L'ECONOMIE
Jeudi 1 er juin 2017
STX France, modèle de la politique industrielle que souhaite Macron |
Emmanuel Macron, président de la République, participe à l'inauguration du navire de croisière « MSC Meraviglia » aux chantiers navals de Saint-Nazaire, mercredi 31 mai 2017. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS / « LE MONDE »
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Pour son premier déplacement en province, après une série de rencontres internationales au sommet, le président de la République a inauguré le paquebot MSC Meraviglia, « cathédrale sur l’eau », réalisé par un groupe qu’il a érigé en modèle de sa future réforme du marché du travail. M. Macron en a aussi profité pour annoncer une révision de l’accord conclu il y a moins de deux mois par le gouvernement Cazeneuve sur le rachat du chantier par l’italien Fincantieri. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, issu du parti Les Républicains, est prié de renégocier cet accord, qui confiait la majorité du capital des chantiers à Fincantieri et à un autre actionnaire italien, Fondazione CR Trieste. Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), Fincantieri s’est refusé à tout commentaire. L’annonce « va plutôt dans notre sens », « l’option intermédiaire d’une révision et d’une redistribution du capital nous va plutôt bien », a dit à l’AFP Christophe Morel, représentant CFDT chez STX France. La CFDT plaide pour l’entrée au capital du chantier naval de salariés et d’entreprises locales. Salariés et élus craignaient un transfert du savoir-faire, voire des commandes, vers les chantiers italiens de Fincantieri. « L’Etat doit jouer un rôle moteur pour qu’ils [les salariés de Saint-Nazaire] soient toujours au sommet de la vague », a plaidé Philippe Grosvalet, président (PS) du conseil départemental de Loire-Atlantique dans un communiqué.
« Vous avez sauvé l’entreprise, merci », a aussi lancé M. Macron aux salariés des chantiers. « On disait l’entreprise perdue. Vous avez conclu un accord difficile, accepté des mois de chômage technique, pour que l’entreprise tienne, par un accord d’entreprise inédit. » Une référence à l’accord de « compétitivité » conclu en 2014, par lequel les salariés avaient renoncé à des RTT, signé par les syndicats réformateurs. Depuis, des commandes colossales sur neuf ans ont été signées avec la livraison de 14 paquebots prévues d’ici à 2026, s’est-il félicité. Déjà, lorsqu’il était ministre de l’économie, en février 2016, M. Macron était venu saluer cet accord d’entreprise pour défendre la loi travail portée par Myriam El Khomri. « Vous avez montré ce visage que je veux voir pour l’industrie française, celui de la responsabilité partagée. C’est exactement l’esprit de la réforme que le gouvernement conduit », a-t-il insisté mercredi. « Plus de dialogue social sur le terrain pour négocier des accords intelligents, qui parfois ne peuvent être trouvés au niveau national. C’est cela que je veux voir généraliser. Avec aussi un vrai partage de la valeur ajoutée quand les choses vont mieux », a-t-il plaidé. Comme en contrepartie des efforts demandés aux salariés, il a rappelé son engagement à pousser pour une réforme de la directive européenne sur les travailleurs détachés pour contrer le dumping salarial. « Quand cela revient à utiliser des salariés payés la moitié ou le tiers des salariés français pour le même travail, ce n’est pas l’esprit de l’Europe. Donc, dans les prochaines semaines, nous allons mener une action européenne pour une vraie refondation de la directive, et avoir partout à travail égal salaire égal. Nous vous le devons », a-t-il clamé. « Cette Europe qui protège est celle que je veux ». Autre axe affiché : une industrie intégrant des objectifs environnementaux. Le président a cité comme exemple les 4 paquebots « World Class » commandés à STX par le croisiériste MSC qui seront propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL) et dont la commande a été confirmée ce mercredi par MSC, devenu l’un des plus gros investisseurs étrangers en France. Globalement, ces paquebots représenteront 4,5 milliards d’euros de commandes pour les chantiers, qui emploient 2 600 personnes et font travailler environ 5 000 employés d’entreprises sous-traitantes, et 37 millions d’heures de travail.
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L’Amérique de Trump face au climat. Après des mois de tergiversations, le président américain, Donald Trump, fera connaître jeudi à 19 heures GMT sa décision sur la participation des Etats-Unis à l’accord de Paris sur le climat.« J’annoncerai ma décision sur l’accord de Paris jeudi à 15 heures (heure de Washington). Dans la roseraie de la Maison Blanche. RENDRE SA GRANDEUR À L’AMÉRIQUE ! », a tweeté mercredi soir M. Trump, reprenant son slogan de la campagne électorale. Il n’a pas précisé quelle serait sa décision, mais selon des médias américains un retrait de l’accord est probable.
