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mercredi 24 février 2016

Le casse-tête présidentiel du Front de gauche


Le casse-tête présidentiel du Front de gauche

LE MONDE |  • Mis à jour le  | Par 

                               
                                Jean-Luc Mélenchon sur TF1, le 10 février 2016.



Qu’elle paraît loin cette année 2011 où, lançant une dynamique qui aboutira l’année suivante à un score à deux chiffres, Jean-Luc Mélenchon s’imposait face au communiste André Chassaigne pour devenir le candidat à la présidentielle du Front de gauche. Un rassemblement qui semble désormais appartenir au passé tant ses différentes composantes ont pris des chemins divergents ces derniers mois.
Dernier exemple en date : la candidature à la présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, annoncée au « 20 heures » de TF1 le 10 février, sans que le PCF n’en soit informé. Dans un timing surprenant, coincé entre le vote sur la déchéance de nationalité à l’Assemblée nationale et un nouveau remaniement, l’ex-coprésident du Parti de gauche (PG) s’est lancé. Soit deux jours après que Marine Le Pen a fait de même. Quelques semaines plus tôt, le débat autour d’une primaire de la gauche avait eu un impact sur les plans du député européen, qui refuse de se laisser enfermer dans un calendrier qu’il n’aurait pas choisi. Ce dernier a catégoriquement refusé d’y participer : pas question de s’inscrire dans un exercice où, en cas de défaite, il devrait soutenir François Hollande dont il combat depuis plusieurs années la politique.

Fortes tensions au Front de gauche


A quinze mois de l’échéance, M. Mélenchon fait l’analyse qu’il est le mieux placé, voire le seul, à la gauche du président de la République à pouvoir tirer son épingle du jeu. Même si les sondages sont, à ce stade, à prendre avec prudence, il reste donné autour de 10 % des intentions de vote. Mais, au fil des mois, ce dernier s’est isolé au sein de la gauche. Son discours, souvent perçu comme agressif, l’a coupé en premier lieu des socialistes. Les écologistes ont rapidement suivi. Les fortes tensions au sein du Front de gauche ont aussi éloigné les communistes dont beaucoup ne semblent pas vouloir rééditer l’expérience de 2012. Le député européen fait, lui, le pari que ces derniers n’auront pas le choix et devront se rallier à sa candidature.
Isolé, il tente de faire de ses faiblesses une force. Il entend s’adresser directement au « peuple » en situant sa candidature « hors cadre de partis ». A commencer par le sien, le PG, qui sort très affaibli des quatre premières années du quinquennat. Son slogan ? « La France insoumise et fière de l’être. » Son mot d’ordre ? « L’intérêt général humain. » Il n’inscrit plus son discours dans le traditionnel clivage gauche/droite pour lui préférer celui du « peuple » contre « la caste ». Aux communistes qui lui reprochent une démarche « en solo », il répond qu’il est « un déclencheur ». Les 500 signatures ? Le financement de sa campagne ? Le candidat ne se montre pas inquiet, clame sa « totale confiance » et semble déterminé à aller au bout en s’appuyant sur une plate-forme Web, jlm2017.fr, qui doit lui permettre de récolter soutiens et dons. Plus de 60 000 personnes auraient déjà laissé leurs coordonnées, selon les chiffres affichés sur son site mercredi 24 février.

Au centre du jeu


Les communistes tracent désormais eux aussi leur sillon, bien décidés à explorer toutes les options possibles avant de se rallier à une éventuelle candidature de Jean-Luc Mélenchon. Avec Ensemble, la troisième force du Front de gauche, ils ne désespèrent pas de remettre le député européen dans un processus collectif. La primaire leur semble le meilleur moyen de légitimer toute nouvelle candidature.
Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a été l’un des premiers à répondre favorablement à l’appel lancé par une quarantaine de personnalités en ce sens. Le numéro un communiste a reconnu que cet exercice ne faisait pas partie de sa « culture » mais y souscrit désormais totalement, seul moyen, selon lui, d’empêcher la gauche de « disparaître » en 2017. D’abord opposé à la présence du président de la République dans un tel dispositif, il a fait évoluer son discours, réclamant désormais que soit élaboré un « socle politique commun » qui obligerait chaque candidat.
Le sénateur de Paris veut y croire et a sonné la mobilisation générale. Il organise un rendez-vous désormais hebdomadaire de débats, place du Colonel-Fabien : « Les lundis de gauche, porte ouverte pour 2017. » Une façon de tenter de se remettre au centre du jeu, mais aussi de laisser planer le doute sur ses ambitions pour 2017. Ces dernières années, le parti a échoué à faire émerger une personnalité qui puisse sérieusement concurrencer Jean-Luc Mélenchon. Une primaire serait un bon moyen pour le PCF d’être présent à moindre risque. M. Laurent vient d’ailleurs d’indiquer qu’il n’excluait pas de « forcer sa nature » pour être candidat. Un congrès de la formation en juin devrait permettre d’y voir plus clair.

Voix discordantes


Des voix discordantes se font néanmoins entendre. Un dirigeant du parti, Francis Parny, vient de claquer la porte de l’exécutif national en assurant M. Mélenchon de son soutien. L’ancienne numéro un communiste, Marie-George Buffet, ne doit pas être loin de penser la même chose. Sur sa page Facebook, au lendemain de l’annonce de candidature de l’ancien socialiste avec qui elle a mis sur pied le Front de gauche, elle a posté un message se concluant par « Poursuivons le combat pour une France insoumise et fière de l’être ».
Dans un contexte où la gauche dans son ensemble est en recul et où il sera difficile de contrer le vote utile face au Front national, M. Mélenchon aura besoin de rassembler largement pour espérer incarner une alternative à François Hollande. A commencer par sa propre famille politique, plus divisée que jamais. Si les communistes devaient soutenir in fine l’ex-coprésident du PG, il ne faudrait pas non plus attendre la dernière heure pour s’y résoudre. Au risque, pour chacun, de définitivement plomber une éventuelle dynamique.

En savoir plus sur: http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/02/24/le-casse-tete-presidentiel-du-front-de-gauche....

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