L'opéra urbain « La Porte des ténèbres » qui a occupé les rues de Toulouse du 25 au 27 octobre, n'a pas fait l'unanimité comme disait le souhaiter son directeur artistique. Issu du festival « Hellfest » (fête de l'enfer) de Clisson (Loire-Atlantique), il cumule des symboles sataniques que dénoncent les Églises chrétiennes, catholique et protestante.
La Ville rose a accueilli dans ses rues le grand opéra de la Machine « La Porte des ténèbres », du 25 au 27 octobre. « Je veux réunir tout le monde dans la ville pour créer un événement heureux » avait annoncé François Delarozière, directeur artistique de la Compagnie La Machine. Tout le monde ? « La Porte des ténèbres » est loin d'avoir fait l'unanimité chez les chrétiens. « Ce spectacle prône tout ce qui est diabolique » ont dénoncé les représentants de la Fédération protestante de France. Pour l'archevêque de Toulouse, Mgr Guy de Kerimel, cet opéra urbain est porteur d'« une symbolique satanique qui véhicule des messages de haine antichrétiens ». (La Dépêche, 17 octobre). A l'occasion du 350e anniversaire des apparitions du Christ à sainte Marguerite-Marie, l'archevêque a répondu en célébrant, le 16 octobre, une « messe de consécration du diocèse de Toulouse au Sacré-Cœur de Jésus », « victoire ultime du Christ sur la mort, sur les ténèbres », en l'église du Sacré-Cœur, placée en la circonstance sous surveillance policière. Il faut « redonner de l'espérance » à une société qui se laisse « fasciner par les ténèbres », a dit l'archevêque dans son homélie.
« Grande fête pour la ville » selon ses organisateurs, La Porte des Ténèbres « fait bondir les Églises catholique et protestante de la Ville rose qui y voient « l'éloge des ténèbres », confirme Sud-Ouest (19 octobre). Le quotidien précise qu'il s'agit du « plus grand spectacle jamais monté par la compagnie de théâtre de rue La Machine » avec « trois géants de bois et d'acier » parcourant la Ville rose « à quelques jours d'Halloween et de la fête catholique de la Toussaint ». Il s'agit d' « Astérion le Minotaure, mi-homme mi-taureau , et de sa demi-sœur Ariane, araignée de 38 tonnes et 20 m d'envergure ». Ces deux géants, poursuit Sud-Ouest, ont été rejoints cette année par « Lilith, mi-femme à cornes de bouc, mi-scorpion à pattes de crabe, construite pour l'édition 2024 du « Hellfest », festival de musique métal organisé près de Nantes, l'autre port d'attache de La Machine. » Rappelons que « Hellfest » signifie « fête de l'Enfer » et que Lilith représente « la Gardienne des Ténèbres ». Les organisateurs du spectacle la décrivent comme celle qui « contrôle le passage entre notre monde et celui des enfers ». Le prologue de l'opéra est assez explicite : « Chassée du jardin des Hespérides, Lilith, la femme scorpion, a trouvé refuge dans les profondeurs de la Terre. Libérée par Hadès, roi des enfers, elle erre de ville en ville à la recherche d'âmes damnées pour agrandir son peuple et son pouvoir ». La scène I du premier acte met en scène « trois signes prodigieux », à savoir « la croix de Satan, le Sigil de Lucifer et le signe de la bête ».
Il s'agit donc bien d'un « opéra urbain aux références sataniques infligé aux Toulousains » relève Aleteia (15 octobre). Ce site catholique a vu « sur l'affiche qui présente le spectacle, (...), une multitude de références peu rassurantes : églises dévorées par le feu, squelettes ambulants, ici un ange, là une créature rouge avec une tête de veau... » Ces églises embrasées rappellent le slogan qu'on avait vu fleurir sur les réseaux sociaux après l'incendie de Notre-Dame de Paris : « La seule église qui éclaire est une église qui brûle » (cf. LSDJ n°2294) . A ceux qui minimisent cette mode satanique au nom de la licence poétique et de la liberté de la création, on peut répondre par une autre citation : « La plus grande ruse du démon, c'est de faire croire qu'il n'existe pas » (Baudelaire). Si l'on suit le poète, Lucifer serait convaincu d'avoir réussi puisqu'il se montre...à tous les coins de rue ! « Il y a des gens qui se complaisent à regarder des films d'horreur, mais notons qu'il faut payer pour y accéder. Là, nous n'avons plus qu'à nous terrer chez nous si nous n'avons pas envie d'assister à tout cela, et ce pendant trois jours. Par les dimensions des structures, particulièrement imposantes, il est difficile d'échapper à ce triste spectacle » déplore Mgr de Kérimel dans un entretien accordé à Aleteia (15 octobre). Mais pour France 3 Occitanie (23 septembre, en lien ci-dessous), « cette position du diocèse de Toulouse est un nouvel épisode de la polémique, alimentée par l'extrême droite et les mouvements complotistes, autour de ce spectacle depuis plusieurs mois ». En somme, pour la chaîne de service public, Mgr de Kérimel, Eric Zemmour, Marion Maréchal, même combat !
Philippe Oswald
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