L'ECONOMIE
mardi 31 janvier 2017
Médiocre croissance française en 2016 |
Client dans un supermarché à Nice, en janvier 2017. En 2016, les dépenses de consommation des ménages, qui contribuent traditionnellement en France à la solidité de l’activité, ont progressé de 1,8 % sur un an. Mais elles se sont repliées en décembre, reculant de 0,8 % après deux mois de hausse d’affilée. © ERIC GAILLARD / REUTERS / REUTERS
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La croissance du produit intérieur brut (PIB) a atteint 1,1 % en France en 2016, soit moins qu’attendu, malgré une accélération de l’activité au quatrième trimestre (+ 0,4 %), a annoncé mardi l’institut de statistiques Insee. Ce chiffre est inférieur aux dernières prévisions publiées par l’organisme public, qui pariait sur une hausse de l’activité de 1,2 % l’an passé, soit la même progression qu’en 2015. Il est par ailleurs décevant au vu des objectifs fixés par le gouvernement. Ce dernier tablait sur une accélération de la croissance par rapport à l’an dernier, avec une hausse du PIB de 1,4 % sur un an. « Pour la deuxième année consécutive, l’activité économique aura été dynamique et aura permis de faire reculer le chômage, tout en réduisant le déficit public », a néanmoins réagi le ministre de l’économie et des finances, Michel Sapin, insistant sur les bons résultats du quatrième trimestre.
Sur les trois derniers mois de l’année, la croissance du PIB a atteint 0,4 %, soit deux fois plus que le trimestre précédent, à la faveur d’une reprise de la consommation (+ 0,6 %) et de l’investissement des entreprises (+ 1,3 %). « L’année 2016 se termine sur une note positive avec une activité qui accélère nettement au quatrième trimestre. C’est le signe d’une reprise qui s’installe durablement et, surtout, qui prend de l’ampleur », a assuré M. Sapin dans une réaction transmise à l’AFP. « La confiance des ménages comme des chefs d’entreprise se situe à des niveaux élevés et promet un début d’année 2017 très dynamique, tant en termes d’activité que de créations d’emploi », a ajouté le ministre. Dans le détail, les dépenses de consommation des ménages, qui contribuent traditionnellement à la solidité de l’activité, ont augmenté de 1,8 % l’an dernier, après 1,4 % en 2015. L’investissement des entreprises, autre moteur indispensable à une reprise durable de l’activité, a pour sa part progressé de 4,3 %, soit deux fois plus que l’année précédente (+ 2 %). Selon l’Insee, cette dynamique devrait se poursuivre en 2017. L’organisme public prévoit ainsi une croissance de 0,3 %, puis de 0,4 % aux premier et deuxième trimestres 2017, grâce notamment à la bonne tenue des exportations. Le taux de chômage devrait pour sa part légèrement reculer, pour atteindre à la mi-2017 9,5 % de la population active en métropole et 9,8 % avec l’outre-mer, grâce à un nombre d’emplois créés suffisant pour absorber la hausse de la population active.
Le gouvernement a prévu dans ses textes budgétaires que le PIB augmenterait de 1,5 % en 2017. Mais de l’avis des économistes, ce chiffre est nettement surévalué. Selon Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque, « les différentes mesures prises par le gouvernement ont pu être positives pour le moral des investisseurs, mais du point de vue macro-économique, elles ont eu un impact très faible ». Et avec la remontée de l’euro, du prix du baril de pétrole et des taux d’intérêt qui se profile, la croissance devrait être « plus faible que ce qu’anticipe le gouvernement, voire plus faible que les années précédentes », a-t-il assuré.
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Les patrons en désaccord avec Trump. Plusieurs grands patrons américains, dont les dirigeants de la Silicon Valley mais aussi de la banque Goldman Sachs et du constructeur automobile Ford, se sont joints lundi au concert de protestations et de condamnations provoquées par le décret anti-immigration signé vendredi soir par Donald Trump. Ce décret interdit pendant 90 jours l’accès du territoire américain aux ressortissants en provenance d’Iran, d’Irak, de Libye, de Somalie, de Syrie, du Soudan et du Yémen, pendant 120 jours l’accueil de tout réfugié aux Etats-Unis, et suspend sine die l’accueil de tous les réfugiés syriens.
Ralentissement indien. La croissance indienne ralentira en 2016-2017 à 7,1 %, contre 7,6 % sur l’exercice précédent, selon une estimation officielle publiée mardi qui ne tient cependant pas compte de « l’impact négatif » de la démonétisation de certains billets à l’automne.
Aggravation du mal-logement. La 22e édition du rapport annuel sur l’état du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre dessine le portrait d’une France fracturée par la crise du logement. 4 millions de personnes sont sans abri, mal logées ou sans logement personnel. Outre ces situations les plus graves, 12,1 millions de personnes sont touchées à des degrés divers par la crise du logement. Effort financier excessif, précarité énergétique, risque d’expulsion locative, copropriétés en difficulté, surpeuplement... au total, sans les doubles comptes, près de 15 millions de personnes sont touchées, à un titre ou à un autre, par la crise du logement.
