1
Fév
2017
Gérard Chaliand sur la Syrie
Du très bon Chaliand, un de nos grand géopolitologues…
Source : Daily Motion, Gérard Chaliand, 29/01/2017
Source : Daily Motion, Gérard Chaliand, 29/01/2017
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Gérard Chaliand : « Ils sont obligés de préférer Bachar Al Assad aux islamistes »==
Source : La Croix, Laurent Larcher, 30/11/2016
Recueilli par Laurent Larcher
Les Occidentaux font-ils le jeu de Bachar Al Assad en Syrie ? la réponse de Gérard Chaliand, spécialiste des questions stratégiques et du terrorisme (1).
Existe-t-il une troisième voie en Syrie en dehors des islamistes et de Bachar Al Assad ? Il n’y en a pas, à l’heure actuelle. Soit vous avez les islamistes à Damas, soit vous avez le régime actuel. Parmi les rebelles qui s’opposent à Bachar Al Assad sur le terrain, seul 10 % sont des démocrates. Ils sont d’ailleurs soutenus par les États-Unis. Mais les autres, soit 90 % des combattants anti-Assad en Syrie, sont des islamistes. Eux au pouvoir, le nombre des victimes sera encore plus important. Ceux qui nous attaquent sur notre sol sont liés à ces combattants.
Dans l’imbroglio syrien, les Occidentaux n’ont pas le choix : ils sont obligés de préférer Bachar Al Assad aux islamistes. Et ils le savent, même s’ils ne le disent pas ouvertement à leur opinion publique. Washington, Londres et Paris se sont trompés en croyant que le régime alaouite allait tomber rapidement. Cinq ans après le début de la guerre civile, Bachar Al Assad est toujours là. Et loin d’être isolé, il est directement soutenu par le Hezbollah, par l’Iran et par la Russie.
Sur le terrain, le régime syrien est donc en train de gagner la guerre avec le soutien direct de Téhéran et Moscou. Mais aussi avec celui, implicite, de Washington et Paris. De la Maison-Blanche, surtout. Car Barack Obama est à la manœuvre, et les autres le suivent. Paris a beau se draper dans un discours moral sur la Syrie, dans les faits, la France obéit militairement aux États-Unis. Cela est aussi vrai pour l’Union européenne, toujours prompte à dire le bien et le mal mais incapable depuis la guerre en ex-Yougoslavie, dans les années 1990, de se passer des États-Unis pour faire respecter sa position. Tant que l’UE ne se sera pas dotée d’une force militaire au service de sa politique étrangère, elle ne pèsera pas grand-chose dans des dossiers comme le conflit syrien. Le temps où le Royaume-Uni, la France ou l’Allemagne pesaient sur les affaires du monde est derrière nous.
L’une des raisons pour lesquelles les Occidentaux ne soutiennent pas ouvertement Bachar Al Assad tient en outre à leurs relations avec le Qatar et l’Arabie saoudite. Nous leur sommes redevables économiquement et Washington aussi bien que Paris considèrent qu’ils ne peuvent pas se débarrasser de leurs alliés sunnites du Golfe. Doha, d’une part, investit beaucoup en France depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Et Riyad, d’autre part, achète à coups de milliards de l’armement français et américain. Or, le Qatar et l’Arabie saoudite sont deux puissances hostiles à Bachar Al Assad. Au nom du conflit entre les sunnites et les chiites, elles soutiennent les groupes armés « rebelles ». Je pense que la France et les États-Unis se trompent de partenaires. Les ressources financières de Riyad et de Doha ne sont plus illimitées.
Source : La Croix, Laurent Larcher, 30/11/2016
A écouter également l’émission “Dugrain à moudre” de Hervé Gardette du 15.12.2016 qui avait pour titre “L’Etat islamique est-il un adversaire militaire comme les autres ?”
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