Lu dans le DL du 7.11.2018
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
Mourir pour la patrie,
ou le pouvoir d’achat ?
Le triste novembre, c’est le mois de Baudelaire : « Les morts, les
pauvres morts, ont de grandes douleurs ».
Ceux de Marseille, par exemple, enfouis sous les gravats de la rue
d’Aubagne.
Ils avaient le seul tort de n’être pas assez riches pour aller
payer leur loyer ailleurs.
Trois immeubles insalubres se sont effondrés,
là-bas, comme dans n’importe quelle ville du tiers-monde.
La faute à la
mairie, aux propriétaires, aux marchands de sommeil, à l’administration
?
Sans attendre le requiem, ni le décompte des victimes, la
polémique bat déjà son plein.
Ceux de 14-18, aussi, à qui Emmanuel Macron rendait hommage hier.
L’écrivain Maurice Genevoix, qui fut leur camarade de tranchée, entrera
bientôt au Panthéon.
Et, avec lui, tous les Poilus !
Le centenaire de la
Grande Guerre, suicide collectif du Vieux Continent, donne l’occasion
d’interroger l’avenir.
En dépit de ses multiples défauts, l’Union européenne
a su jusqu’alors préserver l’essentiel : la paix et la démocratie.
Ce
serait une erreur fatale de les croire acquises pour l’éternité.
Il n’y a pas
de « Der des Ders », aucune fin heureuse de l’Histoire. La barbarie,
toujours vivante, ne demande qu’à ressurgir au tournant de l’oubli ou de
l’ignorance.
« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que
nous sommes mortelles », écrivait Paul Valéry au lendemain de l’Armistice.
Bien avant le djihad, les crises migratoires, la mondialisation…
Le
Président, au fil de son « itinéraire mémoriel », ne fut pourtant pas
interpellé là-dessus.
À Verdun, près des immensités de croix blanches, on
lui parle avec colère… de la hausse du carburant.
Lui, si ça continue, ne
tombera pas pour la patrie, mais plutôt sur la question du pouvoir d’achat
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