Elections départementales 2015: le FN accuse (à tort) Manuel Valls de faire campagne aux frais de l'Etat
Publication:
Elections départementales 2015: le FN accuse (à tort) Manuel Valls de faire campagne aux frais de l'Etat | AFP
DEPARTEMENTALES - La campagne pour les élections départementales est bel et bien lancée et elle fait déjà polémique. Fragilisé par les révélations successives sur les dérapages d'une frange de ses candidats, le Front national a riposté ce vendredi 27 février en accusant le premier ministre Manuel Valls de faire campagne aux frais de l'Etat.
Une attaque qui n'est pas anodine puisqu'elle renvoie directement aux meetings du président-candidat Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2012. Meetings dont certains avaient été financés (à tort) par l'UMP ou l'Elysée et qui ontprécipité l'invalidation des comptes de l'ancien chef de l'Etat.
S'appuyant sur cette "jurisprudence Sarkozy", plusieurs cadres du Front national, à commencer par les vice-présidents Louis Aliot et Florian Philippot, exigent que les déplacements du premier ministre soient réintégrés dans les comptes de campagne des candidats soutenus aux départementales.
Invité ce vendredi sur BFMTV et RMC, Florian Philippot en a rajouté une couche en se demandant si "Manuel Valls n'avait rien d'autre à faire" que de faire campagne contre le FN. "C'est un mélange des genres assez grave. [...] Et puis c'est payé par qui?", s'interroge le bras droit de Marine Le Pen. "La campagne du Parti socialiste ne serait-elle pas payée en partie par l'Etat, en tout cas dans les cantons où se déplace M. Valls?", renchérit-il.
Solférino assure l'intégralité des frais de déplacement
Problème, le déplacement de Manuel Valls n'a pas été financé par ses services mais bien par le Parti socialiste, comme l'ont confirmé au HuffPost le cabinet du premier ministre et celui de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS. "Dans le cadre d'un déplacement électoral, c'est au parti politique, en l’occurrence le Parti socialiste, de financer l'intégralité du transport du premier ministre ou des ministres", confirme-t-on à Matignon. Seule exception: la sécurité du membre du gouvernement reste à la charge de l'Etat, comme lorsqu'il se rend à son domicile ou lorsqu'il prend ses vacances.
À Solférino, le cabinet de Jean-Christophe Cambadélis se montre encore plus précis. Pour le meeting de l'Aude, le parti a bien pris en charge le déplacement "et jusqu'aux bouteilles d'eau" du premier ministre dès son départ de Matignon. Ces frais seront intégrés aux comptes nationaux du PS. Le Parti socialiste assure également "de manière rationalisée" le financement du "renfort de sécurité" autour des meetings auxquels participent les membres du gouvernement.
Dans l'Aude, le PS a donc réglé le coût de l'avion privé affrété pour acheminer Manuel Valls. Ce vendredi à Rennes, où il participe à un autre meeting, Manuel Valls prendra un TGV et restera une nuit à l'hôtel toujours aux frais du Parti socialiste.
Cette organisation tatillonne fait l'objet de "points réguliers" entre Matignon et Solférino afin d'éviter la confusion des genres, nous assure-t-on au siège du PS. Hors campagne électorale, c'est d'ailleurs aux ministres eux-mêmes de financer leurs déplacements. "Aux universités d'été de La Rochelle, les ministres redeviennent de simples militants et paient de leur poche leur déplacement", indique-t-on au cabinet de Jean-Christophe Cambadélis.
Il en sera de même pour le congrès de Poitiers de juin prochain. Le PS réservera toutes les nuits d'hôtel, de celle du premier ministre à celle du président de l'Assemblée nationale, mais ceux-ci régleront leur note sur leurs deniers personnels.
Des règles modifiées en 2010
Les déplacements de soutien des membres du gouvernement ne datent pas d'hier et constituent une pratique républicaine bien installée. Jusqu'en 2010, le coût de ces voyages devait être intégré dans les comptes de campagne du candidat soutenu. Une décision du 14 octobre 2009 du Conseil constitutionnel favorable à François Fillon, alors premier ministre, a toutefois établi que "les frais liés au déplacement et à l'hébergement de représentants de formations politiques se rendant dans une circonscription ne constituent pas, pour le candidat que ces représentants viennent soutenir, une dépense électorale qui doit figurer dans son compte de campagne".
Il n'existe donc pas une "jurisprudence Sarkozy" en la matière mais bien une "jurisprudence Fillon" qui donne raison à Manuel Valls. La "jurisprudence Sarkozy" évoquée par le FN s'applique d'autant plus mal au cas du premier ministre socialiste que le reproche formulé à l'encontre de l'ancien président concernait sa propre campagne présidentielle et la confusion des genres délibérément entretenue de manière à faire payer par l'UMP une partie de ses frais de campagne.
Une stratégie de la suspicion éculée
Ce n'est pas la première fois que le FN vise Manuel Valls avec de telles accusations. L'ancien ministre de l'Intérieur prend régulièrement pour cible le parti d'extrême droite et a très souvent fait campagne sur les terres de conquête du FN, comme à Forbach, où Florian Philippot se présentait en mars 2014. Six mois avant, Manuel Valls était venu parler sécurité dans cette commune du Grand Est qu'ambitionnait de conquérir le Front national.
"C’est une tournée anti-FN, or les habitants ne veulent pas que le ministre de l’Intérieur, sur des fonds publics, vienne faire une campagne électorale", dénonçait pourtant Florian Philippot qui n'a toutefois pas déposer de recours devant la justice électorale.
En mars 2014, le candidat FN à Fréjus David Racheline avait lui interpellé la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) pour exiger qu'un déplacement de Manuel Valls dans le Var soit intégré dans les frais de campagne de son adversaire socialiste Elsa Di Méo. En vain. Ce qui n'a toutefois pas empêché l'élection de David Racheline à la mairie de Fréjus.
LIRE AUSSI :
La suite ici --->http://www.huffingtonpost.fr/2015/02/27/elections-departementales-fn-manuel-valls-campagne-frais-etat
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire