil constitutionnel a rejeté les comptes du
candidat Sarkozy pour dépassement du plafond de dépenses autorisé. D’autres
accusations, plus graves, concernant la vente d’immeubles nationaux à un
investisseur qatari lié à des proches de Jean-François Copé alors que ce
dernier occupait le ministère du budget, complètent le dossier d’accusation.
En
réplique, le président de l’UMP a déposé plainte pour diffamation, expliquant
qu’aucune preuve n’avait été apportée par le journal encore dirigé pour
quelques jours par Franz-Olivier Giesbert, qu’il accuse d’organiser une chasse
anti-Copé. Nous ne pouvons évidemment qu’attendre les décisions de la justice
avant de nous prononcer définitivement sur ces affaires. Toutefois, nous
observons d’une part que le premier cercle des sarkozystes a soutenu Copé comme
la corde le pendu, certains silences, comme celui de la
« sarkopéiste » Nadine Morano se révélant assourdissants. D’autre
part, la journée de lundi, durant laquelle Copé a annulé au dernier moment un
passage sur RMC-BFMTV1 pour
faire une déclaration solennelle avec propositions de loi, mise sous scellés
des comptes de l’UMP et tutti quanti. Pour mesurer l’étendue des dégâts, il
fallait écouter Alexis Brézet, directeur du Figaro, souligner le ridicule de l’allocution du président
de l’UMP. Si cette journée a été pensée par ses amis communicants de Bygmalion,
on peut en déduire, au moins pour cette prestation, que la surfacturation est
avérée dès le premier euro dépensé par Copé !
Alors
que les éditorialistes se demandaient jusqu’à quand Copé pourrait se maintenir
à la tête de l’UMP, Le Canard Enchaîné confirmait
– pièces à l’appui – un autre scoop du Point, éventé il y a quelques semaines. Contrairement
aux dénégations de Patrick Buisson, le conseiller de Nicolas Sarkozy
enregistrait bien des conversations à l’Elysée pendant des réunions auxquelles
participait notamment le Président de la République. Et le site Atlantico, lui
aussi classé à droite, de mettre en ligne ce matin plusieurs extraits des
fameuses conversations enregistrées par le conseiller. Cette fois-ci, le
premier cercle sarkozyste a réagi, Brice Hortefeux et Henri Guaino dénonçant
« la trahison » et le « viol » du secret présidentiel.
Quoi
qu’il en soit, on peut déjà formuler quelques conclusions politiques. Le
théoricien de la campagne identitaire de l’ex-président a d’ores et déjà
terminé sa carrière de conseiller politique. Au-delà de sa personne, tous ses
proches, comme Guillaume Peltier, pourraient subir des dommages collatéraux.
Liée à l’affaire Copé, lequel prêtait parfois son oreille à Buisson, le
scandale des enregistrements porte un sacré coup à la stratégie buissonienne.
Ses pourfendeurs, de Jean-Pierre Raffarin à NKM en passant par Alain Juppé et
François Baroin, auront beau jeu de la disqualifier en brandissant les
pratiques de son inspirateur. Et si Sarkozy revient en 2017, il ne pourra pas
refaire la même campagne qu’en 2012. Cela tombe bien : depuis quelques
temps, on parle d’un retour recentré. Et si, comme Marine Le
Pen le prédit, l’ex-président ne revient pas, Alain Juppé pourrait
(re)devenir, à 68 ans, le nouveau chef, ce qui ouvrirait un boulevard à droite
à la présidente du FN.
Car si la fameuse stratégie de
Buisson se trouve médiatiquement disqualifiée, elle reste peut-être la plus
efficace pour contenir la poussée mariniste. Resterait alors une carte à jouer
pour l’UMP, celle initiée l’automne dernier par François Fillon et moquée par
le tout-Paris médiatique.
Fillon
a toujours gardé des distances avec Buisson mais avait tenu à faire savoir
qu’il était lui-même « beaucoup plus à droite qu’on ne le disait ».L’ancien
Premier ministre avait même fait évoluer sa position par rapport au FN, semant
le trouble parmi quelques amis. Qui sait si cette stratégie-là n’aura pas été
plus habile qu’il n’y paraissait aux yeux des éditorialistes ? En se
plaçant au centre de gravité2 de
la droite et en misant tout sur des primaires qui demeurent aujourd’hui la
seule planche de salut pour que l’UMP accède au second tour dans trois ans,
François Fillon n’est-il pas le seul adhérent de l’UMP à sortir vainqueur de
cette séquence médiatique ?
1.
Il ne faut jamais annuler un passage chez Bourdin au dernier
moment. Il déteste ça. Et en mesure de rétorsion, l’intervieweur invite…
Franz-Olivier Giesbert. ↩
2.
Fillon confirme encore ses derniers jours sa droitisation dans
un entretien accordé à La Croix. ↩
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