Tout comme la choucroute de la mer et l’idée de faire la queue devant un restaurant, le « small talk » – une courte et superficielle discussion – est l’une des choses que je déteste le plus au monde. On n’a pas besoin de discuter de la météo dans la salle d’attente de notre généraliste juste parce que nos manteaux sont trempés.
Il y a aussi de grandes chances que je me fiche de connaître la liste des ingrédients de votre sandwich idéal, même si je viens de grimper dans l’ascenseur avec le mien. Quid aussi de cette personne qui me tapa récemment sur l’épaule à 2 heures du matin, au beau milieu de la soirée d’anniversaire d’une amie, pour me tirer jusqu’à une table et lâcher ce fatidique : « Et du coup, toi, tu fais quoi dans la vie ? » ?
Le fait est qu’il m’arrive d’avoir de la tendresse pour le small talk. Quand il enfile son petit manteau, ses bottes de pluie, remballe son sandwich et que je le vois de dos, filer dans la brume. J’ai de la tendresse pour le small talk quand il s’arrête. Et pour les conditions qu’il établit en faveur de la conversation, la vraie, entre deux personnes qui ont ressenti une connivence et l’envie de s’en dire un peu plus. C’est une histoire de consentement, un art de l’invitation. Je peux aussi souffrir le small talk quand il revient sur la pointe des pieds dans une relation amoureuse et que l’on s’est accordé ensemble sur sa définition. Je connais quelqu’un qui, affligé par lui-même, peut s’interrompre au milieu du récit de sa propre journée pour dire : « Oh mais c’est pas intéressant, ça ! » On peut décider que ça l’est.
Ce billet horrifierait l’écrivain vidéaste Patrick Baud. « Je me suis toujours demandé pourquoi on ne parlait pas directement des choses intéressantes au début d’une conversation », dit-il en ouverture de chaque épisode de son podcast « Continue tu m’intéresses ».
Depuis l’été 2025, l’homme – féru de sciences et d’histoires en tous genres – propose à des personnalités de discuter exclusivement des choses qui les passionnent. La dessinatrice et vulgarisatrice scientifique Marion Montaigne y parle de son intérêt pour la reproduction des mouches drosophiles, tandis que l’autrice Sophie-Marie Larrouy évoque sa recherche perpétuelle de la joie. Ce qui est complètement mon genre de talk. Ecoutez-le !
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