31
Jan
2017
La pollution de l’air en France
Index de la série “Pollution de l’air”
- La pollution de l’air cause 48 000 morts par an en France (+ présentation des polluants)
- La pollution aux particules fines
- Les graves effets des particules sur la santé
- La pollution de l’air dans le monde
- La pollution de l’air en Europe I (+ les morts du charbon)
- La pollution de l’air en Europe II
- La pollution de l’air en France
- Le très polluant chauffage au bois
- Le choix mortifère de la France pour le diesel (mais le diesel a changé…)
- La pollution de l’air en Île-de-France (hors particules)
- La pollution aux particules en Île-de-France
- L’origine des particules en Île-de-France
- Les épisodes de pollution aux particules en Île-de-France
- Qualité de l’air en Île-de-France et épisodes de pollution récents
- La pollution dans le métro
- La pollution de l’air à la maison
- Suivi en direct de la pollution
- Quelques suggestions…
- Documents
- Synthèse de la série Pollution de l’air
La série complète est consultable ici : http://www.les-crises.fr/tag/pollution-de-lair/
La pollution de l’air en France
Voici tout d’abord issu du remarquable site du CITEPA/SECTEN la distribution sectorielle des émissions de polluants en France, en moyenne annuelle :
On constate un vrai renversement de tendance sur le Dioxyde d’azote au milieux des années 1980, avec le renforcement des normes antipollution :
Si on regarde le détail par le seul secteur du transport routier :
on constate que seules 3 % des émissions ne sont pas liées aux moteurs diesel…
Pour le Dioxyde de soufre, on a un renversement encore plus impressionnant :
Les normes appliquées aux industriels ont clairement payé…
Baisse également pour le dangereux benzène :
Avant de passer aux particules, on note des baisses encore plus favorables sur certains métaux toxiques (-75 à 95 %) souvent issus des combustibles pétroliers, comme ici le mercure :
Nickel :
Chrome :
Plomb (fin de l’essence plombée) :
L’Ozone
L’Ozone n’étant pas émise directement, voici simplement deux cartes montrant la pollution résultante :
En synthèse
On observe une tendance encourageante, mais la baisse pourrait être plus rapide, comme nous allons le voir.
La pollution aux particules en France
Voici un zoom détaillé sur les particules, qui baissent assez nettement (environ -50 % depuis 1990) (voir le détail ici):
Les PM10
Voici les principaux sous-secteurs émetteurs :
Comme on en parle souvent, voici le détail de la contribution du seul secteur routier :
92 % des émissions routières (13 % du total) sont issues du diesel.
Si on regarde de nouveau les “parts de marché” du parc roulant :
on constate que les véhicules particuliers à essence émettent bien moins que les diesels : ils représentent 6 % des émissions de PM10 pour 17 % du trafic.
Les PM2,5
Voici les principaux sous-secteurs émetteurs :
On constate que les particules fines sont émises à plus de 40 % par les chaudières et à 17 % par le trafic routier.
Les PM1,0
Voici les principaux sous-secteurs émetteurs :
On constate que les particules très fines sont émises à plus de 60 % par les chaudières et à 17 % par le trafic routier.
Comme on en parle souvent, voici le détail de la contribution du seul secteur routier :
98 % des émissions routières (17 % du total) de particules très fines sont issues du diesel.
Si on regarde de nouveau les “parts de marché” du parc roulant :
on constate que les véhicules particuliers à essence émettent bien moins de particules fines que les diesels : ils représentent 1 % des émissions de PM1,0 pour 17 % du trafic.
Cela signifie que si le parc de véhicules particuliers diesel avait été identique à celui à l’essence, la pollution totale en particules très fines serait environ deux fois moindre.
Mais les choses sont plus complexes, comme nous le verrons.
Voici enfin une carte de la saisonnalité de la pollution aux particules :
Et en hiver seul sur plusieurs années :
Le Carbone suie
Pour conclure sur les particules, on observe une tendance favorable également pour le très dangereux carbone suie :
la moitié de ces particules (qui sont les plus dangereuses) sont émises par le transport routier.
Répartition géographique
Voici la situation dans les régions françaises :
Attention cependant, c’est la simple moyenne arithmétique des mesures dans les villes (non pondérées par la population).
Je vous ai préparé le détail dans 300 villes françaises en 2014 ici : pollution-air-particules-villes-francaises
Vous pouvez suivre la pollution de l’air chez vous via l’association gérant votre région :
Car la pollution ne touche pas que les villes – comme ici dans la vallée de l’Arve en Haute-Savoie, au pied du mont Blanc (Source) :
Précisions géographiques
Une étude ancienne, portant sur 2000-2006 aboutissait aux concentrations saisonnières suivantes de particules dans 9 grandes villes françaises (Source) :
(le rectangle avec les traits représente la distribution : le rectangle va du 1er quartile (25 % des mesures) au 3e quartile (75 % des mesures), le trait vertical à l’intérieur représentant la médiane (la moitié des mesures sont inférieures, et la moitié supérieures), les traits allant aux 1er et 9e déciles (10 % à 90 % des mesures), les points représentent des valeurs extrêmes.
