FIN DU ROMAN D'ÉTÉ
Marine Le Pen est aujourd'hui à Brachay où elle entend tourner la page de la crise interne au FN
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Comme en 2014, Marine Le Pen fait sa rentrée politique à Brachay, petit village symbole à ses yeux de la "France des oubliés" | AFP
FRONT NATIONAL - Accaparée depuis des mois par la crise ouverte qui l'oppose à son père, Marine Le Pen espère tourner définitivement la page en se lançant dans la course des régionales. Ce n'est pourtant pas dans sa terre d'élection du Nord-Pas-de-Calais-Picardie mais à Brachay, en Haute-Marne, qu'elle est attendue ce samedi 29 août. Aucune importance: Marine Le Pen a d'ores et déjà annoncé qu'elle nationaliserait sa campagne pour mieux dénoncer la réforme territoriale, la politique migratoire du gouvernement et sa responsabilité dans la crise de l'agriculture.
C'est donc une nouvelle fois dans ce petit village isolé d'une soixantaine d'habitants où l'on vote à plus de 70% pour le FN que la présidente du parti d'extrême droite effectue sa rentrée politique. Symbole de "la France des oubliés", un slogan longuement étrenné par l'ancienne et future candidate à la présidentielle, Brachay et ses fermes désertées offrent chaque année un cadre idéal à Marine Le Pen, née à Neuilly-sur-Seine, pour s'ériger en porte-voix d'une ruralité abandonnée par les "partis du système".
Dans le discours qu'elle prononcera à 11h30 devant plusieurs centaines de ses sympathisants, la présidente du Front national dressera donc un réquisitoire féroce de la politique du gouvernement socialiste afin de mieux tourner le dos aux provocations d'un Jean-Marie Le Pen bien décidé à ne pas se laisser marginaliser.
Après la crise, les retombées électorales
Tout aura été fait pour que l'épisode de l'exclusion de Jean-Marie Le Pen soit clôt avant cette rentrée politique. Tout l'été, Marine Le Pen s'est volontairement mise en réserve, limitant ses interventions médiatiques et refusant d'assister au conseil disciplinaire de son père pour se préserver de ses attaques. Le bureau exécutif du Front national s'est quant à lui réuni au dernier moment ce vendredi pour rédiger les motivations qui l'ont conduit à prononcer l'exclusion définitive du "Mehnir". Un retard interprété par l'avocat de Jean-Marie Le Pen comme une manoeuvre "déloyale" visant à retarder un recours en justice.
Si elle reconnait que l'épisode est "douloureux", Marine Le Pen veut croire qu'elle va pouvoir désormais bénéficier des retombées électorales de ce qu'elle considère comme une clarification idéologique. "Quand on est un responsable politique, il faut assumer de clarifier sa position", a-t-elle assuré ce vendredi sur TF1. "Jean-Marie Le Pen était le meilleur et le seul argument contre le FN", plaidait-elle cette semaine dans un long entretien accordé au Figaro Magazine.
Tandis que des lepénistes canal historique organisent la résistance en Paca, Marine Le Pen assure ne pas redouter une hémorragie de militants ni même l'émergence d'un nouveau parti dissident. "Si des gens se sentent mal à l'aise, ils peuvent reprendre leur liberté", méprise-t-elle. Depuis le début de la crise interne au FN, la cote de popularité de l'eurodéputée n'a connu que des fluctuations passagères. Et un sondage Ifop pour Paris Match paru cette semaine la place toujours en tête du premier tour de la présidentielle de 2017.
La "marinisation" des esprits suit son cours
Outre un contexte jugé favorable à l'extrême droite (crise des éleveurs, crise des migrants, menace terroriste), Marine Le Pen peut aussi se féliciter des derniers progrès de sa stratégie de dédiabolisation. Une frange de ses jeunes partisans vient d'annoncer leur intention de créer une association Front national à Sciences-Po Paris. Une première qui est aussi un symbole puissant de la banalisation de l'extrême droite dans l'école du pouvoir et antichambre de l'ENA.
Autre bonne nouvelle: l'économiste de renom Jacques Sapir, compagnon de route du Front de Gauche et théoricien convaincu de la nécessité d'une sortie de l'euro, a appelé cette semaine à la constitution d'un front des souverainistes incluant le Front national. L'idée a fait hurler les amis de Jean-Luc Mélenchon qui y ont vu un blanc-seing politique accordé au FN. Mais elle a évidemment réjoui Marine Le Pen qui s'est entourée depuis plusieurs mois d'économistes partageant les analyses de Jacques Sapir afin de crédibiliser sa promesse d'une sortie de la monnaie unique.
Toute la question est de savoir si ces succès d'estime ne seront pas rapidement éclipsés par la guerilla juridique et médiatique menée par Jean-Marie Le Pen. D'autant que la question d'un congrès extraordinaire, étape incontournable pour le priver de son statut de président d'honneur, n'a toujours pas été tranchée. Dans moins d'une semaine, le "Menhir" a d'ores et déjà promis de s'inviter à l'université d'été du FN à Marseille et d'y présider un "repas patriotique" sous les objectifs des caméras. En attendant de pouvoir contester son exclusion devant les tribunaux.
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