POLITIQUE - Il n'a pas précisé si Matignon avait donné son autorisation avant cette interview, ni s'il avait soumis la formule à François Hollande, mais Arnaud Montebourg semble déjà avoir oublié les consignes de solidarité gouvernementale édictées par le couple exécutif la semaine dernière. Le gouvernement a enterré son projet de nouvelle taxe sur les entreprises, le ministre du Redressement productif a souligné l'influence du Medef auprès du gouvernement.
C'est le ministre de l'Economie Pierre Moscovici, invité du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, qui a annoncé la nouvelle dimanche 7 octobre. Le gouvernement a abandonné la taxe sur l'excédent brut d'exploitation (EBE) des entreprises, inscrite au projet de budget 2014 présenté le 25 septembre. "La politique, c'est aussi de la psychologie", a souligné le ministre, qui avait notamment reçu ces derniers jours le patron du Medef, Pierre Gattaz, en pointe dans le combat contre le projet.
"C'est une décision qui a été prise au plus haut niveau de l'Etat, et donc nous en sommes tous solidaires et informés", a précisé au même moment Arnaud Montebourg, lors d'un débat sur BFMTV avec l'un des vice-présidents du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. "Le gouvernement discute avec tout le monde et je ne crois pas qu'on puisse lui reprocher. N'est-ce pas Monsieur de Bézieux, qui maintenant à son lit de camp dans le bureau du ministre du Budget [Bernard Cazeneuve] ? Le numéro 2 du Medef a répondu dans un sourire : "N'exagérons rien"."On a évité une nouvelle révolte des Pigeons parce que cette taxe, tous les entrepreneurs, les petits et les grands, étaient contre", a poursuivi ce dernier. Dans un communiqué, la principale organisation patronale a accueilli positivement la nouvelle et la perspective des assises de la fiscalité, mais déploré la surtaxe temporaire sur l'impôt sur les sociétés.
Pierre Moscovici a récusé un recul de l'exécutif "sous la pression". "Nous avons estimé au final qu'il ne fallait pas créer un nouvel impôt sans avoir réfléchi à l'ensemble de la structure d'imposition des entreprises", a-t-il justifié, plaidant pour une fiscalité qui pèse "moins sur les facteurs de production". "Nous voulons aussi continuer à réfléchir sur le coût du travail dans ce pays", a-t-il ajouté.
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