POLITIQUE - Son retour s'organise. Et plus vite qu'il ne le souhaitait il y a encore quelques semaines. Pour ses proches, Nicolas Sarkozy doit refaire rapidement surface sur la scène politique. La démission de Jean-François Copé de la présidence de l'UMP lui en donne l'occasion.
Une semaine après le départ du député-maire de Meaux, Brice Hortefeux le dit sans détour: "Le retour de Nicolas Sarkozy, qui était une possibilité, devient une nécessité.Je souhaite donc qu'il soit candidat à la présidence de l'UMP à l'automne. Nous avons besoin d'un chef, d'un projet et d'un cap", déclare l'ancien ministre de l'Intérieur, qui est son plus fidèle lieutenant, dans un entretien au Monde.
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Cela marquerait un retour dix ans en arrière pour Nicolas Sarkozy. C'est par la prise du parti, fin 2004, qu'il avait entamé son ascension vers l'Elysée. Brice Hortefeux fait donc le pari que son champion saura faire le même chemin d'ici à 2017.
Une porte s'est rouverte
Depuis que l'affaire Bygmalion a fait exploser l'UMP plusieurs proches de l'ex-président ont fait part de leur volonté de le voir revenir. Ainsi Christian Estrosi déclarait la semaine dernière que "c'est peut-être le moment pour lui, s'il a une envie de retour sur la scène politique, de pouvoir le faire". Nadine Morano disait également que "c'est le moment ou jamais pour revenir". "Nous sommes un certain nombre à avoir dit à l'ancien chef de l'Etat: le retour en politique active au quotidien doit évidemment être plus rapide que tu ne l'imaginais du fait de la situation du pays et de la situation générale de la droite", confirme le sénateur Roger Karoutchi.
Mais aucun ne l'a fait savoir avec autant de force que Brice Hortefeux dont on sait qu'il est le mieux placé pour distiller la parole de Nicolas Sarkozy. C'est lui que l'ancien président avait chargé la semaine passé de réagir aux accusations de l'avocat de Bygmalion. "Nicolas Sarkozy est très mécontent que son nom soit mêlé à cette affaire", avait-il déclaré sur RTL.
Aujourd'hui, il explique pourquoi l'ancien chef de l'Etat est, selon lui, le seul capable de redresser le parti et d'apporter des réponses aux Français. "Il est le seul dirigeant à avoir trouvé les mots, les gestes et les actes capables d'endiguer la progression du FN", expose Brice Hortefeux oubliant au passage qu'entre 2007 et 2012, le FN a nettement progressé. Il est passé de 3,8 millions de suffrages (10,4%) à 6,4 millions de suffrages (17,9%).
Quelle attitude face à la primaire?
Nicolas Sarkozy se sent forcé d'accélérer son retour pour repasser à l'attaque alors que l'affaire Bygmalion pourrait finir par l'éclabousser. "C'est l'affaire des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy", a ainsi déclaré Patrick Maisonneuve, avocat de l'agence de communication. "Il va y avoir des perquisitions chez lui, les juges vont le confronter aux protagonistes de l'affaire. Qui mieux que lui peut se défendre?", demande un proche.
L'ancien président espère aussi prendre de vitesse ces rivaux au sein du parti qui lui ont mis la pression. A commencer par François Fillon et Alain Juppé qui ont écarté Jean-François Copé et pris la tête du parti jusqu'au congrès de l'automne, avec Jean-Pierre Raffarin. Un triumvirat dont la légitimité a déjà été contestée par des fidèles de Nicolas Sarkozy. Le maire de Bordeaux aimerait imposer dans les statuts que le prochain président de l'UMP ne soit pas candidat à la primaire pour 2017.
"J'y suis totalement opposé. Pourquoi celui qui aurait la responsabilité de notre famille n'aurait pas le droit de nous conduire à la présidentielle?", répond Brice Hortefeux qui souhaite aussi éviter l'organisation de la primaire. "Elle est utile lorsqu'il y a une incertitude. Elle devient inutile lorsqu'un choix s'impose naturellement car elle encourage des combats stériles", dit-il. Le duel à distance ne fait que commencer.
Pas encore de candidat déclaré pour l'UMP
Et ce ne sera pas le seul affrontement car Nicolas Sarkozy devra compter avec les quadras de son parti. Sentant eux aussi qu'une opportunité a surgi, ils aimeraient tourner la page du précédent quinquennat et s'installer vraiment dans le paysage.
"Nous devons installer le renouveau à la tête de l'UMP en octobre", estime ainsi Bruno Le Maire, écartant de fait un retour de Nicolas Sarkozy. Xavier Bertrand est encore plus radical: "Tous ceux qui de près ou de loin sont concernés par cette campagne des élections présidentielles de 2012 doivent rester à l'écart, dans l'intérêt du mouvement", a déclaré le candidat déclaré à la primaire pour 2017, ciblant directement l'ex-président.
Pour l'heure, aucune personnalité n'a fait acte de candidature pour le prochain congrès. Xavier Bertrand pousse François Baroin mais celui-ci a décliné. Guillaume Peltier, leader de la droite forte est tenté d'y aller mais il a seulement confirmé pour l'instant la présentation d'une motion. Idem pour le député Gérald Darmanin, qui présentera un texte "pour le renouveau".