Délocalisation de la City. Si « une grande partie des activités resteront à Londres », selon le cabinet EY, 14 % des entreprises internationales actives au Royaume-Uni, soit une entreprise sur sept, envisagent de relocaliser certaines de leurs activités à l’étranger.
Défaillances d’entreprises en baisse. Le nombre de défaillances d’entreprises a baissé de 8,3 % en 2016 après un très bon quatrième trimestre, l’amélioration de la conjoncture profitant notamment au secteur du bâtiment et du commerce, selon une étude du cabinet Altares publiée mardi. Sur l’ensemble de l’année, 57 844 entreprises ont été placées en procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire, contre 63 008 un an plus tôt, précise cette étude.
Le Japon finit 2016 sur une note économique mitigée. Nouveau recul de la consommation des ménages mais une production industrielle qui confirme son rebond et un chômage au plus bas : le Japon a fini l’année 2016 sur une note moyenne, selon les statistiques publiées mardi par le gouvernement.
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Micro-Macro |
par Thibaut Soulcié |
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Dans la presse étrangère |
Quel effet attendre de Trump sur l’économie canadienne ? |
Le président américain Barack Obama et le premier ministre canadien Justin Trudeau à la Maison Blanche, le 10 mars 2016, à l’heure de la bonne entente entre les deux pays. L’administration Trump suscite plus d’interrogations. © JONATHAN ERNST / REUTERS / REUTERS
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Que va devenir le Canada, grand pays exportateur, avec le protectionniste Trump, s’interroge Le Devoir ? Tant le milieu des affaires que les observateurs économiques sont impatients d’en savoir plus sur les intentions du nouveau président américain à l’égard du libre-échange, bouc émissaire de sa campagne. Après la sonnette d’alarme tirée vendredi par les Manufacturiers et Exportateurs du Canada, c’était au tour lundi de la Banque nationale, selon laquelle Donald Trump ne déclenchera pas un retrait pur et simple de l’Alena, mais voudrait plus probablement renégocier certains aspects sensibles, dont l’agriculture et le bois d’œuvre. Si jamais l’administration du président allait de l’avant avec une taxe d’ajustement à la frontière de 10 %, le gouvernement canadien serait forcé de changer sa fiscalité rapidement « pour éviter que les entreprises canadiennes soient désavantagées », a estimé la Banque nationale. L’établissement financier a déjà calculé qu’une taxe d’ajustement de 10 %, qui cible les importations et favorise les exportations, pourrait avoir pour effet de réduire de 9 % les exportations canadiennes à destination des Etats-Unis, qui reçoivent quand même 75 % des expéditions canadiennes. Un tel camouflet pourrait équivaloir à un impact de 1,5 % sur le produit intérieur brut canadien. A défaut de réagir rapidement, plaident les Manufacturiers et Exportateurs du Canada, de nombreuses sociétés manufacturières pourraient être tentées de contourner le Canada lorsque viendra le temps d’investir. Le secteur des hautes technologies a lui aussi senti le besoin de sauter dans la mêlée. Dans une lettre ouverte publiée dimanche, il demande au gouvernement de Justin Trudeau de mettre en œuvre les moyens d’accueillir les gens refoulés à la frontière américaine.
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Etudes & documents |
Quelle politique efficace du temps de travail ? Modifier la durée du travail, que ce soit à la baisse ou à la hausse, permet de lutter contre le chômage en France, mais dans un sens comme dans l’autre cela n’aura d’effet durable qu’en s’accompagnant d’une maîtrise des coûts salariaux, selon une note de France Stratégie publiée mardi. L’option d’une nouvelle baisse de la durée du travail en deçà de 35 heures par semaine, comme le propose le candidat du PS Benoît Hamon, « peut conduire à des créations d’emploi et à une baisse du chômage à court terme », relève l’organisme de réflexion dans ce document visant à éclairer les différents candidats à la présidentielle. Mais, prévient-il, « pour qu’elle porte des fruits durables », cette baisse ne devra « occasionner aucune hausse des coûts salariaux unitaires », à savoir le rapport entre coût du travail (salaires bruts et cotisations) et productivité. Une « simple stabilisation » de ces coûts serait suffisante à moyen terme mais leur « abaissement serait encore un meilleur gage de réussite », estime l’organisme rattaché à Matignon. Pour être pleinement efficace, une politique de baisse du temps de travail « doit donc s’accompagner d’une forme de modération salariale et être utilisée comme un levier pour modifier l’organisation des méthodes de travail au sein des entreprises afin de générer des gains de productivité », selon France Stratégie.
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À lire sur Le Monde.fr |
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Paul Romer, un économiste anticonformiste à la Banque mondiale
Depuis octobre 2016, ce franc-tireur qui n’hésite pas à égratigner ses condisciples est le chef économiste de l’institution.
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Source Le Monde.fr |
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