PANIQUE À BORD DU BATEAU PARLEMENTAIRE
PenelopeGate : les députés se pressent pour changer de collaborateurs
Publié le 27 janvier 2017
« Il y a quelque chose de pourri dans ce monde », une affirmation bien ironique de François Fillon en personne, venu tenter de se défendre avant-hier soir sur TF1. Accusé par Le Canard Enchaîné d’avoir plusieurs années durant employé fictivement sa compagne Pénélope, ajoutant ainsi tranquillement environ 500 000 € brut à son haut salaire de parlementaire, François Fillon fait la Une des journaux au détriment de son statut de respectable présidentiable. Un sort que ses compagnons de Parlement sont loin de lui envier, surtout quand ils sont nombreux à pouvoir être accusés des mêmes fraudes. C’est ainsi que la Haute autorité pour la transparence de la vie publique a reçu de nombreux coups de fil ces derniers jours, de parlementaires qui n’ont pas attendu leur tour pour changer le nom de leur collaborateurs. Des crabes de tous bords qui s’agitent dans un même panier.
Mar Martin
Coup dur pour l’intègre catholique des Républicains
Pour celui qui avait battu Sarkozy en lui opposant un profil de respectable chevalier républicain, l’accusation du Canard est rude. C’est l’un de ses axes phares, retrouver des politiciens intègres, qui montrent l’exemple, bien loin de l’image du bling-bling Sarkozy, qui est aujourd’hui remis en cause. Mais si le scandale qui a éclaté semble bel et bien entacher l’image du candidat de la droite qui perd 16 points de popularité dans les sondages, il n’a en revanche pas à s’inquiéter d’être mis sur le banc de touche par la Justice. En effet, le candidat a beau jeu de déclarer vaillamment qu’il « n’y a qu’une seule chose qui [l]’empêcherait d’être candidat, c’est si [son] honneur était atteint, [s’il était] mis en examen », car comme l’expose Le Point, aucune mise en examen n’est possible d’ici aux Présidentielles. Un calendrier bien pratique pour cette justice de classe, qui laisse en liberté Balkany malgré toutes ses condamnations et condamne en quelques heures celui qui a giflé Manuel Valls la semaine dernière.
Panique générale au Parlement
Néanmoins, le scandale qui entache Fillon semble en agiter plus d’un au Parlement. Loin d’être le seul à pratiquer l’embauche de ses pairs, Mediapart a déjà révélé que 115 députés sur 577 auraient déjà salarié un membre de leur famille en CDD, CDI ou temps partiel. De l’argent public qui fonctionne en circuit bien fermé. Si cette pratique est légale tant que l’emploi est bien réel, elle n’est en revanche aucunement contrôlée. De sorte que le « Penelopegate » a poussé certains à appeler rapidement la Haute autorité pour la transparence de la vie publique pour faire changer le nom de leurs collaborateurs. Parmi eux, un député proche de Fillon qui a mis fin aux fonctions d’attachée parlementaire de sa femme. Un politicien véreux peut en cacher un autre, voire beaucoup d’autres.
« Tous pourris », mais vraiment tous
On savait déjà que ces crabes au panier bien étroit ne connaissaient ni le prix d’un pain au chocolat, ni d’un tiquet de métro, ou qu’ils n’avaient pas trop à s’inquiéter de la Justice lors de leurs multiples affaires, voilà maintenant une preuve supplémentaire que tout ce petit monde peut compter sur de nombreux filons pour se mettre bien au chaud même lors des pics de froid économique.
Mais si aujourd’hui c’est le candidat des Républicains qui est pointé du doigt, occultant un peu le fait que son concurrent à la Présidentielle Emmanuel Macron est lui aussi soupçonné d’avoir volé de l’argent à Bercy pour financer sa campagne, on aurait tort d’oublier que quelque soit sa couleur, un crabe reste un crabe. Et il y en a qui profitent du tohu-bohu pour se faire tout petit au risque d’être eux aussi pris dans les mailles du filet. Pour le parti le plus familial de France, les affaires sont nombreuses au point qu’on ne les entend même pas aujourd’hui profiter du « Penelopegate » pour crier au « tous pourris » dans lequel ils devraient bien trop s’inclure. Ainsi Marine Le Pen est aujourd’hui poursuivie par le Parlement européen qui lui réclame 300 000 € pour avoir embauché des assistants parlementaires qui ne travaillaient pas au Parlement européen. Ou c’est encore son garde du corps qui était payé en tant qu’assistant parlementaire. Bref, un crabe à l’aise dans son panier.
Du panier à la casserole
7 100 € brut mensuel, c’est le salaire de ces mêmes députés qui emploient massivement leur famille, réel ou fictif, pour rembourrer leur matelas déjà bien confortable. A moins que la vie soit plus chère dans le microcosme parlementaire, on a du mal à trouver une justification honnête pour ces élus qui qui plus est, à en regarder les images, n’ont pas l’air très assidus aux séances parlementaires. Un salaire loin de toute réalité pour voter allègrement la dégradation de nos conditions de travail et de vie. Certains sont si éloignés de la réalité, qu’ils en arrivent à se plaindre de ne pas arriver à mettre de l’argent de côté malgré leurs indemnités, à l’image de Henri Guaino.
Au panier de crabes de luxe nous opposons des représentants élus sur des mandats clairs, révocables, et rémunérés de la même manière qu’un salarié du rang : ces députés pourraient alors enfin voir ce qu’est la vie de ces « sans-dent » qui n’ont pas la « chance » d’être invités sur les paquebots de Bolloré. De sorte qu’il n’y ait pas d’enjeux de pouvoir et de corruption lors de l’exercice de hautes fonctions publiques, mais bien plutôt l’engagement sincère mais contrôlé et tournant régulièrement pour gérer les affaires communes.
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