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mardi 1 janvier 2019

Accusé de réduire les gilets jaunes à "l'ultradroite", Castaner s'attire les critiques de toute part - le 24.11.2018




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POLITIQUE
24/11/2018 14:56 CET 

Accusé de réduire les gilets jaunes à "l'ultradroite", Castaner s'attire les critiques de toute part

Dans un contexte de violences ce 24 novembre sur les Champs-Elysées, les oppositions demandent au ministre de ne pas faire d'"amalgame".


Par Anthony Berthelier

En réduisant les gilets jaunes à "l'ultradroite", Castaner (ici en novembre 2018) s'attire les critiques de toute part


POLITIQUE - Dans la rue, sur les réseaux sociaux et devant les micros: la grogne est partout en ce samedi 24 novembre. Et ce sont les gilets jaunes qui cristallisent toute l'attention. Des milliers de ces Français en colère contre la hausse des taxes sur les carburants - mais pas seulement - ont convergé vers Paris pour faire entendre leur voix près du palais présidentiel, après six jours de mobilisations en province. Seulement très rapidement, le mouvement a été rejoint par quelques dizaines de manifestants radicaux, qualifiés de "séditieux d'ultradroite" par Christophe Castaner.
Le ministre de l'Intérieur s'est exprimé à la mi-journée devant quelques caméras pour dresser un premier bilan de cette mobilisation imprévisible, marquée par de nombreux heurts sur les Champs-Élysées. Soulignant un "fort affaiblissement de la mobilisation et pointant l'implication de "l'ultradroite" dans les violences, Christophe Castaner s'est attiré les foudres de toutes les oppositions.
Selon le ministre, les forces de l'ordre ont "repoussé les séditieux" qui "ont répondu à l'appel notamment de Marine Le Pen et veulent s'en prendre aux institutions comme ils veulent s'en prendre aux parlementaires de la majorité." Une attaque frontale que la présidente du Rassemblement national n'a pas laissé passer. Mais d'autres ont également fustigé les mots du ministre regrettant la "manipulation" du gouvernement qui chercherait à réduire les gilets jaunes à des membres de groupuscules extrêmes et ainsi discréditer leur mouvement.

Castaner, "la grosse ficelle"?

Marine Le Pen a immédiatement expliqué n'avoir "jamais appelé à quelque violence que ce soit", accusant le gouvernement "d'organiser la tension" et de faire d'elle un "bouc émissaire". "Aujourd'hui Christophe Castaner utilise cette question pour me cibler. C'est minable et malhonnête à l'image de l'auteur de cette manipulation politicienne", avait-elle également tweeté.
"Depuis le début de ce mouvement, on a le sentiment que le gouvernement organise la tension et quand le gouvernement a cette volonté, il y arrive", a ajouté la finaliste de la présidentielle 2017. Dans la lignée de Marine Le Pen, le vice-président du Rassemblement national Louis Aliot dénonce "la grosse ficelle de Castaner."
Nicolas Dupont-Aignan, patron de Debout la France particulièrement en pointe dans ce mouvement social, a également fustigé le procédé du gouvernement consistant à "créer des polémiques sur quelques imbéciles pour discréditer le mouvement."
Mais au-delà de l'extrême droite, plusieurs responsables d'opposition accusent le ministre de réduire le mouvement populaire et spontané des gilets jaunes à des groupes radicaux issus, par exemple, de la mouvance ultradroite.

Manifestation du peuple ou de l'ultradroite?

Le chef des Insoumis à l'Assemblée Jean-Luc Mélenchon a fustigé l'attitude du ministre et affirmé que la mobilisation massive était celle du peuple. "Castaner voudrait que la manifestation des gilets jaunes soit d'extrême droite et peu nombreuse. La vérité est que c'est la manifestation massive du peuple. Et ça, c'est la fin pour Castaner", a-t-il jugé.
Quelques minutes plus tard, Jean-Luc Mélenchon a exhorté ses troupes à soutenir, encore, la bataille via une vidéo selfie publiée sur son compte Twitter, dénonçant, pour sa part la "propagande du gouvernement."
"Castaner est un irresponsable! Il invente et en rajoute contre un 'péril jaune fluo' d'extrême droite pour seulement insulter le peuple en colère. Les vrais séditieux sont au gouvernement", a renchéri le député Insoumis de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière. Même son de cloche pour le chef de file des communistes aux prochaines européennes Ian Brossat, comme vous pouvez l'entendre ci-dessous. "Alors que des violences ont eu lieu sur les Champs-Elysées, il joue le pourrissement et fait le choix de ne pas répondre à la légitime indignation populaire" a pour sa part déclaré Fabien Roussel, le probable-futur-nouveau secrétaire national du PCF qui ajoute: "la colère ne se déclare pas en préfecture".
La porte-parole des Républicains Lydia Guirous et le député Rassemblement national Sébastien Chenu ont eux appelé le ministre de l'Intérieur à ne pas faire d'"amalgame" entre les manifestants pacifiques, dont ils estiment la colère justifiée, et les casseurs.
Une expression particulière quand on sait qu'elle est souvent utilisée pour exhorter les responsables d'extrême droite à ne pas tout mélanger, sur d'autres sujets.
"Ça vous arrange de caricaturer, ça ne vous dispense pas de nous écouter" a également cinglé le député Les Républicains Guillaume Peltier dans une sorte de convergence des luttes de circonstance.
Outre ces "amalgames", la prise de parole de Christophe Castaner en ce samedi 24 vient ponctuer une semaine où le ministre, jour après jour, n'a cessé de durcir le ton. "A Paris, mais pas seulement à Paris, en province aussi nous avons des alertes sérieuses" sur des éléments qui "pourraient contribuer avec violence aux manifestations des gilets jaunes, dont j'ai pu évoquer samedi dernier le caractère bon enfant. Ce n'est plus le cas", a-t-il mis en garde ce samedi, après avoir déjà accusé des gilets jaunes d'avoir attaqué son domicile provençal.
Le gouvernement avait été accusé de manipulation dès jeudi en autorisant la manifestation sur le Champ-de-Mars (un lieu dont les manifestants ne voulaient pas en raison de sa superficie) où en rappelant avec insistance la constance d'un risque terroriste. Deux procédés qui avaient pour but, selon les gilets jaunes et leurs soutiens, de décourager les manifestants de converger vers Paris et de se rapprocher de l'Élysée.
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