Les couteaux sont restés au vestiaire.
On attendait un duel acrimonieux. On a eu un échange convivial. Manuel Valls n’a pas voulu suivre ses partisans dans la dénonciation outrancière. Benoît Hamon, qui voulait montrer sa toute neuve «présidentialité», a joué la compétence technique et refusé d’attaquer son adversaire, se contentant de répondre aux critiques d’un air bonhomme. Chacun veut préserver l’avenir. Mais quel avenir ? Dans ce débat de très bonne tenue, reconnu comme tel par la plupart des commentateurs, un spectre flottait néanmoins : celui de la défaite. Hamon est persuadé que Valls ne pourra pas refaire son retard du premier tour. Valls est convaincu que si Hamon est désigné – c’est l’hypothèse la plus probable – son programme sera démoli dans la suite de la campagne et que le candidat socialiste se battra pour l’identité de la gauche et non pour sa victoire. Chacun pense que l’autre, d’une manière ou d’une autre, tout de suite ou plus tard, perdra.
L’électorat de la primaire, de toute évidence, veut retrouver les frissons de la rupture et l’ambition d’une société nouvelle : Hamon domine. Mais Hamon aura ensuite du mal à expliquer comment son programme peut résister au feu d’un examen exigeant. Il est impossible de trouver les 300 milliards du revenu universel aujourd’hui. Mais comment cela sera-t-il possible dans cinq ou dix ans, surtout, comme il le prévoit lui-même, si la croissance reste faible ? On peut toujours jeter par-dessus les moulins les contraintes budgétaires européennes. Mais prévoit-on de sortir de l’euro ? Et comment un pays comme la France peut-il effacer d’un coup d’éponge une partie substantielle de sa dette ? La Grèce en dépit de sa situation catastrophique n’y est pas parvenue, quoique dirigée par un ancien militant de la gauche radicale. Ce à quoi Hamon pourra légitimement répondre : quel est le projet de société de Valls ? Veut-il vraiment changer les choses ? Ou non ?
Faute de réponses claires à toutes ces questions, la candidature socialiste aura surtout pour fonction de préserver, non les chances de victoire, mais la survie après une défaite respectable. Préoccupation honorable. Mais on rejoint le mot de François 1er après la défaite de Pavie : «tout est perdu, fors l’honneur».
C’était hier
• François Fillon bétonne. Il crie à la manipulation et promet de fournir à la justice les pièces qui démontrent
la réalité du travail de son épouse. Pour l’instant, les apparences sont contre lui. Les témoins qui se sont exprimés accréditent la thèse d’un emploi fictif. Ses soutiens ont réagi de manière si désordonnée que le doute plane. Il va au JT. Réponse à 20 heures.
• Emmanuel Macron passe lui aussi sur le gril.
On l’accuse d’avoir pratiqué à Bercy une sorte de macronisme hôtelier en recevant largement des personnalités susceptibles de le soutenir. Il dément avec énergie. Les partisans de Fillon se jettent sur cette affaire avec la même énergie, sans doute pour faire pendant et diversion aux ennuis de leur champion. Un peu court, pour l’instant.
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