L'ECONOMIE
Mercredi 4 janvier 2017
Les constructeurs auto, cibles du protectionnisme de Trump |
Chaîne de montage de Ford dans l’usine de Wayne, Michigan, le 7 janvier 2015. SAUL LOEB / AFP
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Donald Trump a réaffirmé mardi son cap protectionniste en prenant pour cible l’industrie automobile américaine, criant victoire après la décision de Ford de renoncer à construire une usine au Mexique et menaçant General Motors de représailles. Le président américain élu a par ailleurs nommé mardi un ancien du gouvernement Reagan hostile à un libre-échange sans limite pour renégocier les accords commerciaux internationaux. Durement critiqué par M. Trump pour ses délocalisations, Ford a fait sensation en annulant mardi la construction d’une usine de 1,6 milliard de dollars à San Luis Potosi, au Mexique, qui avait été annoncée en avril. Près de la moitié de cette somme – 700 millions de dollars – sera réaffectée à une de ses installations dans le Michigan, dans le nord des Etats-Unis, pour fabriquer des véhicules autonomes et électriques. A peine cette annonce surprise dévoilée, le président élu s’est congratulé sur Twitter en relayant le message d’un de ses conseillers lui attribuant la paternité de cette décision et en assurant que les Etats-Unis allaient devenir « le plus grand pôle d’attraction pour l’emploi et l’innovation ». Le PDG de Ford lui a en quelque sorte donné raison, niant avoir « conclu un accord » avec le futur président mais reconnaissant que cette décision était liée à l’arrivée prochaine de M. Trump à la Maison Blanche.
Le Mexique a vivement réagi, en affirmant « regretter » cette décision et en assurant que Ford devra rembourser les éventuelles sommes engagées par les autorités locales pour « faciliter » cet investissement. Saluée à Wall Street, cette décision marque un revirement inattendu pour le deuxième constructeur américain, qui a toutefois précisé qu’il maintiendrait le transfert d’une partie de sa production de petites voitures au Mexique. A la mi-novembre, peu après la victoire choc de M. Trump, Ford assurait encore qu’il ne renoncerait pas à ses projets de délocalisation malgré les remontrances du prochain locataire de la Maison Blanche. Les mêmes pressions se sont abattues mardi sur le grand rival de Ford, General Motors, pris pour cible car il fabrique certaines de ses voitures au Mexique à moindre coût avant de les revendre aux Etats-Unis. « General Motors livre des voitures Chevy Cruze fabriquées au Mexique à ses concessionnaires aux Etats-Unis sans payer de taxe. Fabriquez aux Etats-Unis ou payez une lourde taxe frontalière », a tweeté M. Trump. Le géant de Detroit a immédiatement démenti en partie les accusations de M. Trump, expliquant que la Chevrolet Cruze vendue aux Etats-Unis était produite près de la ville de Cleveland, dans l’Ohio (Nord). Les attaques de M. Trump contre General Motors et la volte-face de Ford coïncident avec la nomination mardi de Robert Lighthizer, 69 ans, comme représentant du commerce extérieur (USTR), poste qui couvre les négociations commerciales internationales. Cet ancien de l’ère Reagan s’est dans le passé déclaré opposé au « dogme » d’un libre-échange« effréné » et a plaidé pour un durcissement vis-à-vis de Pékin pour freiner le « déclin américain », conformément à la ligne politique du président élu. |
STX France dans les mains italiennes. Les chantiers navals de Saint-Nazaire s’apprêtent à nouveau à changer de mains : l’italien Fincantieri a été retenu mardi par la justice sud-coréenne pour la reprise de STX France, officiellement mis en vente, tout comme son actionnaire majoritaire, en octobre. Seul candidat à avoir déposé une offre pour reprendre la filiale florissante du groupe sud-coréen STX Offshore and Shipbuliding qui accumule les difficultés financières, le constructeur naval italien, basé à Trieste et comptant près de 19 000 employés, a été retenu par le tribunal de commerce du district central de Séoul, chargé d’examiner la procédure de redressement judiciaire de la maison mère de STX France.
« Marianne » en cessation de paiement. L’hebdomadaire Marianne, en difficultés financières, s’est déclaré en cessation de paiement et devrait être placé en redressement judiciaire pendant six mois avec poursuite de l’activité, le temps de redresser ses comptes, a annoncé à l’Agence France-Presse son président-directeur général, Yves de Chaisemartin. Au cours des neuf premiers mois de 2016, ses ventes ont chuté de 8,3 %, à 143 500 exemplaires en moyenne, surtout à cause d’une chute de 18 % de ses ventes en kiosque.
Un dur au commerce américain. Le président élu Donald Trump a désigné Robert Lighthizer, farouche adversaire des pratiques commerciales de la Chine, comme représentant américain chargé du commerce, a déclaré mardi son équipe de transition dans un communiqué. M. Lighthizer a été représentant adjoint américain au commerce avec rang d’ambassadeur sous l’ancien président Ronald Reagan dans les années 1980, selon une biographie mise en ligne sur le site Internet de Skadden Arps, le cabinet juridique dont il est actuellement l’un des associés. Il a notamment lutté à l’époque contre les importations japonaises, en menaçant d’imposant des quotas et des taxes prohibitives à l’archipel.
