“Le 15 mai, l’armée israélienne a pris d’assaut notre quartier et s’est mise à bombarder la zone à l’aveugle. Nous avons fui notre domicile au milieu des tirs et des bombardements, sans rien emporter. Nous avons couru dans la rue et erré sans but sur un chemin inconnu. Nous avons compris que nous étions revenus à la pire souffrance – le déplacement.
Nous nous sommes réfugiés chez ma fille dans la ville de Gaza. C’est un petit logement – deux chambres, un petit salon et une cuisine. Elle, son mari et leurs deux enfants ont pris une chambre et nous nous sommes installés dans l’autre. Après trois mois de fermeture des points de passage, même si on trouvait encore de la farine, son prix était inimaginable. Pour retirer de l’argent, il faut payer jusqu’à 45 % de commission.[...]
Voir nos enfants souffrir de la faim nous brise le cœur. Il n’y a rien pour se nourrir. La vie à Gaza est devenue invivable. Nous sommes dans une situation humiliante et dégradante.[...]
On nous assiège, on nous affame. Je n’ai pas honte de le dire publiquement : j’ai faim, comme ma famille et mes enfants. Je dis la vérité telle qu’elle est. La faim est insupportable. Nous ne sommes pas faibles, mais la guerre nous a cassé les os et le siège nous a creusé le ventre. Nous ne sommes pas des mendiants. Nous sommes des personnes qui avons des droits fondamentaux. Nous sommes des habitants de ce territoire.
Je dis ce que je ressens – ce que ressentent tous les foyers à Gaza. Nos enfants ont faim et nous nous battons pour survivre. Nous nous battons pour la moindre bouchée de nourriture. Nous nous battons pour vivre.[...]
Après que nous avons été déplacés de notre maison dans le nord au cours de la dernière incursion, les forces israéliennes ont avancé dans notre quartier sur une courte période et ont détruit toutes les maisons. La nôtre en faisait partie. Elle a été détruite sauvagement. Ils ont détruit nos souvenirs dans cette maison, tous les moments que nous y avions vécus pendant neuf ans.[...] Aujourd’hui, il ne reste plus rien.[...]
Nous ne mourons pas seulement sous les bombes. Nous mourons aussi de faim.
La faim détruit des logements, elle fait pleurer les personnes âgées comme des enfants et le pain est devenu un rêve.
L’humiliation. Le déshonneur. Le meurtre. La brutalité. Le sang. Le chagrin. La peine.
Nous sommes des morts-vivants, enveloppés dans nos linceuls. Nous n’allons pas bien.” |
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