Une bulle ou un ballon ? La bulle éclate, le ballon monte : on ignore encore quelle sphère symbolisera la candidature Macron. En tout cas, c’est un fait de campagne : Macron devient peu à peu le favori de la course présidentielle. Tout cela risque de s’effondrer en trois jours : les sondages qui le favorisent peuvent s’inverser à n’importe quel moment. Mais au sortir de cette séquence qui l’a vu survivre à ses propres boulettes, puis bénéficier du ralliement de François Bayrou, trois enquêtes le placent devant François Fillon avec un écart significatif (autour de 24% contre 20% ou moins pour le candidat LR), tandis que Benoît Hamon, enlisé dans ses discussions avec Jadot et Mélenchon, est descendu à 14%. La bulle n’éclate pas ou le ballon monte, comme on voudra. Répétons-le : ces chiffres sont très fragiles. Il y a cinq jours, chacun glosait sur le «trou d’air» de sa campagne…
Mais les sondages ne sont pas seuls en cause. Macron tire profit du marasme créé par les ennuis judiciaires de François Fillon. La droite a pris une responsabilité historique en maintenant à son poste un candidat plombé par les affaires. Elle en paie le prix.
Le Figaro l’a bien compris, qui sonne le tocsin ce matin en titrant «Etat d’alerte à droite». Macron bénéficie encore des difficultés de Benoît Hamon, qui a jusqu’à présent négocié au lieu de faire campagne. Le candidat du PS est mal soutenu par le PS, où les frondeurs ont toujours été minoritaires. Une partie des électeurs, surtout, ne comprennent pas qu’il faille à ce point renier le bilan de Hollande.
La tribune de Christine Angot dans le JDD, où elle demande au président de redescendre dans l’arène, n’est pas seulement une inspiration d’écrivain. Au plus fort de son impopularité, François Hollande était encore soutenu par 10% des électeurs. Faut-il les laisser à Macron ? Le cri d’Angot exprime cette interrogation.
Hamon se place officiellement «au centre de la gauche» mais il ménage Mélenchon et cogne Macron, ce qui place le «centre» dont il parle plutôt sur la périphérie. Il laisse ainsi la porte ouverte à ce qu’on peut appeler «la diagonale Cohn-Bendit». Dany «le Vert» n’est pas le dernier venu en matière électorale. Il est le seul écologiste à avoir réalisé un bon score dans un scrutin national. Il prêche un réalisme politique en forme de syllogisme : si la gauche est coupée en deux, elle ne pourra pas passer le premier tour. Comme tout se joue dans ce premier scrutin, il faut choisir le candidat le mieux placé pour empêcher un duel Fillon-Le Pen. Aujourd’hui, quelque réticence qu’on éprouve devant son programme ou sa personnalité, c’est Macron. Comme «DCB» le dit lui-même, la situation changera si Hamon remonte ; tout est mouvant dans cette élection. Mais pour l’instant, Hamon a 10 points de retard…
C’était hier
Décidément, c’est bien la nature de notre démocratie qui est en cause. Les deux sorties de Marine Le Pen et de François Fillon ce week-end en attestent de manière angoissante. La candidate FN menace de représailles les fonctionnaires qu’elle accuse de comploter contre elle. Elle veut «des fonctionnaires patriotes», autrement dit un Etat FN. Elle a rarement été si claire dans sa volonté hégémonique. Quant à Fillon, il accuse le gouvernement de «laisser s’installer un climat de quasi-guerre civile».Diagnostic extravagant qui mesure les difficultés de sa campagne plus que l’humeur réelle du pays. En cherchant à délégitimer la justice et la fonction publique, ces deux candidats minent l’état de droit.
Manifestement, Julien Dray, vieux routier de la gauche socialiste, ne porte pas la candidature Hamon dans son cœur. «Ainsi donc, pendant un mois, on nous a fait croire qu’on discutait programme etc., écrit-il sur sa page Facebook à propos de l’accord Hamon-Jadot. En fait, poursuit-il, la réalité triviale est là : un groupe a pris en otage le candidat désigné par 2 millions d’électeurs… Pour permettre à tous ses sortants d’avoir une circonscription électorale. […] Cela porte un nom… une nouvelle manière de faire de la politique, paraît-il.» Une franche camaraderie entre socialistes…
Pour la première fois depuis plus d’un demi-siècle, un président en exercice se rend auprès du Grand Orient de France, la principale obédience maçonnique française. Il parlera laïcité, bien entendu, entre autres sujets. Visite utile : elle dissipe un peu plus la réputation plus ou moins complotiste qui entoure la franc-maçonnerie, qu’on accuse de tirer toutes sortes de ficelles, alors que son influence s’est réduite comme peau de chagrin. Hollande connaît tout cela par cœur : on aurait pu créer une loge avec les frères membres de son gouvernement, comme on pourrait le faire au PS, sans que cette appartenance ait débouché sur une quelconque action commune, même en matière religieuse.
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