Tourisme tibétain. Plus de 23 millions de touristes ont visité la région autonome du Tibet (sud-ouest de la Chine) en 2016, en hausse de 15 % sur un an, a annoncé mardi la commission régionale du développement du tourisme. Selon la commission, des festivals importants ont donné un fort coup de fouet au tourisme dans la région, en particulier le Nouvel An tibétain, le Shoton (Festival annuel du yaourt) et le Salon du tourisme et de la culture du Tibet, lesquels ont attiré de nombreux visiteurs l’année dernière.
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Micro-Macro |
| par Thibaut Soulcié |
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Dans la presse étrangère |
Les ressorts de la décision de Ford au Mexique |
Le logo de Ford derrière une clôture de l’usine de Cuautitlan Izcalli, au Mexique, le 18 octobre 2016. CARLOS JASSO / REUTERS
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La décision de Ford de mettre fin à une nouvelle usine de voitures au Mexique et d’étendre ses activités aux États-Unis peut sembler un triomphe pour les politiques « Made in America » que le président élu Trump veut pousser, souligne Quartz. Et le PDG de Ford, Mark Fields, a semblé soutenir Trump, en citant « l’environnement commercial américain plus positif sous le président élu Trump et certaines des politiques pro-croissance qu’il a dit qu’il allait poursuivre. » Mais M. Fields a également déclaré que le principal moteur de la décision de Ford est de s’adapter à un marché changeant. En effet, la stratégie de Ford fonctionne parce qu’elle considère la fabrication d’un point de vue mondial, et non pas national. Ford va déplacer la production de sa voiture économoique Focus des États-Unis au Mexique, mais la société américaine n’a pas besoin de construire une nouvelle usine pour le faire. Ford a décidé en septembre de déplacer la production de petites voitures au Mexique, où la main-d’œuvre est moins cher. Mais même cette mesure semblait insuffisante à la fin de l’année dernière. Les ventes de Focus, que Ford prévoyait de construire dans l’usine de 1,6 milliard de dollars maintenant annulée à San Luis Potosí, sont en baisse de 17 % par rapport à 2015. CommeFord a déjà plusieurs usines au Mexique, il est capable de déplacer la production de Focus dans l’une d’entre elles, à Hermosillo, une autre ville mexicaine où l’entreprise produit déjà son modèle Fusion, et éviter l’investissement de 1,6 milliard de dollars. Le constructeur américain va dépenser maintenant 700 millions de dollars dans une usine au Michigan. Cette dimension américaine des plans de Ford répond également à des calculs. Ford parie avec l’usine du Michigan sur le développement des voitures autonomes et électriques. Ce que la rhétorique de Trump a permis en fait est une sortie moins embarrassante pour Ford dans le dossier méxicain. Comme l’observe un expert automobile : « Ils utilisent la situation politique pour couvrir une décision d’affaires qu’ils estimaient nécessaire de prendre ».
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| Etudes & documents |
Marché auto français : le diesel encore majoritaire en 2016, l’électrique dépasse 1 %. Malgré une nette baisse, il s’est encore vendu davantage de voitures à moteur diesel qu’à moteur essence en France en 2016. Les automobiles électriques ont conquis un peu plus de 1 % des ventes. C’est ce que montrent des statistiques publiées lundi. Précisément, 52,12 % des acheteurs de voitures particulières neuves ont opté pour un modèle fonctionnant au gazole l’année dernière, une baisse de 5 points par rapport à 2015, a précisé le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA) dans un communiqué. L’érosion de la part du diesel dans les ventes est continue depuis 2012, année où elle avait atteint 73 %. Elle s’effectue sur fond d’études quant à la nocivité des émissions, de scandale aux moteurs diesel truqués chez Volkswagen et de resserrement des normes et des taxes, rendant ce carburant moins séduisant pour les petits rouleurs. En revanche, les voitures électriques, très favorisées par l’Etat, grâce à un superbonus pouvant atteindre 10 000 euros pour la mise au rebut d’un vieux diesel, ont poursuivi leur montée en puissance, dépassant pour la première fois en année pleine 1 % des immatriculations : 1,08 % exactement, contre 0,9 % en 2015.
Source : CCFA.
Quel est l’impact de la politique d’assouplissement quantitatif de la BCE sur la rentabilité des banques ? Cette contribution du centre de réflexion Bruegel montre que l’effet du programme d’assouplissement quantitatif de la Banque centrale européenne sur la rentabilité des banques n’a pas encore eu d’effet négatif massif sur les opérations bancaires.
Source : Bruegel. |
| À lire sur Le Monde.fr |
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L’hebdomadaire « Marianne » en cessation de paiement
Le tribunal de commerce doit statuer sur la situation du titre, qui devrait être mis en redressement judiciaire pendant six mois, avec poursuite de l’activité.
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Source Le Monde.fr
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