| | Hadrien Mathoux Directeur adjoint de la rédaction RN et "natios" corses, un rapprochement qui en dit long
Une implantation locale vaut bien quelques entorses aux principes idéologiques. Ainsi a-t-on récemment appris qu'en Corse, le Rassemblement national se rapprochait de Mossa Palatina, un mouvement identitaire local dont le chef de file, Nicolas Battini, a été condamné à huit ans de prison pour avoir participé à un attentat à la voiture-bélier contre la sous-préfecture de Corte en 2012. Voilà donc un parti nationaliste, le RN, qui décide de s'associer avec un groupuscule littéralement anti-français.
Certains expliqueront que tout cela est bien naturel, puisqu'une sensibilité décentralisatrice a toujours existé à l'extrême-droite. Résurgence de la France d'Ancien régime, elle défend les particularismes locaux, les traditions enracinées dans les terroirs, l'autonomie des vieilles provinces face à un État central accusé d'écraser les « petites patries ». Il est vrai que dès la Révolution, et plus particulièrement sous la IIIe République, les jacobins se sont donnés pour mission d'éradiquer l'influence des coutumes ancestrales et autres patois, jugés comme étant des obstacles à l'émancipation des citoyens.
Mais en réalité, le RN ne s'est jamais situé dans cette filiation maurrassienne et girondine. Le parti fondé par Jean-Marie Le Pen défend, de longue date, une vision centralisatrice de la République, qui correspond bien à son tempérament autoritaire et à son inscription dans une droite bonapartiste. Le programme de Marine Le Pen à la présidentielle s'inscrivait dans cette fibre jacobine : alors que la majeure partie de la classe politique s'est fondue dans une sorte de consensus mou prônant davantage de décentralisation, le RN réaffirmait l'indivisibilité de la République et continue même de défendre la suppression des régions.
Voilà donc Philippe Olivier, conseiller spécial de Marine Le Pen et stratège du parti, qui annonce dans Le Figaro acter « une démarche plus à l'écoute des identités régionales », assumant de représenter un électorat qui « vote souvent autonomiste aux élections locales et RN aux élections nationales ». Cette « approche plus girondine » est même appelée à se décliner dans d'autres régions marquées par des revendications autonomistes, comme « la Bretagne, l'Alsace ou même la Picardie ». En clair, tant que les fondamentaux lepénistes sur l'immigration sont respectés, la remise en cause de la République une et indivisible n'est plus un problème. Pour arriver au pouvoir, le RN est décidément prêt à toutes les contorsions. Twitter @hadrienmathoux
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