Jupiter à Versailles… Le choc des symboles aura lieu lundi, quand Emmanuel Macron s’adressera aux deux chambres réunies en Congrès au château bâti par Louis XIV. A vrai dire la comparaison avec le Roi Soleil ne colle guère. Point de cour innombrable, de guerres incessantes, de perruques frisées ou de révocation de l’Edit de Nantes, ni de pouvoir absolu. En revanche Jupiter-Zeus est plus ressemblant. D’abord parce que l’intéressé a dit lui-même qu’il fallait à la France un pouvoir «jupitérien», que le QG situé à l’Elysée s’appelle… Jupiter et qu’on peut y manier la foudre. Enfin et surtout parce que les premiers pas de la présidence Macron semblent inspirés tout droit des mœurs de l’Olympe. Du haut du sommet de l’Etat, le jeune Dieu des dieux voit tout, peut tout et décide de tout. Il délègue ses enfants dans le monde visible, Edouard Philippe devant remplir la mission d’Héraklès et ses douze travaux, Ferrand jouant le rôle de Persée, Castor et Pollux remplacés par Castaner et Griveaux. Il s’exprime rarement et toujours de manière hiératique, verticale, lapidaire, déniant aux pauvres mortels de la presse le droit de s’adresser directement à lui, apparaissant furtivement dans l’univers terrestre sous des avatars divers, non pas taureau, satyre ou cygne, mais pharaon au pied de la pyramide, colonel en jeep, start-upper, tennisman ou standardiste à l’Elysée.
Une de ses nymphes communicantes a donné la clé de ce laconisme :
la pensée de Zeus est «trop complexe», a-t-elle dit, pour se prêter au dialogue avec des journalistes. Seuls les autres dieux en ont la primeur, et on espère qu’elle est malgré tout plus claire que les oracles de la Pythie. On en saura plus lundi quand Jupiter tonnant descendra de l’Olympe pour délivrer son message aux myrmidons d’En marche et aux hoplites des autres partis. Macron-Zeus n’a pas épousé sa sœur Héra mais Brigitte, déesse plus avenante et moins comploteuse, qu’il aima toutefois, tel Zeus amoureux, dès le plus jeune âge, à l’insu de ses parents. Son père Hollande, à la différence de Cronos ne dévorait pas ses enfants (ce qui aurait pourtant été une précaution utile), mais Zeus-Macron l’a bien renversé par la ruse, comme il fit de Cronos, dieu du temps dont il hérite en se proclamant «maître des horloges». Zeus est donc bien installé par-delà les nuages, invisible la plupart du temps aux mortels sauf pour de courtes apparitions. Avec cette menace qui place sur la tête de tous les présidents, seraient-ils les plus les plus divins : dans la mythologie, l’Elysée, quoique calme et verdoyant, est une région de l’enfer…
Et aussi
Thierry Solère fracture un peu plus la droite. Son élection au poste de troisième questeur de l’Assemblée, traditionnellement dévolu à l’opposition,
a suscité l’ire bruyante de la droite LR maintenue. «Constructif», Solère est tenu ses anciens amis pour un auxiliaire de la majorité. Ou un opposant de sa majesté.
Un sondage Kantar-Sofres-Onepoint donne toujours 54% d’opinions favorables à Emmanuel Macron. Etat de grâce ? Pas tout à fait. D’abord parce que les résultats sont contrastés selon les origines sociales des personnes interrogées : 74% d’approbation dans les classes aisées, mais seulement 44% dans les classes populaires. Et surtout, au même stade de son quinquennat, François Hollande bénéficiait d’une cote légèrement supérieure. On connaît la suite.
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