Tous pour un, un contre tous. A partir de ce lundi 1ᵉʳ décembre, la crème des experts mondiaux sur le climat est rassemblée à Saint-Denis, aux portes de Paris, pour plancher sur leurs futurs rapports d’évaluation scientifique – le dernier remonte à 2023. D’ordinaire, les trois groupes de travail formant le cénacle onusien du Giec se réunissent séparément, et sans grand bruit médiatique, mais cette année, alors que le consensus scientifique sur le réchauffement est attaqué de toutes parts, et notamment par le climatosceptique en chef de la planète – le président américain Donald Trump estime les travaux du Giec contraires aux intérêts de son pays –, les quelque 600 chercheurs mettent en scène leurs retrouvailles.
Avec la complicité du gouvernement français, qui s’apprête à célébrer en décembre les dix ans de l’accord de Paris, et ce dans un contexte géopolitique bien moins porteur qu’il y a une décennie.
Il y a urgence à faire de la pédagogie sur le rôle essentiel du Giec : comme les textes conclusifs des COP, les résumés de ses rapports destinés aux responsables politiques doivent en principe être adoptés à l’unanimité des Etats membres. «Cette instance fonctionne par consensus. Et si un pays, quel qu'il soit, s'oppose au compte rendu, eh bien le compte rendu ne peut pas être approuvé. Chaque pays a une sorte de droit de veto», décodait ainsi vendredi le climatologue français Robert Vautard, à la tête du groupe 1. Une manière de suggérer que la paralysie que connaissent les sommets climatiques depuis au moins la COP de Dubaï pourrait un jour gagner le Giec.
S’ils venaient à manquer de courage, les experts n’auraient qu’à lever les yeux vers l’Asie où, ces derniers jours, la mousson version 2025, avec son cortège de tempêtes, d’inondations, de crues soudaines et de glissements de terrain, sème la mort, du Sri Lanka à l’Indonésie en passant par la Malaisie et la Thaïlande, avec déjà plus de 1000 décès en moins d’une semaine. L’étude des événements extrêmes de ce genre, qui s’intensifient avec le changement climatique, est justement au menu du septième cycle de travail du Giec. Ce lundi matin, le président du groupe d’experts, le Britannique Jim Skea, a tenu à rassurer : «Notre mission reste claire : elle est de fournir aux gouvernements des informations pertinentes pour l'action publique et scientifiquement neutres.» Ou comment rappeler que, malgré les vents contraires, la science restera la boussole du Giec. 
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