La mort d'un manifestant au barrage de Sivens a été causée par une explosion, questionnement sur un jet de grenade
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Premières explications sur le décès d'un manifestant au barrage de Sivens | AFP
FAITS DIVERS - Le manifestant de 21 ans mort dimanche sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn) a été victime d'"une explosion" dont on ne sait pas encore si elle a pu être causée par une grenade lancée par les forces de l'ordre, a déclaré lundi 27 octobre le procureur d'Albi.
"La plaie importante située en haut du dos de Rémi Fraisse a été causée, selon toute vraisemblance, par une explosion", a dit le procureur Claude Dérens lors d'un point presse. Des analyses doivent à présent établir si "une grenade, lancée depuis la zone où les gendarmes étaient retranchés", a pu être "à l'origine" de cette explosion, a ajouté le magistrat.
Différents médias avaient rapporté qu'une grenade aurait pu atteindre le jeune homme, découvert mort au moment d'affrontements avec les forces de l'ordre. Mais "aujourd'hui aucun élément ne permet d'affirmer, ni d'infirmer cette possibilité", a souligné le magistrat, qui a lu une déclaration et n'a accepté aucune question.
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Se voulant précis, le magistrat a déclaré: "La déflagration a été forte puisque le jeune homme a été projeté au sol de façon violente" et "selon le médecin légiste, la mort a été instantanée".
"L'objet à l'origine de l'explosion n'a pas entraîné de flamme" et "aucune trace de particule métallique ou plastique n'a été retrouvée dans la plaie", a-t-il ajouté.
Par conséquent, "le légiste ne peut ni affirmer, ni infirmer, sur la base des lésions anatomiques relevées, que l'origine de la plaie proviendrait d'une grenade lancée depuis la zone où les gendarmes étaient retranchés", a fait valoir le procureur.
Selon le magistrat, "il faut attendre les résultats d'analyses" effectuées au laboratoire de police scientifique de Toulouse pour connaître "le rôle déterminant - ou pas - de la grenade qui aurait été lancée, pour expliquer si elle est à l'origine de l'explosion".
Mort de Rémi Fraisse: la police scientifique... par BFMTV
Responsabilité des gendarmes pour l'avocat de la famille du manifestant
De son côté, l'avocat de la famille de Rémi Fraisse a dit mardi privilégier la thèse d'un "tir d'arme" par les gendarmes, jugeant "affligeant" qu'une information judiciaire n'air pas été ouverte. "Je m'oriente plutôt vers un tir d'arme, un projectile, flash-ball, grenade, à tir tendu, assez proche, pendant une charge des gendarmes mobiles", a déclaré Me Arié Alim sur France Info, confirmant qu'il déposerait plainte pour "homicide volontaire" mardi matin.
"Moi, c'est ce à quoi les résultats de l'autopsie me font penser au jour d'aujourd'hui. Maintenant, c'est peut-être tout à fait autre chose. C'est le juge d'instruction qui le déterminera", a-t-il ajouté.
Expliquant que la plainte soit déposée pour homicide "volontaire" et non "involontaire", l'avocat a fait valoir que les gendarmes étaient "des militaires aguerris" qui "savent que, dans certaines conditions, des projectiles tirés peuvent provoquer la mort". "Des militaires savent parfaitement que cela peut provoquer la mort, il peut y avoir une intention de la donner", a-t-il asséné.
Manifestation qui dégénère
La famille de Rémi Fraisse compte déposer plainte mardi pour homicide volontaire "par une ou plusieurs personnes dépositaires de l'autorité publique", ont annoncé lundi ses avocats à l'AFP.
Cette plainte doit "permettre à un juge d'instruction indépendant de faire toute la lumière sur les circonstances du décès" du jeune manifestant, a déclaré l'un des avocats de sa famille, Me Arié Alimi.
Plusieurs centaines d'opposants au projet se sont par ailleurs rassemblés devant la préfecture d'Albi afin de rendre hommage à Rémi Fraisse dans l'après-midi.
Selon plusieurs journalistes sur place, la manifestation a commencé dans le calme avant que l'annonce des premiers résultats d'autopsie n'entraîne quelques échauffourées (voir ci-dessous). Des CRS ont dû intervenir et utiliser des gaz lacrymogènes pour contenir quelques dizaines de manifestants cagoulés.
"Rémi, Rémi, on ne t'oublie pas", scandaient certains manifestants alors que d'autres brandissaient des pancarte sur lesquelles il était possible de lire "Rémi, ni oubli ni pardon, État assassin". Selon la police, une petite dizaine de personnes ont été interpellées.
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