Lu dans le DL du 20.12.2018
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
Tous pourris,
sauf le peuple ?
Autrefois, c’était simple. Les gens défilaient au cri de « Pompidou, des
sous ! », tout le monde pouvait comprendre.
On en réclamait beaucoup,
le Président en accordait un peu, et la vie reprenait jusqu’à la prochaine
grève.
Aujourd’hui, même si la quête de pouvoir d’achat reste primordiale, les choses ne sont plus aussi simples.
Les revendications de la frange
radicale des “gilets jaunes” semblent une liste à la Prévert.
Elles
s’éparpillent tous azimuts, papillons fous au vent d’hiver. Augmenter les
services publics, baisser l’impôt, dissoudre l’Assemblée, révoquer les
élus, destituer Macron, envoyer paître syndicats et partis politiques,
remplacer la presse par les réseaux sociaux…
Martelé depuis des décennies par nombre d’irresponsables, le “tous
pourris” trouve ici son épilogue logique.
Mélenchon voulait du « dégagisme », il en a.
Sans garantie aucune de ne pas finir dans la future charrette
des “dégagés”…
Seule Marine Le Pen, selon les récents sondages, tire
profit de la sombre aventure.
Rien d’étonnant, puisque la révolte fiscale
tourne au rejet complet des institutions républicaines.
Les protestataires
nient carrément le bien-fondé de notre « démocratie représentative ».
Ils
prônent maintenant un remède miraculeux à défaut d’être neuf : le RIC.
Sur chaque sujet, à son initiative, le peuple pourra provoquer un
référendum et trancher.
Faire passer une loi, en abolir une autre, virer son
député, au gré des humeurs citoyennes…
Voilà qui implique une révision
de la Constitution, avec un débat approfondi sur l’encadrement du
processus.
Mais qui parlera au nom des “gilets jaunes” ?
Des chefs de
ronds-points tirés au hasard, peut-être.
Ou alors Francis Lalanne, qui, aux
dernières nouvelles, s’applique à structurer le mouvement.
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