- C’est ce que l’on pourrait appeler un changement de pied stratégique. Lors de la présentation du programme de son parti, le SNP, en vue des élections législatives britanniques du 8 juin, la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a mis en sourdine mardi ses appels à la tenue d’un deuxième référendum sur l’indépendance.
- A Perth, l’une des principales terres d’affrontement entre tories et SNP, la dirigeante nationaliste a préféré attaquer les conservateurs sur un autre terrain, celui de l’économie. Se posant en unique opposante, elle a ainsi fustigé la politique d’austérité mise en place par Westminster, en promettant de s’opposer aux coupes claires pratiquées au niveau des dépenses publiques et des aides sociales. The Guardian
- Cette inflexion de fond n’ôte rien au dessein qu’elle forme de voir à terme Edimbourg se désamarrer de Londres et, partant, du Royaume-Uni. Seul le calendrier, en réalité, est en question. En mars, Mme Sturgeon disait vouloir organiser une deuxième consultation populaire avant qu’un accord final sur le Brexit fût signé, entre l’automne de 2018 et le printemps de 2019 (la première, en septembre 2014, s’était soldée par un non à la partition, à 55,3 %).
- Désormais, elle accepte que le nouveau vote – si nouveau vote il y a – puisse intervenir plus tard. « Lorsque le processus entérinant le Brexit sera achevé et que les termes définitifs de l’accord seront connus, alors l’Ecosse devra pouvoir choisir son avenir. Le Brexit ne doit pas être imposé comme cela, indépendamment des dommages qu’il pourrait causer », est-il écrit dans le manifeste du SNP. The Independent
- Si Nicola Sturgeon a réorienté son message, cela tient aussi sans doute à l’humeur de l’opinion. D’après une série de sondages, les conservateurs écossais, dirigés depuis novembre 2011 par Ruth Davidson, seraient bien placés pour ravir plusieurs sièges aux nationalistes en misant sur un discours résolument... antiréférendum. Aux élections législatives de mai 2015, le SNP avait remporté 56 des 59 sièges en jeu en Ecosse. The Telegraph
- Brian Taylor, de la BBC, analyse plutôt la décision de Mme Sturgeon comme un choix de raison : étant donné que les travaillistes du Labour, malgré une récente remontée dans les enquêtes d’opinion, semblent voués à la défaite et que, par conséquent, la conservatrice Theresa May est destinée à conserver son siège de première ministre, autant incarner une opposition forte et crédible.
- Dans le New Statesman, Julia Rampen partage ce point de vue. Pour elle, « le programme du SNP n’est pas tant un projet de gouvernement radical qu’un argumentaire devant lui permettre de représenter une opposition digne de confiance. Forte et équilibrée. »
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