Mauvaise nouvelle pour Jean-Luc Mélenchon : la gauche vit encore. La
nette victoire de Benoît Hamon, si elle présente beaucoup d’incertitudes, aura un effet certain : affaiblir le candidat de la «France insoumise». Jusque là, il pouvait se poser en procureur unique du «social-libéralisme». Détenteur du ministère de la vraie gauche, il pouvait fustiger sans fin les trahisons du gouvernement Valls, les renoncements du quinquennat Hollande, la décrépitude du PS, l’audace des propositions «insoumises», inspirées du mouvement altermondialiste. Problème : sur tous ces points, Hamon lui tient désormais la dragée haute. Le vainqueur de la primaire socialiste a critiqué lui aussi le tournant social-libéral de Hollande ; il a battu Valls dans un combat à la loyale ; il a démontré qu’un socialiste pouvait rajeunir son discours sans l’édulcorer, en reprenant à son compte les aspirations du mouvement social ; il a donné au PS à la fois
un coup de jeune et un coup de gauche. Dans ces conditions, l’électeur progressiste se demandera où est la vraie originalité des «insoumis», sinon dans l’agressivité verbale et dans une devise à la Dupont-Dupond :
«Et je dirai même plus…»
Comme les ennuis volent toujours en escadrille, un sondage Kantar Sofres-One du Figaro vient aussi contredire l’argument de l’efficacité électorale. Il y a quelques jours, Mélenchon ironisait, un peu comme Malraux jadis, sur le thème «entre moi et Macron, il n’y a rien». Patatras : l’enquête publiée hier donne 20 points à Macron, 10 à Mélenchon et… 15 à Hamon. Entre les deux candidats du centre gauche et de l’extrême-gauche, il y a un socialiste élu par près de deux millions de personnes et nanti d’un capital sondagier. S’il fallait un jour choisir le champion d’une gauche hypothétiquement réunie, celui du PS serait évidemment mieux placé. Bien entendu, Jean-Luc Mélenchon refusera de se désister, quoi qu’il arrive. Mais alors l’électeur risque de se poser une question toute bête : à quoi sert Mélenchon ? A faire perdre la gauche ?
C’était hier
Deux députés «réformistes» ont annoncé leur intention de rallier Emmanuel Macron.
Les macronophiles du PS vont se réunir pour élaborer un texte commun. Le risque est réel pour Benoît Hamon. Mais ces transfuges courent aussi un risque : si Hamon fait un score honorable (ce n’est pas gagné), le PS restera incontournable dans des législatives. Dans ce cas, l’étiquette Macron ne suffira pas. Adieu réélection…
Fillon n’est pas le seul à avoir des ennuis avec des emplois supposés fictifs. Marine Le Pen doit batailler
contre le Parlement européen qui lui reproche d’avoir eu une assistante rémunérée par l’institution mais qui travaillait en fait pour le parti frontiste. Une information judiciaire est ouverte, mais le Parlement réclame déjà le remboursement des sommes versées, plutôt coquettes. Curieusement, cette affaire fait peu de bruit, infiniment moins, en tout cas, que celle de Fillon.
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