Nikos Voutsis: »On avance avec la majorité de la population face aux grandes difficultés »
Interview avec le Ministre de l’Intérieur du gouvernement grec donnée à l’Adamos Zahariades
source :epohi.gr
À la suite de la négociation cruciale de l’Eurogroupe, le ministre de l’Intérieur du nouveau gouvernement Nikos Voutsis présente les tactiques de la partie grecque, les problèmes et les difficultés auxquelles le gouvernement fait face et il commente les messages d’optimisme et de solidarité des mobilisations populaires.
Quelle est votre évaluation sur l’évolution des négociations, les tactiques du côté grec et les conclusions obtenus?
Il est clair qu’un piège avait été mis en place au nouveau gouvernement grec. Le plan visant à accélérer le processus de l’élection présidentielle en décembre dernier s’est commandé par l’ancien gouvernement et les agents des créanciers. Il a impliqué la prolongation de deux mois, afin que le nouveau gouvernement grec soit pressé et surprise, pour réaliser la conception de la «parenthèse de gauche». Vous devez savoir qu’il y avait une planification d’une décisive réunion de l’Eurogroupe le 26 janvier qu’elle a été empêchée, après les actions coordonnées du nouveau gouvernement. Par conséquent, la première phase, celle de la surprise, s’est terminée avec succès pour la partie grecque. Et je le dis dans le sens que nous avons internationalisé le sujet et les arguments grecs ont été considérés fiables en termes de la dette, des excédents, de l’austérité. Nous sommes entrés dans la deuxième phase. C’est une phase de conflit politique, sans prétention. Il s’agit d’une confrontation directe d’hégémonie des plans politiques.
Vous voulez dire qu’ils veulent que le gouvernement de gauche ne gagne pas quelque chose?
Exactement. Nos principaux arguments électoraux se sont basés sur l’effet domino politique et économique. Bien que de nombreux analystes estiment que l’Europe est maintenant plus sûre en ce qui concerne le domino financier, le domino politique est aujourd’hui beaucoup plus possible que celui en 2012. Ceci est associé avec le parti de Podemos, avec le Sinn Fein, mais aussi avec des pays comme l’Italie et la France. Les Européens prennent très au sérieux le risque d’un domino politique et en particulier les pays qui feront bientôt des élections.
Il semble toutefois, que l’Allemagne ait le premier mot
Je pense que les Allemands ne sont pas intéressés sur le sujet de la dette. C’est leur hégémonie en Europe qui est compromise. Ce qui compte pour eux est, à travers d’une pratique punitive, de montrer qu’ils sont les maîtres du jeu. D’autre part, l’Allemagne ne peut pas régler seule toute la situation. Même à l’intérieur ils existent de différentes approches, par exemple le Vice-chancelier Gabriel apparaît plus réaliste que Schäuble. Ils connaissent que la crise a des caractéristiques sociales et de classe et elles sont paneuropéennes. Ils connaissent aussi que la crise affect même l’intérieur de l’Allemagne, en termes des relations de travail et des conflits sociaux.
Quelle est l’importance du facteur du temps dans ces négociations? Les délais sont fortement serrés, tandis que le gouvernement demande un «programme passerelle» pour reprendre son souffle.
La stratégie du souffle, comme nous l’appelons, est importante. Mais elle est trop visible, ce qui permet à l’autre côté de l’affronter. Toutefois, nous avons bien fait de dire ouvertement ce dont nous avons besoin et ce que nous avons l’intention à réaliser. Ceux qui ne veulent pas faire échouer la politique d’austérité en Europe, vont essayer de torpiller toutes les accords possibles, afin d’éviter la création de meilleures relations politiques et le succès du souffle que nous demandons. Ce souffle ne concerne pas seulement la mise en œuvre de notre programme, mais aussi les changements des associations politiques dans différents pays européens.
Avez-vous trouvé plus de difficultés que vous croyiez de trouver?
Absolument. Notre objectif correct pour les élections directes afin de stopper la catastrophe sociale, présupposait que le gouvernement grec précédent aurait fermé toutes les questions en suspens avec les créanciers. Mais nous ne pouvions pas faire autrement. Il n’était pas possible d’attendre encore six mois. Les conséquences seraient très graves pour l’ensemble de la société grecque.
Enfin, quel rôle important a joué la division entre mémorandum et anti-mémorandum?
