La Grèce multiplie les contacts, tensions sur la dette
Par par James Mackenzie et Renee Maltezou | Reuters –Reuters/Reuters - Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a téléphoné au président de la BCE Mario Draghi pour lui assurer que son gouvernement souhaitait parvenir à une solution avec ses partenaires internationaux
par James Mackenzie et Renee Maltezou
ATHENES (Reuters) - Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a téléphoné au président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi pour lui assurer que son gouvernement souhaitait parvenir à une solution avec ses partenaires internationaux sur sa demande de renégociation de l'aide financière à la Grèce, a-t-on appris samedi de source gouvernementale grecque.
Alexis Tsipras a appelé le patron de la BCE vendredi soir à l'issue d'une rencontre tendue entre son ministre des Finances Yanis Varoufakis et le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, a dit cette source.
"La discussion s'est déroulée dans un bon esprit et il s'est confirmé qu'il existait une volonté de parvenir à une solution mutuellement bénéfique pour la Grèce et pour l'Europe", a-t-elle ajouté. Un porte-parole de la BCE n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.
Après son entretien apparemment houleux avec Yanis Varoufakis, Jeroen Dijsselbloem a décroché son téléphone et appelé Alexis Tsipras pour lui dire qu'en dépit de signes mineurs de tension, les négociations se poursuivaient, a encore indiqué le responsable gouvernemental à Athènes.
Après sa rencontre avec Jeroen Dijsselbloem, Yanis Varoufakis a déclaré que le nouveau gouvernement grec n'avait pas l'intention de coopérer avec la mission de la troïka de ses créanciers internationaux (Commission européenne, BCE, Fonds monétaire international) et ne demanderait pas une extension de son programme d'assistance, qui expire le 28 février.
Athènes a également annoncé cette semaine, comme premières mesures, le gel de projets de privatisation réclamés par la troïka et la réintégration de plusieurs milliers de fonctionnaires injustement mis à pied.
"CONVERGENCE" FRANCO-ALLEMANDE
Réunis vendredi soir pour un dîner à Strasbourg, Angela Merkel et François Hollande ont fait savoir que l'Allemagne et la France "convergeaient" sur l'attitude à adopter face à la Grèce, qui entamera dimanche par Paris une tournée pour tenter de rallier des soutiens à son point de vue.
Yanis Varoufakis rencontrera dimanche son homologue français des Finances Michel Sapin, sera lundi à Londres puis mardi à Rome, où le rejoindra Alexis Tsipras. Le Premier ministre a prévu de rencontrer ensuite mercredi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ainsi que François Hollande.
La France et l'Italie, dont les gouvernements de centre gauche militent pour une réorientation de la politique européenne trop axée selon eux sur les politiques d'austérité imposées au début de la crise de la dette dans la zone euro, tendront sans doute une oreille indulgente à leurs interlocuteurs grecs.
Mais Paris et Rome ont aussi fait savoir qu'ils n'accepteraient pas, comme le réclame le nouveau gouvernement d'Athènes, un effacement même partiel de la dette grecque, qui pèse 320 milliards d'euros et 175% du PIB.
Dans le dernier numéro de l'hebdomadaire Agora paru samedi, Yanis Varoufakis plaide pour un "répit budgétaire" en faveur de la Grèce qui prendrait la forme d'un accord relais de quelques semaines, le temps de trouver un nouveau compromis avec les créanciers et de mettre en place des mesures, contre l'évasion fiscale notamment.
"FÉTICHISME VERBAL"
Mettant en garde contre le "fétichisme verbal", Varoufakis relève que l'Europe refuse un effacement partiel de la valeur nominale de la dette grecque mais semble éventuellement disposée à en prolonger la maturité ou en abaisser les taux d'intérêt, ce qui pourrait avoir au final le même effet.
Dans une interview à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, le ministre grec de l'Economie Georgios Stathakis suggère pour sa part de lier le remboursement de la dette grecque au taux de croissance économique du pays afin de trouver une solution "réaliste" au problème du poids de la dette.
"Pour le moment, nous consacrons environ 5% de notre produit intérieur brut au paiement des intérêts de la dette. Ce serait mieux si nous lions le remboursement à la croissance: si la croissance est élevée, nous payons davantage, si elle est faible, nous payons moins", explique-t-il.
La Grèce est censée recevoir encore 7,2 milliards d'euros, l'ultime tranche des programmes d'assistance d'un montant total de 240 milliards négociés depuis la crise de 2009, à condition d'en accepter les conditions.
Erkki Liikanen, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a prévenu samedi que l'institution de Francfort pourrait fermer les robinets aux banques grecques si le-dit programme, déjà étendu de deux mois, n'est pas prolongé après la fin février.
Athènes, qui n'a pas accès aux marchés obligataires, doit rembourser environ 10 milliards d'euros à divers créanciers cet été.
(Avec les rédactions de Paris et Berlin; Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)
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