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samedi 5 mai 2018

La bataille des aides aux agriculteurs est engagée.....Bruxelles veut réduire les aides directes aux agriculteurs




4 mai 2018

La bataille des aides aux agriculteurs est engagée

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Mercredi 2 mai, la Commission européenne a confirmé vouloir couper pour la première fois dans les aides directes aux agriculteurs
Dans le cadre du budget pluriannuel 2021-2027, les subventions passeraient en France à 50,03 milliards d'euros sur sept ans, soit une baisse de 3,9 %
La baisse entraînerait une perte nette de revenus pour les agriculteurs français, déjà durement frappés par la crise du lait et de l'élevage
Paris a vivement réagi. " Inenvisageable ", a indiqué le ministre de l'agriculture. " Nous allons batailler contre ", a promis le premier ministre
Bruxelles entend ainsi compenser le trou laissé par le Brexit dans le budget communautaire et financer de nouvelles priorités
cahier éco – Page 3
© Le Monde


4 mai 2018

Bruxelles veut réduire les aides directes aux agriculteurs

Pour tenir compte du trou laissé par le Brexit, la Commission va baisser le budget de la PAC. La France s'y oppose

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Attention, sujet explosif. Surtout pour la France, qui fut l'une des instigatrices de la politique agricole commune (PAC), il y a soixante ans, et en reste la première bénéficiaire de l'Union européenne (UE), avec un peu plus de 9  milliards d'euros versés par an sur la période 2014-2020.
Mercredi 2  mai, la Commission européenne a confirmé que, pour tenir compte du trou laissé par le Brexit dans le budget communautaire de la prochaine décennie (10  milliards d'euros annuels) et afin de financer les nouvelles priorités de l'UE (défense, numérique, migration), elle allait couper pour la première fois franchement dans les aides directes aux agriculteurs.
Au sein du budget pluriannuel 2021-2027, annoncé à 1 279  milliards d'euros, la PAC restera le premier poste de dépenses, mais diminuera de 5  % en euros courants, à 365  milliards d'euros, contre 408  milliards actuellement. Surtout, sa composante principale, les subventions, le reste étant du cofinancement allant au développement rural, passera en France à50,03  milliards d'euros sur sept ans, soit une baisse de 3,9  %, comparée à l'enveloppe actuelle, courant jusqu'en  2020.
" Vu nos contraintes, cette diminution est raisonnable ", a osé le commissaire à l'agriculture, Phil Hogan, obligé d'assumer une baisse de 3,9  % des aides directes pour son pays, l'Irlande, l'un des plus agricoles de l'UE. Même régime sec pour les agriculteurs allemands, italiens ou grecs. L'est de l'Europe serait moins touché, continuant à bénéficier des politiques de rattrapage mises en place pour les Etats arrivés dans l'UE au début des années 2000. Les aides directes aux Polonais ne seraient rabotées que de 1  %.
C'est une mauvaise nouvelle pour les agriculteurs français, déjà durement frappés par la crise du lait et de l'élevage. La proposition de Bruxelles, qui doit encore être validée au Parlement de Strasbourg et adoptée à l'unanimité par les Etats membres, entraînerait une perte nette de revenus, les subventions en représentant une part substantielle. Elle pourrait même être plus forte : la Commission " déguise son chiffre en oubliant le montant de l'inflation dans la valeur des aides ", affirme Luc Vernet, du groupe de réflexion Farm  Europe, qui estime pour la France la baisse des subventions plus proche de 10  % sur 2021-2027.
" Inenvisageable "Le danger est grand pour Emmanuel Macron, s'il ne parvient pas à infléchir la position bruxelloise, d'être à nouveau taxé de président des " urbains ", faisant peu de cas des " territoires " ruraux, déjà largement tentés par le vote d'extrême droite. Signe de la nervosité française, la réaction officielle de Paris, mercredi, était très brutale. Une proposition qui entraînerait une baisse " drastique, massive et aveugle " des subventions agricoles européennes est " inenvisageable ", a dit le ministre de l'agriculture, Stéphane Travert. " Nous allons batailler contre ", a renchéri le premier ministre Edouard Philippe. Au Parlement européen, l'attention des élus s'est aussi focalisée sur la PAC et les fonds structurels, autres grands perdants des réorientations stratégiques de l'Union.
Des réflexes défensifs qui irritent Jean-Claude Juncker, le président de la Commission :" Je constate, avec une certaine tristesse, qu'on s'intéresse davantage aux anciennes politiques (PAC et cohésion) qu'aux nouvelles. Pourtant, tous les gouvernements réclament une meilleure protection des frontières extérieures, qu'on investisse dans la jeunesse, davantage dans la recherche et développement, etc. " Une façon de dire aux dirigeants de l'UE, dont M. Macron, qui a multiplié les propositions de réformes pour une Europe " qui protège " davantage, qu'ils ne peuvent pas gagner sur tous les tableaux.
Afin de limiter la casse pour les exploitants les plus fragiles, Bruxelles a proposé que les coupes touchent en priorité les grandes exploitations, qui, jusqu'ici, ont bénéficié à plein des subventions. Les Etats devront réorienter leurs enveloppes d'aides européennes vers les petites et moyennes entités. Soit en plafonnant les aides à 60 000  euros par exploitation et par an, comme l'a suggéré M. Hogan. Soit en généralisant une dégressivité des aides au-delà d'un certain nombre d'hectares.
L'initiative, là aussi, est radicale : elle inquiète déjà en Allemagne ou au Danemark, des territoires à forte proportion de grandes exploitations. La bataille de la PAC commence tout juste, et elle s'annonce féroce.
Cécile Ducourtieux
© Le Monde


4 mai 2018

Les Français montent au créneau

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Comme un coup de grêle sur un verger à maturité. La décision de la Commission européenne annoncée mercredi 2  mai de réduire de 5  % le budget de la politique agricole commune (PAC) après 2020 a jeté un froid glacial sur le monde agricole français.
" Des propositions inacceptables ", a réagi le ministère de l'agriculture. " Une telle baisse, drastique, massive et aveugle est simplement inenvisageable ", a souligné Stéphane Travert, le ministre. " Elle comporte un risque sans précédent sur la viabilité des exploitations en impactant dangereusement les revenus des agriculteurs pour qui les aides directes constituent un filet de sécurité essentiel. La France ne pourra accepter aucune baisse du revenu direct des agriculteurs. "
Un " coup de rabot à 10 % "Les syndicats agricoles sont aussi montés au créneau. La FNSEA a jugé " la baisse drastique  annoncée inacceptable ". Elle estime " le coût de rabot à 10  % en tenant compte de l'inflation ". Voire à 15  % pour le premier pilier, celui des aides directes aux agriculteurs, en  2027. La FNSEA " en appelle solennellement au chef de l'Etat pour provoquer un sursaut de l'Union européenne ". Elle demande à Emmanuel Macron de trouver un accord avec la chancelière -allemande Angela Merkel pour conforter la PAC. En ligne de mire, le sommet européen des 25 et 26  mai.
Pour la Confédération paysanne, se pose la question des objectifs de la PAC. " La Commission entend-elle pérenniser la PAC actuelle, dont les règles d'éligibilité et de calculs discriminent les petites fermes et les fermes diversifiées, qui ne répond pas aux attentes des paysans et de la société, ou prévoit-elle un véritable changement de cap ? ", demande le syndicat. La Coordination rurale, si elle qualifie les propositions de Bruxelles d'inacceptables, se dit en désaccord avec le gouvernement, coupable, à ses yeux, de ne pas dénoncer les dérives de la PAC.
Laurence Girard
© Le Monde

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