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samedi 12 mai 2018

La saga moscovite de Jean-Luc Mélenchon


12 mai 2018

La saga moscovite de Jean-Luc Mélenchon

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L'écharpe tricolore en bandoulière, Jean-Luc Mélenchon s'est glissé parmi le régiment Immortel, un cortège d'anonymes et de personnalités qui défile dans les rues de Moscou, mercredi 9  mai, pour rendre hommage aux -combattants soviétiques de la seconde guerre mondiale. " Quand je viens ici, c'est un acte militant, pour dire : les Russes sont nos amis ", dit-il. Ingrate, la chaîne de télévision Rossia 1 n'a retenu qu'une image furtive de ce " Français communiste ", qui n'avait plus remis les pieds dans le pays depuis… " La première fois, c'était avec Mitterrand, quand nous étions allés voir Jean-Loup Chrétien s'envoler à Baïkonour - en  1988 - ", rapporte M. Mélenchon. La seconde – il ne se souvient plus de la date – lui avait donné l'occasion de rencontrer Gorbatchev, " pour essayer de comprendre ce qui s'était passé ".
Cette fois, le leader de La France insoumise a choisi de précéder Emmanuel Macron, qui sera reçu par Vladimir Poutine les 24 et 25  mai. " Les relations avec la Russie doivent se banaliser, tranche son conseiller, le russophile Djordje Kuzmanovic. C'est un problème pour la France d'être dépendante des Etats-Unis. " En trois jours, l'ex-candidat à la présidentielle a suivi ce fil rouge : " Il ne faut pas arriver à ce point de diabolisation, il y a le bien et le mal, et tout ce qui est contre Poutine est bien. "
Première étape de cette tournée moscovite : son " ami " Sergueï Oudaltsov, 41 ans, un opposant communiste à qui il vient proposer de rejoindre un " club de la paix " des gauches européennes. En prison pendant quatre ans et demi, ce dernier dirige aujourd'hui le Front de gauche russe, tout en soutenant, par ailleurs, l'annexion de la Crimée. Jean-Luc Mélenchon le découvre pour la première fois. Avec cette caution – plutôt qu'avec celle de l'opposant Alexeï Navalny, un " libéral " qu'il accable de critiques –, le Français rencontre sans transition des partisans du pouvoir, comme le député et écrivain Sergueï Chargounov, pleinement engagé, avec son ami Zakhar Prilepine, au côté des séparatistes pro-russes en Ukraine, ou le sénateur francophone Alexeï Pouchkov. Avec la communauté française, lors d'une réunion fermée aux médias français, mais filmée par un participant, il répète : " Il n'y a pas de rationalité à affronter les Russes ni à nous en séparer géopolitiquement. " Un discours qui ne s'applique ni aux Etats-Unis ni à l'Allemagne, dont il vilipende l'influence en Europe : " Après avoir annexé l'Allemagne de l'Est, les mauvaises habitudes ont été prises. " Il fallait oser.
Isabelle Mandraud (à Moscou)

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