Croissance modeste. L’activité économique aux Etats-Unis a continué son expansion « modeste à modérée » en avril et mai, mais les salaires n’augmentent guère en dépit d’un marché de l’emploi dynamique, selon un rapport de la Réserve fédérale (Fed) publié mercredi. Le moral des entreprises reste positif à court terme, mais le Livre beige de la Fed rapporte que l’optimisme « se dégrade un peu » dans certaines régions, notamment du fait de l’incertitude autour des mesures de l’administration Trump.
Repli des redressements fiscaux. Les redressements fiscaux ont atteint 19,5 milliards d’euros en 2016, soit un léger repli par rapport à 2015, selon des chiffres de Bercy publiés mercredi dans un rapport de la Cour des comptes. D’après les données du ministère de l’économie, reprises dans un rapport sur l’exécution du budget 2016 et repérées par Les Echos, les redressements notifiés ont reculé de 1,7 milliard d’euros en un an.
Publicis : Lévy passe le relais. Maurice Lévy a cédé mercredi sa place de patron exécutif du géant de la publicité Publicis, après trente ans de règne, à Arthur Sadoun pour devenir président du conseil de surveillance.
Le paiement mobile se développe. BNP, Crédit Mutuel, Auchan et Carrefour lancent une nouvelle application de paiement mobile, Lyf Pay, née de la fusion de leurs portefeuilles électroniques Wa ! et Fivory. Lyf Pay comporte des programmes de fidélité et entend rivaliser avec Apple Pay et Wechat dont elle s’inspire. Les partenaires ont toutefois fait le choix d’un système « ouvert », contrairement à Apple. La solution de paiement promet d’être universelle, totalement « interbancaire ».
Plongeon du bolivar vénézuélien. La monnaie vénézuélienne s’est dévaluée mercredi de 64,13 % après une vente aux enchères de dollars impulsée par le gouvernement de Nicolas Maduro pour tenter de contrer le marché noir de devises et endiguer la profonde crise économique qui frappe le pays. Le bolivar s’échangeait 2 010 bolivars pour 1 dollar, contre 721 bolivars précédemment, selon Pedro Maldonado, un des responsables de la Banque centrale du Venezuela (BCV). Le gouvernement socialiste monopolise à travers un contrôle des devises l’importation des aliments et autres denrées.
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Micro-Macro |
par Thibaut Soulcié |
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Dans la presse étrangère |
Le luxe débarque à Cuba |
Un homme passe devant l’hôtel de luxe Manzana de Gomez Kempinski à La Havane, Cuba, le 8 mai 2017. RAMON ESPINOSA / AP
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Pour attirer touristes et se procurer de précieuses devises nécessaires pour maintenir une économie cubaine exsangue, La Havane va commencer à se couvrir d’hôtels de luxe restaurés à grands frais et où l’on trouve tous les objets coûteux – cosmétiques, montres et bijoux. Dans un pays où certains ne touchent comme retraite que l’équivalent de 12,50 euros, ces produits sont totalement inabordables et mettent à mal les idéaux égalitaristes de la société castriste. Deutsche Welleconsacre un reportage à ces hôtels de luxe. L’un deux, le Manzana de Gomez, qui a ouvert en juin proposera des nuitées entre 370 dollars et 660 dollars ! L’économie cubaine a reculé de 1 % l’an dernier et les difficultés du Venezuela, qui forunisssait du pétrole à bas prix, obligent à se tourner vers le tourisme. Plus de 4 millions de touristes, dont 614 000 Américains, sont venus dans l’île communiste en 2016. Cela attise les critiques de certains sur les disparités sociales croissantes. D’autres se félicitent de cet afflux de capitaux. Quoi qu’il en soit, le Manzana de Gomez risque d’être le précurseur d’une série de grands hôtels de luxe qui susciteront l’ire et l’envie de certains, le plaisir pour d’autres… surtout les riches occidentaux !
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Etudes & documents |
Bahreïn : l’île s’enfonce dans les difficultés. Illustration des difficultés de l’économie la plus fragile du CCG, Bahreïn a perdu en 2016 ses trois ratings« investment grade ». La détérioration du profil de risque s’est accentuée l’année passée, entraînée par les prix du pétrole toujours bas et leur impact sur les équilibres économiques. Les sujets de préoccupation sont très nombreux. Aux difficultés économiques s’ajoutent de fortes tensions ethniques et religieuses.
Commercialisation des logements neufs. Résultats au premier trimestre 2017. Au premier trimestre 2017, 30 900 logements neufs ont été réservés, soit 8,1 % de plus qu’au premier trimestre 2016. Dans le même temps, les mises en vente augmentent plus modérément (+ 3,5 %), l’encours de logements restant à vendre diminuant mécaniquement de 2,4 %. Malgré un net repli par rapport au dernier trimestre 2016, particulièrement dynamique, les mises en vente et les réservations poursuivent leurs tendance à la hausse amorcée depuis fin 2014.
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À lire sur Le Monde.fr |
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