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Sylvain Tesson, Russie rider
Sylvain Tesson, Russie rider (Photo Yves Tennevin, CC BY SA - Flickr)
L'AUTEUR
Sylvain Tesson nous prouve à chaque nouveau livre qu’il mérite un jour de rentrer dans le club très fermé des grands écrivains voyageurs, au même titre que Nicolas Bouvier et son extraordinaire l’Usage du monde (livre à lire en extrême urgence avant même d’oser lire cette rubrique). Il manque encore peut-être à Tesson d’écrire des grands et gros livres car il se cantonne dans des nouvelles et des courts récits de voyage. Mais ça viendra sûrement avec le temps, s’il n’essaie pas de grimper à nouveau la façade d’un chalet alpin avec une alcoolémie frisant l’indécence (dixit Tesson lui-même !) ce qui a carrément failli le tuer il y a quelques mois. Ça aurait été bien regrettable, même si nous aurions eu de toute façon la chance de déguster ce dernier opus sur la Bérézina, déposé chez son éditeur de Chamonix la veille de sa chute.
Le dernier livre de Tesson est probablement le meilleur et pour plusieurs raisons qui ne méritent que peu de discussion : tout d’abord, il retourne en Russie, sa terre de prédilection, où il avait passé plusieurs mois en hibernation au bord du lac Baïkal (l’autorisant à écrire le superbe Dans les forêts de Sibérie) ; ensuite, et de manière très originale, il va mener en parallèle le récit de son propre voyage de Moscou à Paris en moto soviétique avec des copains russes et français (dont Cédric Gras, autre écrivain voyageur, russophile pathologique comme lui), et celui de la terrible débâcle de la Grande Armée ; enfin, son style, arrivé à maturité, est à la hauteur de l’horreur de l’époque, plein de sang et de drames, mais aussi d’humour, d’alcool (vodka uniquement)… et de pannes de moteur, la moto Oural ayant la double particularité de tomber en carafe toutes les douze heures, mais aussi d’être toujours réparable avec à peu près n’importe quoi. On sent Tesson dans son élément : plus il fait très froid, plus la vodka est bonne et plus on s’engueule autour d’une carte de l’époque napoléonienne, car forcément il ne peut que refaire exactement le même trajet que l’empereur, alors le monde vaut encore d’être vécu.
Sylvain Tesson Bérézina Editions Guérin, 224 pp., 19,50 €.
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