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lundi 30 janvier 2017

Chonchon, le Mélenchon.....

30 janvier 2017
Laurent Joffrin
La lettre de campagne
de Laurent Joffrin

Chonchon, le Mélenchon

Mauvaise nouvelle pour Jean-Luc Mélenchon : la gauche vit encore. La nette victoire de Benoît Hamon, si elle présente beaucoup d’incertitudes, aura un effet certain : affaiblir le candidat de la «France insoumise». Jusque là, il pouvait se poser en procureur unique du «social-libéralisme». Détenteur du ministère de la vraie gauche, il pouvait fustiger sans fin les trahisons du gouvernement Valls, les renoncements du quinquennat Hollande, la décrépitude du PS, l’audace des propositions «insoumises», inspirées du mouvement altermondialiste. Problème : sur tous ces points, Hamon lui tient désormais la dragée haute. Le vainqueur de la primaire socialiste a critiqué lui aussi le tournant social-libéral de Hollande ; il a battu Valls dans un combat à la loyale ; il a démontré qu’un socialiste pouvait rajeunir son discours sans l’édulcorer, en reprenant à son compte les aspirations du mouvement social ; il a donné au PS à la fois un coup de jeune et un coup de gauche. Dans ces conditions, l’électeur progressiste se demandera où est la vraie originalité des «insoumis», sinon dans l’agressivité verbale et dans une devise à la Dupont-Dupond : «Et je dirai même plus…»
Comme les ennuis volent toujours en escadrille, un sondage Kantar Sofres-One du Figaro vient aussi contredire l’argument de l’efficacité électorale. Il y a quelques jours, Mélenchon ironisait, un peu comme Malraux jadis, sur le thème «entre moi et Macron, il n’y a rien». Patatras : l’enquête publiée hier donne 20 points à Macron, 10 à Mélenchon et… 15 à Hamon. Entre les deux candidats du centre gauche et de l’extrême-gauche, il y a un socialiste élu par près de deux millions de personnes et nanti d’un capital sondagier. S’il fallait un jour choisir le champion d’une gauche hypothétiquement réunie, celui du PS serait évidemment mieux placé. Bien entendu, Jean-Luc Mélenchon refusera de se désister, quoi qu’il arrive. Mais alors l’électeur risque de se poser une question toute bête : à quoi sert Mélenchon ? A faire perdre la gauche ?

C’était hier

Le bon discours de François Fillon à la Villette pourra-t-il le sauver ? Le candidat LR a multiplié les formules bien venues, les envolées électrisantes et les confessions tout en retenue vibrante. Le candidat de la droite n’est pas mort, loin de là, et il peut espérer survivre en tablant sur l’amnésie progressive de l’opinion et sur un dossier judiciaire qu’il pourra plaider (c’est à l’accusation de prouver l’emploi fictif). Reste un problème têtu : celui des faits. François Fillon n’a toujours pas fourni à l’opinion d’éléments concrets venant attester la réalité du travail fourni par son épouse. Pis : il a joué sur la simplicité en déclarant qu’il n’avait qu’un seul compte «au Crédit Agricole de Sablé-sur-Sarthe». Or il en a au moins deux, puisque l’Assemblée exige un compte spécial pour les transactions liées au mandat des députés. Pas grave, mais encore une fois imprécis. Sa femme travaille et ne travaille pas,ses fils sont avocats mais ne le sont pas encore, il a un seul compte et au moins deux. Demi-vérité ou post-vérité ?
Deux députés «réformistes» ont annoncé leur intention de rallier Emmanuel Macron. Les macronophiles du PS vont se réunir pour élaborer un texte commun. Le risque est réel pour Benoît Hamon. Mais ces transfuges courent aussi un risque : si Hamon fait un score honorable (ce n’est pas gagné), le PS restera incontournable dans des législatives. Dans ce cas, l’étiquette Macron ne suffira pas. Adieu réélection…
Fillon n’est pas le seul à avoir des ennuis avec des emplois supposés fictifs. Marine Le Pen doit batailler contre le Parlement européen qui lui reproche d’avoir eu une assistante rémunérée par l’institution mais qui travaillait en fait pour le parti frontiste. Une information judiciaire est ouverte, mais le Parlement réclame déjà le remboursement des sommes versées, plutôt coquettes. Curieusement, cette affaire fait peu de bruit, infiniment moins, en tout cas, que celle de Fillon.
LAURENT JOFFRIN
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