- La fenêtre de tir est entrouverte, mais elle pourrait se refermer brusquement et de manière définitive. Alors que reprenaient, mercredi dans les Alpes suisses, les pourparlers entre Chypriotes grecs et turcs pour tenter de mettre fin à un conflit vieux de plus de quarante ans, l’heure est à un optimisme prudent. Et pour cause : les points de contentieux qui opposent les deux parties sont nombreux – économique, territorial et surtout sécuritaire. Daily Sabah, Le Temps
- Avant même le début des discussions, organisées dans la station valaisanne de Crans-Montana, le Norvégien Espen Barth Eide, émissaire spécial des Nations unies pour Chypre, avait prévenu : « Cela ne va pas être facile et il n’y a aucune garantie de succès, mais c’est une occasion unique, parce qu’après toutes ces décennies de division il est possible de trouver une solution. » The Guardian
- De fait, le nœud gordien chypriote n’a pour l’heure jamais été tranché. Depuis 1974, l’île méditerranéenne est scindée en deux : d’un côté, la partie turque (au Nord), autoproclamée République turque de Chypre du Nord (RTCN) en novembre 1983 et seulement reconnue par Ankara ; de l’autre, la partie grecque (au Sud). Entre les deux, une zone tampon démilitarisée – la « ligne verte » –, placée sous le contrôle des Nations unies.
- A l’origine de cette partition se trouve une tentative de coup d’Etat des Chypriotes grecs soutenus par Athènes qui visait à rattacher Chypre à la Grèce – une volonté d’unification connue sous le nom d’Enosis. En réaction, le gouvernement de Bülent Ecevit avait lancé ses troupes à l’assaut du nord de l’île. Objectif de l’opération « Attila » (en référence, non au chef des Huns, mais au commandant des forces d’Ankara, Attila Sav) : « protéger les Chypriotes turcs ».
- Pour l’heure, les tractations entre le président chypriote, Nicos Anastasiades, et le dirigeant chypriote turc, Mustafa Akinci – auxquelles participent également les trois « garants » de l’île que sont la Turquie, la Grèce et le Royaume-Uni, ex-puissance coloniale jusqu’en août 1960 – semblent se dérouler dans une atmosphère « constructive ». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté chaque camp à faire un pas vers l’autre. Famagusta Gazette
- Son appel sera-t-il entendu ? Le crépuscule est en train de tomber sur les chances d’une sortie par le haut, estime Politico. Dans un éditorial, le Cyprus Mail appelle de son côté Nicos Anastasiades à rompre avec son inclination à l’acrasie pour prendre les décisions courageuses qui s’imposent – ce qui caractérise « un véritable homme d’Etat ».
- Pour Barçin Yinanç, journaliste au quotidien turc Hürriyet, la perspective de voir émerger une solution de compromis est mince. Et ce d’autant plus que, ces dernières années, les reculades démocratiques de la Turquie et ses errements diplomatiques n’ont guère contribué à nourrir les efforts de paix sur l’île.
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