Dans un livre, Bartolone souhaite un régime présidentiel et dresse plusieurs portraits
Par Vincent DROUIN | AFP
AFP/AFP/Archives - Claude Bartolone le 1er octobre 2014 à l'Assemblée nationale à Paris
Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone (PS), se prononce dans un livre pour la suppression du poste de Premier ministre et s'exprime sur ses relations, souvent difficiles, avec d'autres "éléphants" socialistes, de Laurent Fabius à François Hollande en passant par Ségolène Royal.
Dans ce livre d'entretiens avec la journaliste du Monde Hélène Bekmezian, "Je ne me tairai plus - plaidoyer pour un socialisme populaire" (Flammarion), à paraître le 8 octobre, Claude Bartolone souhaite "un régime présidentiel à la française" qui serait "incarné dans une VIème République". Actuellement, déplore-t-il, les fonctions de chef de l'Etat et chef du gouvernement "se brouillent un peu plus chaque jour".
Un régime présidentiel signifierait, explique-t-il, la suppression du poste de Premier ministre et du droit de dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République, tandis que celle-ci "ne devrait plus avoir la faculté de pouvoir renverser le gouvernement". Claude Bartolone se prononce aussi pour la fusion du Sénat et du Conseil économique, social et environnemental (CESE), la réduction du nombre de députés et une dose de proportionnelle pour leur élection.
Retraçant son parcours, de sa Tunisie natale à l'Hôtel de Lassay, sa résidence officielle, en passant par la conquête de la Seine-Saint-Denis, jusque là bastion communiste, Claude Bartolone revient aussi sur les points forts de sa présidence, comme les enjeux européens ou le mariage homosexuel. Il révèle à cette occasion que la ministre de la Justice, Christiane Taubira, avait été hospitalisée en urgence la veille du débat.
- Rupture avec Fabius -
Estimant que l'affaire Cahuzac était "d'abord la dérive personnelle d'un homme", il juge "disproportionnée" la réaction de François Hollande, qui avait alors annoncé la publication du patrimoine des élus, à laquelle Claude Bartolone s'est opposé avec succès. Il dit à cette occasion être "très fier" de sa maison des Lilas, en Seine-Saint-Denis, estimée à 1,2 million d'euros, précisant qu'il vient "seulement de finir de la payer".
Sans surprise, le président de l'Assemblée apprécie nettement plus la façon de gouverner de Manuel Valls que celle de Jean-Marc Ayrault. Il conseille à François Hollande d'être "plus attentif à l'image qu'il renvoie de lui-même". Voir le président "sous une tempête de pluie" à l'île de Sein, le 25 août, "j'en aurais pleuré !",confie-t-il.
Claude Bartolone, qui avoue être "rancunier", s'explique sur sa rupture en 2008 avec Laurent Fabius, dont il était le lieutenant, et à qui il n'a pas pardonné des mots très durs à son égard, et ressentis comme injustes, après un congrès du PS.
Le motif parait dérisoire, mais la blessure est encore à vif. "Je lui apportais tout ce que je pouvais (...) je m'efforçais de le connecter à la société réelle. En revanche pour moi, cela n'a pas été un accélérateur. Ce fut même plutôt l'inverse, cela m'a ralenti car chaque fois que je pouvais prétendre à une responsabilité, j'étais réduit à la fonction de "porte-flingue de Fabius"", dit-il.
Si Claude Bartolone considère toujours l'ancien Premier ministre comme "un des responsables politiques les plus brillants", il ajoute : "Cela ne suffit pas ! Si cela suffisait, nous aurions eu, lors de la dernière présidentielle, un face-à-face Juppé-Fabius".
Avec Ségolène Royal, le courant ne passe pas, Claude Bartolone n'ayant "jamais réussi à comprendre l'atmosphère quasi-mystique qui se dégageait autour d'elle" durant la campagne de 2007. Et maintenant, ajoute-t-il, "le risque existe toujours qu'elle retombe dans une logique très personnelle".
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