Trop. Nous avons confirmé notre position centrale par rapport à une distinction claire et fondamentale entre « mémorandum – anti-mémorandum », qui est restée stable malgré les différentes évaluations qui existaient dans tous les autres domaines politiques. Et ceci explique la présence du monde sur les places du pays, mais aussi le fait qu’il y a peu de réactions sur notre coopération avec le parti des Grecs Indépendants (ANEL), tandis que tous sont au courant du rôle de PASOK (PS) et de Potami (la rivière).
Cependant, est-ce qu’il y a la possibilité d’un problème de régularisation face à un éventuel compromis avec les créanciers?
Chaque accord doit laisser ouverte la voie pour affronter la crise humanitaire à travers des initiatives législatives, pour mettre fin à l’austérité, pour récupérer la souveraineté populaire et nationale, même progressivement. Ainsi, les gens pourraient donner un sens positif dans un accord. Si nos projets ne sont pas réalisés, soit parce que les créanciers ne les permettront pas, soit parce que nous ne pourrions pas les faire, il y aura bientôt une évolution fortement négative.
Parallèlement au processus de négociation il y a une mobilisation populaire pour soutenir le gouvernement. Comment cela change les données?
Il y a un processus que je le décrirais comme suit: du canapé à l’urne et de l’urne aux places. Il est très important, parce qu’on ne pouvait pas imaginer qu’il y aurait cette mobilisation du peuple aujourd’hui. Donc je voudrais dire que les gens comprennent le grand changement qui va venir, par des choses que parfois nous même ne donnons pas tant d’importance. Les premiers mouvements du gouvernement, le serment politique, l’absence d’intervention de la police aux marches, l’annonce du programme du gouvernement par le Premier ministre à l’Assemblé Nationale, ont été estimés par les gens beaucoup plus que ceux qui ont voté pour nous.
Surtout dans le Parlement le climat est très différent lors des premières séances.
Dans l’année précédente nous avions les députés de l’Aube Doré et les événements honteux qu’ils ont fait, les députés extrême-droites de Nouvelle Démocratie qui avaient la haute main et ils avaient créé une distance et une aversion pour la politique. Dans le Parlement actuel le climat est complètement différent. Ayant comme tronc un Gauche politiquement, esthétiquement et culturellement moderne, le climat change jour après jour. Les discours d’Aristides Baltas (Ministre de l’Education), de Dimitris Tsoukalas (Secrétaire général de la réforme administrative), de Nikos Paraskevopoulos (Ministre de la Justice) et de Nikos Xydakis (Ministre adjoint de la Culture) ont contribué beaucoup à la vie politique du pays et à la démocratie.
Le front intérieur
Nous parlons beaucoup de difficultés que nous trouvons à l’étranger, mais le gouvernement devra faire face aux grandes difficultés qui existent à l’intérieur. Surtout s’il veut mettre en œuvre ses engagements électoraux.
Ce sujet a deux côtés. Les difficultés au niveau politique et les difficultés au niveau social. Dans le niveau politique la logique des deux extrêmes s’était écrasée, mais celle aussi de la «parenthèse de gauche». Ce résultat est principalement dû aux résultats des élections. La très grande différence avec la ND, rend très difficile pour l’adversaire de revenir au pouvoir. Au niveau social, les difficultés concernent ce que le régime précédent bipartite a laissé derrière lui. Comme, par exemple, l’état clientéliste. Même s’il a lourdement reculé, il y a nombreux qui pensent qu’ils peuvent continuer dans la même façon. Enfin, il est évident que l’esprit d’entreprise financé par l’Etat est très fort avec toutes les conséquences que cela implique.
Parti – gouvernement-mouvement. Comment procède-t-on?
J’ajouterai encore un. Parti, gouvernement, parlement et mouvement. Ici, on doit admettre que notre préparation à partir de 2012 jusqu’à présent n’était pas adéquate. Nous aurions dû mieux organiser le débat sur la signification de la gauche dans le gouvernement, sur les compromis qui sont nécessaires et ceux qui sont tolérés, en suite comment nous allons organiser le programme et le recrutement du parti et des institutions étatiques. Même maintenant, nous devons faire cette transition parce que le parti ne peut pas rester dehors de tout le travail politique au sein du gouvernement. Il faut que le parti entre dans une priorité absolue, car il est nécessaire de formuler une nouvelle relation avec la société.
Traduction du grec: Athina Vlachaki
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