On note que la pollution aux particules fines empire en hiver, et que Marseille avait alors le record.
Une nouvelle étude portant sur 2007-20101 a confirmé ces tendances (Source) :
L’étude conclut que chaque augmentation de 10 µg/m3 des PM10 se traduit par une augmentation de la mortalité non accidentelle de +0,5 %, dont +1 % pour les plus de 74 ans. Cette surmortalité s’observe principalement durant la période estivale, quelques jours après l’exposition. Elle confirme les effets à court terme des PM10 sur la mortalité, même à des concentrations conformes à la réglementation de l’Union européenne (40 µg/m3 en moyenne annuelle) et proches des valeurs guides de l’OMS (20 µg/m3), et souligne la nécessité d’agir pour diminuer les niveaux de particules en France.
Analysons quelques cartes, en commençant, pour simple rappel, par une carte de la densité de population :
Voici alors les niveaux d’exposition aux particules fines en France :
Scénarios d’actions
L’INVS a réalisé une longue étude analysant différents scénarios.
Dans le premier, on analyse ce qui se passerait sans aucune émission humaine – on fait l’hypothèse que 100 % du territoire a un niveau de 4,9 µg/m3, qui est le niveau qui correspond à la valeur maximale
rencontrée dans les 5% des communes rurales les moins polluées. Ces communes sont principalement localisées dans les massifs montagneux :
rencontrée dans les 5% des communes rurales les moins polluées. Ces communes sont principalement localisées dans les massifs montagneux :
Ce scenario est évidemment irréaliste ; mais il a l’intérêt de mesurer les effets totaux de la pollution. On arrive à ceci :
On retrouve les 48 000 décès, dont 25 000 dans des communes de plus de 100 000 habitants, représentant 13 % des décès et 9 mois de perte d’espérance de vie en moyenne. Voici la répartition des effets sur le nombre des décès :
et là sur l’espérance de vie :
On peut dès lors analyser d’autres scénarios, plus réalistes et pouvant servir à guider l’action publique.
Dans le scénario Grenelle de l’environnement, on cible un objectif de 15 µg/m3. Cela éviterait environ 3 000 décès. Nous ne le développons pas plus.
Plus ambitieux, on cible la norme OMS de 10 µg/m3 – ce qui semble un minimum. On aboutit à ces résultats :
aboutissant en synthèse à près de 18 000 décès en moins :
Dernier scenario, le plus ambitieux, dit « communes équivalentes les moins polluées », dans lequel aucune commune française ne dépasserait la valeur de PM2.5 observée dans les communes de classe d’urbanisation équivalente les moins polluées. Ce scénario correspond en moyenne à une baisse de 5 μg/m3 dans les communes concernées (soit 4,9 µg pour les rurales, 5,7 µg en dessous de 20 000 habitants, 6,6 en dessous de 100 000 habitants et 8,2 µg dans les communes de plus de 100 000 habitants). Les concentrations à atteindre pour chaque commune sont les suivantes :
Avec pour résultat :
Sous ce scénario, plus de 34 000 décès seraient évités chaque année en France, dont près de la moitié dans les communes appartenant à une unité urbaine de plus de 100 000 habitants. Ceci correspondrait à une baisse moyenne de la mortalité en France de près de 7 %. Les personnes de 30 ans gagneraient alors en moyenne 9 mois d’espérance de vie. Pour plus de 19,6 millions d’habitants, le gain en espérance de vie à 30 ans dépasserait un an. Des bénéfices importants seraient observés dans toutes les régions, y compris dans les zones rurales
Voici une synthèse de ces scénarios :
On soulignera enfin que si la pollution de l’air est responsable d’environ 48 000 morts par an, 3e cause d emortalité après le tabac (78 000 décès par an) et l’alcool (49 000), c’est la 1ère cause de perte d’années de vie : le tabagisme (actif et passif) représente au total 680 000 années de vie perdues par an, l’alcool 810 000 et la pollution de l’air 950 000… (Source)
Les bénéfices sanitaires des scénarios de diminution des niveaux de PM2,5 présentés précédemment se révèlent être substantiels pour les plus ambitieux (scénario « communes équivalentes les moins polluées », scénario OMS), ce qui constitue un puissant encouragement à l’action.
11 réponses à La pollution de l’air en France
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